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author | Fabrice (Darwin) <Fabrice.Orgogozo@gmail.com> | 2011-01-19 21:50:02 +0100 |
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[Spec] Idempotent indécomposable : conditions équivalentes
J'ai fait un effort pour que cela soit compact _et_
simple ; j'espère que c'est le cas. Suite du programme :
Si A est nœthérien, A est isomorphe à ∏_x ∈ π₀(A) A_x
où les A_x sont connexes.
Ce serait bien d'avoir des exercices sur ce qui se passe
dans le cas général.
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diff --git a/chapitres/spectre.tex b/chapitres/spectre.tex index 0d2e633..79f571b 100644 --- a/chapitres/spectre.tex +++ b/chapitres/spectre.tex @@ -408,13 +408,20 @@ $e∧e'=ee'$ (produit dans $A$) et $¬e=1-e$ (dans $A$). \end{exercice2} \begin{proposition2} +Le seul idempotent inversible d'un anneau est l'unité. +\end{proposition2} + +\begin{démo} +Si $e$ est un idempotent inversible d'un anneau, on a $e(1-e)=0$ d'où $1-e=0$. +\end{démo} + +\begin{proposition2} Toute algèbre de Boole intègre est isomorphe au corps $𝐅₂=𝐙/2$. \end{proposition2} \begin{démo} -Soit $B$ une telle algèbre. Pour chaque $x ∈ B$, -on a $x²=x$ d'où $x(1-x)=0$. Par intégrité, -on a $x=0$ ou $x=1$. CQFD. +Même argument : si $e$ est un élément d'une telle algèbre, +on a $e²=e$ d'où $e(1-e)=0$ et, par intégrité, $e=0$ ou $e=1$. \end{démo} \begin{corollaire2}\label{SpecBoole=HomF2} @@ -498,23 +505,23 @@ algèbres de Boole. Par passage au spectre, chaque morphisme $f:A → B$ induit (de façon contravariante) une application $π₀(f): π₀(B) → π₀(A)$. -\subsection{Fonctions sur un ensemble à valeurs dans un anneau ; l'algèbre de Boole des parties d'un ensemble}\label{algèbre Boole PX} +\subsection{Composantes connexes d'un produit}\label{algèbre Boole PX} \subsubsection{}\label{idempotents-produit} Soit $X$ un ensemble. On définit sur l'ensemble $𝔓(X)$ des parties de $X$ une structure d'anneau booléien en posant : $EF=E ∩ F$ et $E+F=(E ∩ 𝖢F) ∪ (F ∩ 𝖢E)$ (différence symétrique, aussi notée $E Δ F$). -Soit $A_x$, $x ∈ X$ une famille d'anneaux. L'anneau des +Soit $(A_x)_{x ∈ X}$ une famille d'anneaux. L'anneau des idempotents du produit $∏_{x ∈ X} A_x$ est naturellement -isomorphe au produit $∏_{x ∈ X} \Idem(A_x)$ : -$(a_x)_x$ est idempotent si et seulement +isomorphe au produit $A=∏_{x ∈ X} \Idem(A_x)$ : +$a=(a_x)_x$ est idempotent si et seulement chaque $a_x$ l'est. Si les $A_x$ sont connexes, c'est-à-dire -si $\Idem(A_x)=𝐅₂$, l'anneau $\Idem(∏_x A_x)$ est donc isomorphe +si $\Idem(A_x)=𝐅₂$ pour chaque $x$, l'anneau $\Idem(∏_x A_x)$ est donc isomorphe à l'anneau booléien $𝐅₂^X=\Hom(X,𝐅₂)$. Cet anneau est, à son tour, isomorphe à l'anneau $𝔓(X)$ : l'application $f ↦ f^{-1}(1)$ est un isomorphisme -d'anneau de Boole