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Une famille d'extensions $(k_i\bo k)_{i∈I}$ +est dite \emph{linéairement disjointe} \index{extensions linéairement disjointes} +si le produit tensoriel infini $⨂_{i∈I,\,\bo k} k_i$, +défini en \refext{Tens}{produit tensoriel infini} est un anneau intègre. S'il en est ainsi, on appelle \emph{extension composée générique} +\index{extension composée générique} de cette famille d'extensions +le corps des fractions de l'anneau $⨂_{i,\,\bo k} k_i$, noté +$\bigodot_{i,\,\bo k} \, k_i$, ou simplement +$\bigodot_i\,k_i$ si cela ne prête pas à confusion. +\end{définition2} + +On dit aussi que les extensions $k_i\bo k$, $i∈I$, sont \emph{linéairement disjointes}. + +\subsubsection{}\label{generalite-compose-generique}Soient $k$ un corps et $(k_i\bo k)_{i∈I}$ une famille d'extension. Pour tout +sous-ensemble \emph{fini} $J$ de $I$, notons $A_J$ le produit tensoriel $⨂_{j∈J,\, \bo k} +k_j$. Pour $J⊆J'$, les morphismes de $k$-algèbres $π_{J,J'}:A_J→A_{J'}$, $⨂_{j∈J} +λ_j↦⨂_{j∈J}λ_j⊗⨂_{j'∈J'\setminus J} 1$, +font des $A_J$ un \emph{système inductif}, indicé par l'ensemble ordonné filtrant (à +droite) des parties finies de $I$, dont on rappelle que $A:=⨂_{i∈I,\,\bo k} k_i$ +est la colimite (cf. \ref{definition ou proposition produit tensoriel infini}). + +Puisque $k$ est un corps, les $k_i$ sont fidèlement plats sur $k$, de sorte que les +morphismes $π_{J,J'}$ sont \emph{injectifs} (\ref{fidele platitude}). +Une colimite filtrante d'injections est une injection (\ref{colimite filtrante mono=mono}) que, pour toute partie finie +$J$ de $I$, l'application canonique $s_J:A_J→A$, $⨂_j λ_j↦ (⨂_j λ_j)⊗⨂_{i∉J} 1$ +est \emph{injective}. (C'est également vrai pour un sous-ensemble quelconque $J$.) +En d'autres termes, $A$ est la \emph{réunion} des sous-$k$-algèbres $A_J$ ($J⊆I$, fini), +identifiées à leurs images dans $A$ par les applications $s_J$. +Puisque chaque $A_J$ est engendré, en tant que $k$-algèbre, par les images de +$k_j=A_{\{j\}}$ pour $j∈J$, il en résulte que, si $A$ est intègre, son corps des fractions $\bigodot_{i,\,\bo k} \, k_i$ +est engendré, en tant qu'\emph{extension} de $k$, par les (images des) $k_i$. C'est aussi +la réunion filtrante des corps des fractions des anneaux intègres $\Frac(A_J)$ ($J⊆I$ fini). + +Remarquons que si $I=\{1,2\}$ est un ensemble à deux éléments et les extensions $k₁\bo k$, $k₂\bo k$ sont +linéairement disjointes sur $k$, l'extension composée générique $\bigodot_{i∈\{1,2\},\, +k}\,k_i$ (munie des inclusions naturelles) est une extension composée de $k₁$ et $k₂$ sur $k$ au sens de +\ref{extension-composee}. + +Le terme « générique » fait référence au fait que le corps +des fractions d'un anneau intègre $A$ n'est autre que le corps résiduel +de son localisé en son idéal premier $(0)$, appelé « point générique » de $\Spec(A)$. +(Comparer avec \ref{existence-extension-composee}.) + + +\begin{lemme2}\label{tens-infini-entier-et-plat} +Soient $k$, $(k_i\bo k)_{i∈I}$ et $A$ comme ci-dessus. +Considérons une famille $(K_i\bo k_i)_{i∈I}$ d'extensions, +et $B$ le produit tensoriel infini $⨂_{i∈I,\,\bo k}\,K_i$, muni de sa structure de +$A$-algèbre évidente. Notons ${K_i}_{A}$ la $A$-algèbre déduite de $K_i$ +par le changement de base $k_i→A$. +\begin{enumerate} +\item Le morphisme $A→B$ est \emph{plat} ; il est \emph{entier} si les extensions +$K_i\bo k_i$ sont \emph{algébriques}. +\item Le morphisme $⨂_{i∈I,\,\bo k}\,K_i→⨂_{i∈I,\,\bo A}\,{K_i}_A$ +déduit des inclusions $k$-linéaires $K_i→{K_i}_A$ est un +\emph{isomorphisme}. +\end{enumerate} +\end{lemme2} + +\begin{démo} +(i) Pour toute partie finie $J⊆I$, l'anneau $B_J$ est plat sur $A_J$ : +cela résulte de \ref{produit-tensoriel-plats}. Comme une colimite de morphismes plats +est plat, cf. \ref{colimite de plats}, on a le résultat souhaité. Le fait que +$A→B$ soit entier se démontre de même en utilisant \refext{Ent}{produit-tensoriel-d-entiers} +et la proposition \ref{union-entiers=entier} ci-dessous. + +(ii) Cela résulte de \ref{chapitre produit tensoriel}. +\end{démo} + + \begin{proposition}\label{union-entiers=entier} +Soient $A$ un anneau, $(A_i)_{i∈I}$ une famille de sous-anneaux telle que +$A=⋃_{i∈I} A_i$ et $B$ une $A$-algèbre telle que $B=⋃_{i∈I}B_i$ +où chaque $B_i$ est une sous-$A_i$-algèbre \emph{entière} de $B$. +Alors, $B$ est entier sur $A$. Plus généralement, si $(A_i,π_{ij})_{i∈I}$ et +$(B_i,π'_{ij})_{i∈I}$ sont des systèmes inductifs d'anneaux, et $(f_i)_{i∈I}$ est un +morphisme entre ces deux systèmes tel que chaque $f_i$ soit \emph{entier}, le +morphisme $f=\colim_{i∈I} f_i:\colim_{i∈I} A_i→ \colim_{i∈I} B_i$ qui s'en déduit est également +entier. +\end{proposition} + +Observons que ce résultat généralise \refext{Ent}{pdt-tens-entiers}. + +\XXX La démonstration ci-dessous est moche. + +\begin{démo} +Cas particulier où $(A_i)_{i∈I}$ est le système inductif constant de valeur $A$ +et $B=A[(B_i)_{i∈I}]$, où chaque $B_i$ est une sous-$A$-algèbre de $B$. +Soit $b∈B$. Il existe une partie finie $I(b)⊆I$ telle que +$b∈A[(B_j)_{j∈I(b)}]$. Puisque $A[(B_j)_{j∈I(b)}]$ est un quotient de la +$A$-algèbre entière $⨂_{j∈I(b)} B_j$ (\ref{pdt-tens-entiers}), c'est une algèbre +entière sur $A$. + +Réduction au cas particulier où le système inductif $(A_i)$ est constant. +Pour chaque indice $i$, les deux morphismes $A→B$ et $B_i→B$ induisent, par propriété universelle +du produit tensoriel, un morphisme de $A$-algèbres $B'_i=B_i⊗_{A_i} A→B$. +Chaque $B'_i$ est entière sur $A$ (cf. \ref{cb-entier}). D'autre part, +le morphisme canonique de $A$-algèbres +$\colim_{\Ann} B_i→\colim_{\textrm{$A$-$\Alg$}} B'_i$ est un isomorphisme. Il suffit +en effet de vérifier que pour toute $A$-algèbre $T$, l'application ensembliste +$c:\Hom_A(\colim_{\Ann} +B_i,T)=\prlim\Hom_{A_i}(B_i,T)←\Hom_A(\colim_{\textrm{$A$-$\Alg$}} +B'_i,T)=\prlim \Hom_A(B'_i,T)$ qui s'en déduit est une bijection. Définissons