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On en déduit, par théorie de Galois que +\item Toute extension finie $K/\RR$ est de degré une puissance de $2$.\\ +Le corps des nombres réels étant de caractéristique nulle, tout extension +est séparable ; il suffit de démontrer cet énoncé dans le cas particulier +où $K/\RR$ est une extension +galoisienne de groupe $G$, ce que nous supposons donc. +Soit $d=2^r m$ son degré, avec $r\geq 0$ et $m$ impair et $G_2$ un $2$-Sylow de $G$. +L'extension $K/K^{G_2}$ est galoisienne de groupe $G_2\leq G$, avec $\# G_2=2^r$, si bien +que $K^{G_2}/\RR$ est nécessairement de degré impair $m$. Finalement $m=1$ d'après le +point précédent. +\item Il n'existe pas d'extension de $K/\RR$ de degré $2^r$, $r>1$.\\ +On peut supposer l'extension galoisienne, de groupe noté $G$, car en vertu de ce qui précède, +sa clôture galoisienne est également de degré une puissance de $2$. +Soit $M\leq G$ un sous-groupe d'indice $2$ de $G$ (nécessairement distingué). +(L'existence d'un tel sous-groupe est bien connue et laissée en exercice.) +Ainsi, l'extension $K^M/\RR$ est galoisienne de groupe $\ZZ/2$, nécessairement +obtenue par l'extraction d'une racine carrée\footnote{ +En effet, si $x\in K^M-\RR$, $[\RR(x):\RR]=2$ donc il existe +des nombres réels $a,b$ tels que $x^2+ax+b=0$. Si $\Delta=a^2-4b$, il est évident +que $\RR(x)=\RR(\sqrt{\Delta})=\RR(\sqrt{\mathrm{sgn}(\Delta)})$.} +d'un nombre négatif donc isomorphe à $\CC/\RR$, +auquel nous l'identifierons. +Par hypothèse $r>1$ donc $\CC\subsetneq K$. L'extension $K/\CC$ étant de degré une puissance +non triviale de $2$, on voit comme précédemment que $\CC$ possède alors une +extension de degré $2$, obtenue par extraction d'une racine. Or, on vérifie +facilement explicitement que tout nombre complexe à une racine carrée dans $\CC$. +Contradiction. +\end{enumerate} + + +\subsection{Longueur maximale d'une chaîne de sous-extensions}\label{chaines}\ \\ +Soit $f\in \QQ[X]$ un polynôme irréductible de degré $d$, et soit +$X_f=\{\alpha_1,\dots,\alpha_d\}$ l'ensemble de ses racines dans une +clôture algébrique $\sur{\QQ}$ de $\QQ$. +Notons $G_f$ le groupe de Galois de $\QQ(\alpha_1,\dots,\alpha_d)/\QQ$. +Ce groupe agit par permutation sur les racines, d'où un morphisme +canonique $G_f\ra \got{S}_{X_f}$. \emph{Supposons que c'est un isomorphisme.} +(Nous verrons plus tard que c'est \emph{en général} le cas ; +cf. \ref{groupe galois générique} [À rédiger : +Bourbaki, Algèbre, exercice chap. V, §12, №13].) + +\begin{itemize} +\item Quel est le nombre de sous-corps distincts de $\QQ(X_f)$ ?\\ +Il résulte de la théorie de Galois que ce nombre coïncide avec +le nombre de sous-groupes de $\got{S}_X$. +Ses valeurs sont, pour $d=1,\dots,7$ égales à +$$ +1,2,6,30,156,1455,11300,\dots +$$ +Ainsi, si l'on prend par exemple un polynôme de degré $5$ de groupe de Galois $\got{S}_5$, +le graphe des sous-corps de son corps de décomposition comporte $156$ sommets. Les arêtes +de ce graphe correspondent par définition aux inclusions de corps. +Les valeurs pour $d=\{8,9,10\}$ sont disponibles par exemple sur l'encyclopédie +les suites entières\footnote{En ce début de \textsc{xxi}-ième siècle, +on peut la trouver à l'adresse +\texttt{http://www.research.att.com/~njas/sequences/indexfrench.html}.} +(entrée \texttt{A005432}, anciennement \texttt{M1690}). + +\item Quelle est la longueur maximale d'une chaîne de sous-corps ? \\ +Il s'agit donc ici de trouver la longueur maximale d'une chaîne de sous-groupes +de $\got{S}_n$. Les premières valeurs de cette suite sont : + +$$ +1,2,3,5,6,7,8,11,12,13,14,16,17. +$$ +C'est la suite \texttt{A007238} (anciennement \texttt{M0945}) de \textit{loc. cit.} + +\item Quel est le nombre de sous-extensions de $\QQ(\alpha)$ pour +$\alpha$ une racine quelconque de $f$ ? +Comme le sous-corps $\QQ(\alpha)$ de $\QQ(X_f)$ correspond au fixateur +de $\alpha$ dans $G_f=\got{S}_{X_f}$, il s'agit de compter les sous-groupes +de $\got{S}_{X_f}$ qui contiennent $\mathrm{Stab}(\alpha)\iso \got{S}_{X_f-\alpha}$. +Seulement deux possibilités se présentent : un tel groupe est soit le plus +grand possible soit le plus petit possible. Ainsi, pour $\alpha$ comme plus haut +(ce qui est \emph{généralement} le cas), $\QQ(\alpha)$ ne possède pas de sous-extension +non triviale. (C'est bien entendu évident, sans hypothèse sur le groupe +de Galois si $f$ est de degré premier.) +\end{itemize} + + +\section{Quelques exemples} + +\subsection{Équations de degré $2$} +Une équation $K/k$ de degré $2$ est nécessairement monogène, même si elle n'est pas +séparable. Elle est donc isomorphe à $k[X]/\big(X^2+a'X+b'\big)$ où $X^2+a'X+b'$ est +un polynôme irréductible (et en particulier $b'\neq 0$). +Si $\mathrm{car.