d'inverse envoyant un sous-ensemble $E$ +d'anneaux de Boole d'inverse envoyant un sous-ensemble $E$ de $X$ sur sa fonction caractéristique. \begin{proposition2}\label{SpecPX et ideaux-k-X} @@ -522,7 +529,11 @@ Soient $X$ un ensemble et $k$ un corps. \begin{enumerate} \item \begin{enumerate} \item Pour chaque $x ∈ X$, l'ensemble $𝔭_x=\{E ⊆X:x ∉ E\}$ est un idéal maximal de $𝔓(X)$. - \item Pour chaque $x ∈ X$, l'ensemble $𝔮_x=\{f ∈ k^X:f(x)=0\}$ est un idéal maximal de $k^X$. + \item Pour chaque $x ∈ X$, l'ensemble $𝔮_x=\{f ∈ k^X:f(x)=0\}$ + est un idéal maximal de $k^X$. Il est + \emph{principal}, engendré par l'élément $1-e_x$ où + $e_x$ est la fonction caractéristique du + singleton $\{x\}$. \end{enumerate} \item Supposons $X$ fini. \begin{enumerate} @@ -535,92 +546,103 @@ De plus, pour tout $E⊆X$ le morphisme de projection $k^X→k^E$ \end{enumerate} \end{proposition2} -\begin{corollaire2} -Soient $A$ un anneau connexe et $X$ un ensemble fini. -L'ensemble $π₀(A^X)$ des composantes connexes -de $A^X$ est naturellement en bijection avec l'ensemble $X$. -\end{corollaire2} - -\begin{démo}[Démonstration de la proposition] - (i)(a) Pour chaque $x$, l'image de $𝔭_x$ par $χ$ est le sous-ensemble de +\begin{démo} +(i)(a) Pour chaque $x$, l'image de $𝔭_x$ par $χ$ est le sous-ensemble de $𝐅₂^X$ des fonctions nulles en $x$. Il suffit donc de démontrer la proposition pour l'anneau $𝐅_2^X$ et, plus généralement, $k^X$ où $k$ est un corps. (Notons que $k^X$ n'est booléien que lorsque le corps $k$ est $𝐅₂$.) (b) Il est clair que $𝔮_x$ est un idéal de $k^X$, -maximal. (Notons d'ailleurs que l'application quotient $k^X ↠ k=k^X / 𝔮_x$ -n'est autre que le morphisme d'évaluation $\ev_x$ en $x$.) -(ii)(a) Il suffit de vérifier l'énoncé concernant $k^X$. Soit $𝔪$ un idéal maximal de -$k^X$ et supposons qu'il est différent de chacun des -idéaux maximaux $𝔮_x$. Il existe donc pour chaque $x ∈ X$, -un élément $f_x ∈ 𝔪$ tel que $f_x(x)$ soit non nul -(nécessairement égal à $1$). Quitte à multiplier -$f_x$ par la fonction $\frac{1}{f_x(x)} χ_{\{x\}}$, -on peut supposer que la fonction caractéristique -$χ_{\{x\}}$ du singleton appartient à $𝔪$. -Si $X$ est fini, la somme $∑_{x ∈ X} χ_{\{x\}}$ a un sens -et est égale à l'unité de $k^X$. Elle appartient à $𝔪$ ; absurde. -(b) Soit $ℐ$ un idéal de $k^X$ et soit $E ⊆ X$ +maximal. Notons que l'application quotient $k^X ↠ k=k^X / 𝔮_x$ +n'est autre que le morphisme d'évaluation $\ev_x$ en $x$. L'égalité +$𝔮_x=k^X(1-e_x)$ est de vérification immédiate. +(ii)(a) Il suffit de vérifier l'énoncé concernant $k^X$, qui est un +cas particulier de (b). (b) Soit $ℐ$ un idéal de $k^X$ et soit $E ⊆ X$ l'ensemble l'annulation de $ℐ$, c'est-à-dire l'ensemble des $x∈X$ tels que $f(x)=0$ pour chaque $f$ dans $ℐ$. Par construction