l'application +inverse. Soit $φ=(φ_i)$ un système compatible +de morphismes de $A_i$-algèbres $B_i→T$ et notons $φ'=(φ'_i)$ la famille +des morphismes $B'_i=B_i⊗_{A_i} A→T$ qui s'en déduisent. C'est un système compatible +et l'application $φ↦φ'$, $\Hom_A(\colim B_i,T)→\Hom_A(\colim_A B'_i,T)$, ainsi définie est l'inverse de +l'application $c$. + +Réduction au cas particulier où le système inductif $A_i$ est constant et où +$B=A[(B_i)_{i∈I}]$. D'après ce qui précède, on peut supposer $A_i$ constant de valeur $A$. +Soit $\gtilde{B_i}⊆B$ l'image du morphisme $B_i→B=\colim_{j∈I} B_j$ et montrons +que l'injection $B'=A[(\gtilde{B_i})_{i∈I}]↪B$ est un isomorphisme. +Pour tout $i$, $B'$ reçoit naturellement $B_i$ de sorte que l'on peut définir, +par propriété universelle de la colimite, un morphisme $B→B'$ de $A$-algèbres. +Comme le morphisme composé $B_i→B'→B$ est le morphisme canonique $B_i→B$, le +composé $B→B'→B$ est l'identité. Le morphisme $B'→B$ est donc surjectif. CQFD. +\end{démo} + +\begin{lemme2}\label{sorites-compose-generique} +\begin{enumerate} +\item Une famille d'extensions est linéairement disjointe \ssi toute +sous-famille finie est linéairement disjointe. +\item L'extension composée générique d'une famille d'extensions linéairement disjointes +est la réunion filtrante des extensions composées génériques de ses sous-familles finies. +\item Soient $k$ un corps et $(k_i\bo k)_{i∈I}$, $(k'_i\bo k_i)_{i∈I}$ deux familles +d'extensions. Si les $(k'_i\bo k)_{i∈I}$ sont linéairement disjointes, il en est de même +des sous-extensions $(k_i\bo k)_{i∈I}$. +\end{enumerate} +\end{lemme2} + +Le (i) affirme que la propriété d'être linéairement disjointes est de « caractère fini ». + +\begin{démo} +(i) La condition est évidemment nécessaire : un sous-anneau d'un anneau intègre est +intègre. Elle est suffisante car une réunion filtrante d'anneaux intègres est intègre. +(ii) Cf. \ref{generalite-compose-generique}. (iii) Pour toute partie finie $J⊆I$, +le morphisme canonique $A_J=⨂_{j∈J,\,\bo k}\, k_j→A'_J=⨂_{j∈J,\,\bo k}\, k'_j$ est +injectif par platitude. Il en résulte que le morphisme colimite $A=⨂_i\,k_i→A'=⨂_i\, k'_i$ +est également injectif. Si $A'$ est intègre, $A$ l'est aussi. +\end{démo} + +\begin{lemme2}\label{produit-tens-infini=corps} +Soient $k$ un corps et $(k_i\bo k)_{i∈I}$ une famille d'extensions \emph{algébriques}. +Elle est linéairement disjointe \ssi le produit tensoriel +$⨂_{i∈I,\,\bo k}\, k_i$ est un \emph{corps}. +\end{lemme2} + +\begin{démo} +La condition est évidemment suffisante. +Réciproquement, si les $k_i\bo k$ sont algébriques, chaque produit +tensoriel \emph{fini} $A_J=⨂_{j∈J}\,k_j$ est entier sur $k$ (cf. \ref{pdt-tens-entiers}). +D'autre part, $A:=⨂_i\, k_i$ est la réunion des $k$-algèbres entières $A_J$ donc +est entier sur $k$ (\ref{union-entiers=entier}). +La conclusion résulte du fait qu'un anneau \emph{intègre} entier sur un corps est +un corps (\ref{entier-integre=corps}). +\end{démo} + + +\begin{corollaire2}\label{stabilite-compose-generique} +Soient $k$ un corps et $(k_i\bo k)_{i∈I}$ une famille linéairement disjointe +d'extensions. Si chaque extension $k_i\bo k$ est normale (resp. algébrique séparable, +resp. galoisienne), l'extension composée générique $\bigodot_i\,k_i\,\bo k$ est normale (resp. séparable, +resp. galoisienne). +\end{corollaire2} + +\begin{démo} +Puisqu'une réunion filtrante d'extensions normales (resp. algébrique séparable, +resp. galoisienne) est normale (resp. algébrique séparable, resp. galoisienne), on peut +supposer $I$ fini, et finalement $\# I=2$, auquel cas cela résulte +de \ref{cb-extension-normale} (pour la normalité) et de \ref{corollaire-compose-etale} (pour la séparabilité). +\end{démo} + +Avant de donner l'exemple particulièrement important des extensions +transcendantes pures, voici un critère utile. + +\begin{lemme2} +Soient $k$ un corps, et $(A_i)_{i∈I}$ une famille de $k$-algèbres intègres telle +le produit tensoriel infini $⨂_{i∈I,\,\bo k}\, A_i$ soit intègre. Alors, les +extensions $\Frac(A_i)\bo k$ sont linéairement disjointes. +\end{lemme2} + +\begin{démo} +Puisque les applications $A_J→A$ ($J⊆I$) sont injectives (par platitude), +la propriété d'être intègre « passe à la sous-famille ». +On peut donc supposer $I$ fini, auquel cas cela résulte du fait que $⨂_i\, K_i$ +est un \emph{localisé} de l'anneau intègre $⨂_i\,A_i$ (cf. \ref{produit +tensoriel et localisation}). +\end{démo} + +\begin{exemple2}\label{transcendantes-pures=lin-disjointes} +Soient $k$ un corps, $I$ un ensemble et $(A_i)_{i∈I}$ une famille d'ensembles. +Les extensions $k(X_α,\,α∈A_i)\bo k$ sont linéairement disjointes. +\end{exemple2} + +D'après le critère précédent, il suffit en effet de vérifier que le produit +tensoriel $⨂_{i∈I} k[X_α, \,α∈A_i]$ est intègre. +dans le cas particulier où $I$ est fini. +Ceci résulte de l'existence d'un isomorphisme (donné par le produit des polynômes) +$⨂_{i∈I} k[X_α, \,α∈A_i]\iso k[X_α,\,α∈\coprod_{i∈I} A_i]$ (\ref{produit +tensoriel d'anneaux de polynômes}). +(On vérifie sans peine que l'application produit induit un isomorphisme même si $I$ +est infini.) + +\begin{remarque2} +On montrera plus tard (\ref{}) que les extensions $𝐐(ζ_{p^∞})\bo 𝐐$, pour $p$ premier, sont linéairement disjointes. +\end{remarque2} + +\begin{théorème2}\label{Gal-prod-tens-infini=produit-infini} +Soient $k$ un corps, et $I$ un ensemble d'indices. +Considérons une famille d'extensions $(L_i\bo k)_{i∈I}$ \emph{linéairement disjointes} et, +pour chaque $i$, une sous-$k$-extension $K_i$ de $L_i$ telle que +$L_i\bo K_i$ soit galoisienne, de groupe noté $G_i$. +Notons $L=\bigodot_{i∈I,\,\bo k}\, L_i$ et $K=\bigodot_{i∈I,\,\bo k}\, +K_i$ (cf. \ref{sorites-compose-generique} (iii)). +Alors, l'extension $L\bo K$ est \emph{galoisienne} et le morphisme $∏_i G_i→G_{L\bo K}$, +déduit de l'application $∏_i G_i→\Aut_k(⨂_i L_i)$, $(g_i)_{i∈I}↦\big(⨂_i