on a l'inclusion $ℐ⊆ℐ_{E}$. D'autre part, pour chaque -$x∉E$, il existe une fonction $f∈ℐ$ telle que $f(x)≠0$. Comme -ci-dessus, on constate que $χ_{\{x\}}$ appartient également à $ℐ$. -Ces fonctions caractéristiques (« Dirac ») engendrent, comme $k$-espace vectoriel, -l'idéal $ℐ_E$ de sorte que l'on a l'inclusion $ℐ_Y⊆ℐ$ et, finalement, l'égalité. +$x∉E$, il existe une fonction $f∈ℐ$ telle que $f(x)≠0$. +La fonction $e_x$ (« Dirac » en $x$) appartient également à $ℐ$, +comme on le constate en multipliant $f_x ∈ ℐ$ par l'élément +$\frac{1}{f_x(x)} e_x$ de $k^X$. +L'ensemble $X$ étant fini, ces fonctions caractéristiques engendrent +le $k$-espace vectoriel $ℐ_E$ de sorte que l'on a l'inclusion $ℐ_Y⊆ℐ$ et, finalement, l'égalité. Le dernier point est évident.\end{démo} \begin{remarque2} Lorsque $X$ est infini, on dispose d'une caractérisation -semblable des idéaux de $k^{(X)}$ (fonctions à support fini) ; +semblable à (ii)(b) des idéaux de $k^{(X)}$ (fonctions à support fini) ; les idéaux maximaux de $k^X$ sont quant à eux associés aux \emph{ultrafiltres} sur $X$. \XXX \end{remarque2} +\begin{corollaire2} +Soit $A=∏_{x ∈ X} A_x$ un produit \emph{fini} d'anneaux \emph{connexes}. +L'application $X → π₀(A)$, $x ↦ 𝔭_x=(1-e_x)\Idem(A)$ est une bijection, +où $e_x$ désigne l'idempotent de $A$ sont toutes les coordonnées +sont nulles sauf celle indicée par $x$, valant $1$. +\end{corollaire2} -\subsection{Idempotents et décomposition en produit} +\subsection{Décomposition en produit d'anneaux connexes} -\begin{lemme2} -Soit $A$ un anneau. -Pour tout idempotent $e∈A$, l'addition et la multiplication de $A$ induisent une -structure d'\emph{anneau} sur l'idéal $Ae$, dont l'identité est -$e$. L'application $A→Ae$, $a\mapsto ae$, est un morphisme surjectif d'anneaux. -\end{lemme2} +Dans ce paragraphe, on cherche à établir une réciproque au +corollaire précédent. + +\begin{proposition2} +Soient $A$ un anneau et $e$ un idempotent de $A$. +\begin{enumerate} + \item Le morphisme canonique $A → A/(1-e) × A/e$ est un isomorphisme. + \item L'application $A/(1-e) → Ae$, $x \mod (1-e) ↦ xe$ est un + isomorphisme d'anneaux si l'on munit $Ae$ de l'addition + et la multiplication déduites de $A$ par restriction. +\end{enumerate} +\end{proposition2} -Par la suite, les idéaux $Ae$ seront toujours munis -de la structure d'anneau induite. Notons que -l'inclusion $Ae ↪ A$ n'est \emph{pas} un morphisme d'anneaux +Notons que l'inclusion $Ae ⊆ A$ n'est \emph{pas} un morphisme d'anneaux lorsque $e ≠ 1$ ; elle induit cependant une injection -$\Idem(Ae) ↪ \Idem(A)$. +$\Idem(Ae) ⊆ \Idem(A)$. + +\begin{démo} +Le premier point résulte du lemme chinois (\ref{lemme +chinois}). Le second est trivial. +\end{démo} \begin{proposition2}\label{idempotent indécomposable} -Soient $A$ un anneau et $e$ un idempotent \emph{non nul}. +Soient $A$ un anneau et $e$ un idempotent Les conditions suivantes sont équivalentes : \begin{enumerate} + \item l'anneau $A/(1-e)$ est connexe ; + \item l'idéal engendré par $1-e$ dans $\Idem(A)$ est \emph{premier} ; \item l'anneau $Ae$ est connexe ; - \item l'idempotent $e$ est \emph{indécomposable}\index{idempotent décomposable} : - il n'existe pas d'idempotents non nuls $e₁,e₂$ tels - que $e=e₁+e₂$ et $e₁e₂=0$. + \item l'idempotent $e$ est non nul et s'il n'existe pas d'idempotents non nuls $e₁,e₂$ tels que $e=e₁+e₂$ et $e₁e₂=0$. \end{enumerate} \end{proposition2} Deux idempotents de produit nul sont dits \emph{orthogonaux}\index{idempotents orthogonaux}. +\begin{définition2} +Un idempotent $e$ d'un anneau $A$ est dit \emph{indécomposable}\index{idempotent décomposable} +s'il satisfait les conditions équivalentes de la proposition précédente. +\end{définition2} + \begin{démo} - (i) ⇒ (ii). Supposons $e$ somme de deux idempotents - orthogonaux. Multipliant l'égalité $e=e₁+e₂$ par $e₁$, on - obtient : $e₁e=e₁$. Ainsi, -$e₁$ appartient à $Ae$. Cet anneau étant connexe, les idempotents -de $Ae$ sont l'unité $e$ et $0$. (Ils sont distincts par hypothèse.) -Ainsi, $e₁=e$ ou $e₁=0$ c'est-à-dire $e₂=0$ ou $e₁=0$. CQFD. - (ii) ⇒ (i). Supposons $e$ indécomposable et montrons que - l'anneau $Ae$ est connexe. Soit $f$ un idempotent de $Ae$ - (donc de $A$). Les éléments $fe$ et $(1-f)e$ sont des idempotents - orthogonaux et on a l'égalité : $e=fe+(1-f)e$. Il en résulte - que $fe=0$ ou bien $(1-f)e=0$. Or, $fe=f$, comme on le - constate en multipliant $f ∈ Ae$ par $e$ à droite - ($(ae)e=ae²=ae$) de sorte que $f=0$ ou $f=e$. +(i) ⇔ (ii) La décomposition en produit $A = A/(1-e)A × A/eA$ +induit un isomorphisme $\Idem(A) = \Idem(A/(1-e)A)×\Idem(A/eA)$, +envoyant l'élément $1-e$ sur l'élément $(0,1)$ du produit. Le +quotient $\Idem(A)/(1-e)\Idem(A)$ est donc isomorphe à +$\Idem(A/(1-e)A)$. La conclusion résulte maintenant +de la définition de la connexité et de \ref{SpecBoole=HomF2}. +(i) ⇔ (iii) Les anneaux $Ae$ et $A/(1-e)A$ sont isomorphes. +(ii) ⇒ (iv) Supposons que $e$ se décompose dans $\Idem(A)$ en $e₁+e₂$. +Si $e₁$ et $e₂$ sont orthogonaux, on a $1-e=1-e₁-e₂=(1-e₁)(1-e₂)$. +Ainsi l'un des $e_i$ est égal à l'unité et l'autre, qui lui +est orthogonal, est nul. (iv) ⇒ (ii). Soit $f$ un idempotent de $Ae$, +donc de $A$. Les éléments $fe$ et $(1-f)e$ sont des idempotents +orthogonaux et on a l'égalité : $e=fe+(1-f)e$. Il résulte de +l'hypothèse que l'on a que $fe=0$ ou bien $(1-f)e=0$. Notons que +$fe=f$ : cela résulte du fait que $f$ appartient à $Ae$ et +de l'identité $(ae)e=ae²=ae$. Ainsi, $f=0$ ou $f=e$. CQFD. \end{démo} \begin{proposition2}\label{decomposition-idempotents-orthogonaux} |