x_i↦⨂_i g_i(x_i)\big)$ par passage au +corps des fractions, est un isomorphisme, d'image inverse l'application +produit des morphismes de restriction $G_{L\bo K}→∏_i G_{L_i\bo K_i}$. +\end{théorème2} + +En d'autres termes, le foncteur $\Gal$ transforme $\bigodot$ en produit. + +Commençons par énoncer et démontrer le corollaire suivant +(obtenu en posant $K_i=k$ pour tout $i$), +qui généralise l'énoncé \ref{fonctorialite-finie-galois} (iii) au cas +d'un nombre éventuellement infini d'extensions de corps. + +\begin{corollaire2} +Soient $K$ un corps et $(L_i\bo K)_{i∈I}$ une famille \emph{linéairement +disjointe} d'extensions galoisiennes. Notons $L$ le \emph{corps} +$⨂_{i∈I,\, \bo K}\, L_i$ (cf. \ref{produit-tens-infini=corps}). L'extension $L \bo K$ est galoisienne et +le morphisme canonique $δ:∏_i G_{L_i \bo K}→G_{L\bo K}$, +$(g_i)_{i∈I}↦\big(⨂_i x_i↦⨂_i g_i(x_i)\big)$ est un isomorphisme, +d'image inverse l'application $ρ:G_{L\bo K}→∏_i G_{L_i\bo K}$, produit des morphismes de +restriction $G_{L\bo K}→G_{L_i\bo K}$. +\end{corollaire2} + +\begin{démo}[Démonstration du corollaire] +D'après \ref{stabilite-compose-generique}, l'extension $L\bo K$ est galoisienne. +Notons $G$ le produit $∏_i G_{L_i\bo K}$. +Il est évident que le composé $ρ∘δ$ est l'identité car le plongement $L_i↪L$ est donné par +l'application $λ_i↦λ_i⊗⨂_{j≠i} 1$. Il en résulte que $δ$ est injectif et $ρ$ surjectif. +D'autre part, puisque $L$ est engendré sur $K$ par ses sous-corps $L_i$, +l'application $ρ$ est nécessairement injective donc bijective. CQFD. +\end{démo} + +\begin{démo}[Démonstration du théorème] +Soient $A=⨂_{i∈I,\,\bo k}\,K_i$ et $B=⨂_{i∈I,\,\bo k}\,L_i$, +de corps des fractions respectifs $K$ et $L$. +On a vu en \ref{} que le morphisme canonique $B→⨂_{i,\,\bo A}\,{L_i}_A$ +est un isomorphisme. D'autre part, le morphisme $A→B$ étant plat et entier +(\emph{loc. cit.}), il résulte du lemme \ref{frac-preserve-integrite} ci-dessous +que l'application canonique $B_K→L$ est un isomorphisme. +En conséquence, $L$ est $K$-isomorphe au produit tensoriel +$\big(⨂_{i,\,\bo A}\,{L_i}_A\big)⊗_A K$, lui-même $K$-isomorphe au produit +tensoriel infini +$$ +⨂_{i,\,\bo K}\,{L_i}_K. +$$ +Il en résulte d'une part que chaque ${L_i}_K=L_i⊗_{K_i} K$ est un corps +(car intègre --- c'est un facteur d'un produit tensoriel intègre --- et entier sur $K$) +et que ces $K$-extensions sont +linéairement disjointes. D'après \ref{premier-exemple-extensions-lineairement-disjointes} +et \ref{fonctorialite-finie-galois} (iii), l'extension ${L_i}_K\bo K$ est galoisienne de groupe $\Gal(L_i\bo K_i)$ +de sorte que le cas particulier démontré dans le corollaire +nous donne un isomorphisme $G_{L\bo K}→∏G_{L_i\bo K_i}$, dont on vérifie +sans peine que c'est celui de l'énoncé du théorème. +\end{démo} + +\begin{lemme3}\label{frac-preserve-integrite} +Soient $A$ un anneau intègre de corps des fractions $K$ et $B$ une $A$-algèbre +intègre. +\begin{enumerate} +\item L'anneau $B_K=B⊗_A K$ est intègre. +\item Si $A→B$ est entier et plat, l'application canonique $B→B_K$ est l'inclusion de +$B$ dans son corps des fractions. +\end{enumerate} +\end{lemme3} + +\begin{démo} +(i) Cf. \ref{corollaire localisation}. +(ii) La $K$-algèbre $B_K$ est intègre d'après (i) et entière sur $K$ +(\ref{cb-entier}) ; c'est donc un corps (\ref{entier-integre=corps}). +Considérons la suite exacte de $A$-modules +$$ +0→A→K→K/A→0. +$$ +Puisque $B$ est plat sur $A$ (\ref{generalite-compose-generique}) ; on obtient alors la suite exacte : +$$ +0→B→B_K→(K/A)⊗_A B→0. +$$ + +En d'autres termes, l'application canonique $B→B_K$ est \emph{injective}, +et le $B$-module $B_K/B$ est isomorphe à $(K/A)⊗_A B$, de sorte +qu'il est de \emph{torsion} car $K/A$ l'est comme $A$-module. +(Rappelons qu'un module $M$ sur un anneau intègre $A$ est dit de torsion +si pour tout $m∈M$, il existe $a∈A$ non nul tel que $am=0$.) +Sous ces conditions, la flèche $B→B_K$ est bien l'application de passage au +corps des fractions. +\end{démo} + + +\begin{théorème2}\label{Leptin} +Tout groupe profini est groupe de Galois d'une extension. Plus précisément, pour +tout corps $k$, il existe une extension $K\bo k$ ainsi qu'une extension $L\bo K$ +galoisienne de groupe $G$. +\end{théorème2} + +\begin{démo} +Soient $G=\prlim_{i∈I} G_i$ et $k$ comme dans l'énoncé. +Puisque $G$ est naturellement un fermé du produit $∏_i G_i$, il résulte +immédiatement de la théorie de Galois infinie que l'on peut supposer $G=∏_i G_i$. +D'autre part, chaque $G_i$ est un sous-groupe d'un groupe symétrique $\got{S}_{n_i}$ (prendre +$n_i=\# G_i$) donc il suffit de démontrer le théorème pour un groupe +$G=∏_{i∈I} \got{S}_{n_i}$. Considérons $K_i=k(X_i,1≤i≤n_i)$ le corps +des fractions rationnelles en $n_i$ indéterminées et +$k_i=\Fix_{\got{S}_{n_i}}(K_i)$ (action par permutation des variables). +L'extension $K_i\bo k_i$ est galoisienne de groupe $\got{S}_{n_i}$ +(\ref{exemple-galois-equation-generique}). D'autre part, +d'après \ref{transcendantes-pures=lin-disjointes}, les extensions $K_i$ sont +linéairement disjointes sur $k$ de sorte que l'on peut appliquer +le théorème \ref{Gal-prod-tens-infini=produit-infini}. +\end{démo} + +On trouvera dans \cite{Fried-Jarden}, §1.4 une démonstration reposant sur l'analogue +profini du lemme d'Artin (\ref{lemme-Artin-profini}). + +Signalons également la + +\begin{conjecture2} +Tout groupe fini est groupe de Galois d'une extension finie de $𝐐$. +\end{conjecture2} + +Nous démontrerons plus tard des cas particuliers de cette conjecture +(cas des groupes abéliens (\ref{groupe-abelien=galois-sur-Q}), \XXX à +compléter). + + +\begin{exercice2} +Vérifier que $\bigodot_{i∈I,\,\bo k}\, k(X_α,α∈A_i)≃k(X_α,α∈\coprod_{i∈I} +A_i)$. +\end{exercice2} + + + + +\section{Théorème de Lüroth} + + + +\ifx\danslelivre\undefined +\bibliography{bibliographie-livre} +\bibliographystyle{style-bib-livre} +\end{document} +\fi |