}k\neq 2$, on obtient en écrivant $a'=2a$, +$$K\isononcan k[X]/\big(X^2-c\big),$$ où $c\in k-k^2$. Dans le cas général, la substitution +$\alpha\mapsto -\frac{a'}{b'}\alpha+1$ montre que +$$K\isononcan k[X]/\big(X^2-aX+1\big)$$ pour un $a\in k$. + +\subsection{Équations de groupe $\ZZ/3\ZZ$}\label{groupe Z/3} +On va voir que comme précédemment, ces équations sont, sans hypothèse +sur la caractéristique du corps, donnée par une équation universelle à un paramètre. +Comment trouver cette équation ? +(La réponse à cette question, donnée par la théorie de \emph{Kummer} (exposée plus bas, +\ref{Kummer}), +est plus simple mais fait des hypothèses essentielles sur le corps de base.) +Voici comment construire cette équation universelle. +Il est bien connu que le groupe cyclique $\ZZ/3$ se plonge dans $\mathrm{PGL}_2(\QQ)\iso +\Aut_{\QQ}(\QQ(t))$ (qui coïncident également avec le groupe des aux automorphismes +de la droite projective $\PP^1_{\QQ}$) : +$$ +1\in \ZZ/3 \leadsto \sigma:=\Big( t \mapsto \frac{1}{1-t} \Big). +$$ +On veut décrire l'extension $\QQ(t)/\QQ(t)^{\ZZ/3}$, galoisienne de groupe $\ZZ/3$. +Soit $a:=t+\sigma(t)+\sigma^2(t)\in \QQ(t)^{\ZZ/3}$. On calcule : +$$ +a=\frac{t^3-3t+1}{t^2-t} +$$ +donc $\QQ(a)=\QQ(t)^{\ZZ/3}$ (l'inclusion du terme de gauche étant évident \emph{a priori}). +On vérifie par le calcul que $t\sigma(t)\sigma^2(t)=-1$ et +$t\sigma(t)+t\sigma^2(t)+\sigma(t)\sigma^2(t)=a-3$ donc +$$ +\mathrm{Irr}_{\QQ(a)}(t)=X^3-ax^2+(a-3)X+1. +$$ + +Remarquons que si $\mathrm{car.}k=3$, cette équation +devient $Y^3-Y=-\frac{1}{a}$ via le changement de variable $Y=\frac{1}{1+X}$. +C'est une équation d'\emph{Artin-Schreier} (cf. \ref{Artin-Schreier}). + +\begin{prp2} Soient $k$ un corps et $K/k$ une extension galoisienne de groupe $\ZZ/3$. +Alors, il existe $a_K\in k$ tel que $$K\isononcan k[X]/\big(X^3-a_Kx^2+(a_K-3)X+1\big).$$ +\end{prp2} + + +\begin{proof} +Soient $K/k$ comme dans l'énoncé et $\sigma\in \ga(K/k)$ un générateur. +Choisissons $x_1\in K-k$ ; posons $x_2=\sigma(x_1)$ et $x_3=\sigma(x_2)=\sigma^2(x_1)$. +On cherche $y$, fonction rationnelle en les $x_i$ ($1\leq i \leq 3$) telle +que $\sigma(y)=\frac{1}{1-y}$. On vérifie immédiatement que +$y:=\frac{x_1-x_3}{x_1-x_2}$ répond à la question (bien entendu $x_1\neq x_2$). +Il résulte des calculs effectués plus haut que $y$ est racine d'une équation +du type attendu. Il nous faut cependant vérifier que $y\notin k$. +Si c'est le cas alors $y(1-y)=1$, équation qui n'a au plus que deux solutions. +Soit $1,\alpha,\beta$ une base de $K$ sur $k$ ; les quantités +$y(\alpha),y(\beta),y(\alpha+\beta)$ ne peuvent prendre deux fois la même valeur. +En effet, si par exemple +$$ +\frac{\alpha-\sigma^2(\alpha)}{\alpha-\sigma(\alpha)}=\mu\in k= +\frac{\beta-\sigma^2(\beta)}{\beta-\sigma(\beta)} +$$ +on en déduit immédiatement que les fonctions $\mathrm{Id},\sigma$ et $\sigma^2$ +sont linéairement dépendantes sur $k$. Ce n'est pas le cas (exercice ou +\ref{indépendance linéraire caractères} ci-dessous). +Cette démonstration a été communiquée à l'auteur par Hugues Randriambololona. +\end{proof} + +\begin{prp2}\label{indépendance linéraire caractères}\label{indep lineaire} +Soit $K/k$ une extension finie de groupe de Galois $G$. +Alors, les $g\in G$, vus comme éléments du $K$-espace vectoriel +$\End_k(K)$ sont $K$-linéairement indépendants. +\end{prp2} + +\begin{proof} +Il suffit de démontrer ce résultat après extension des scalaires +de $k$ à $K$. Pour chaque $g'\in G$, l'élément $g'\otimes_k K$ de $\End_K(K\otimes_k K)\iso +\End_K(\Hom_{\Ens}(G,K))$ +correspond, en vertu de \ref{auto décomposition}, aux translations +$$T_{g'} :(x_g)_{g\in G}\mapsto (x_{gg'})_{g\in G}.$$ +Celles-ci sont visiblement linéairement indépendantes : si $\sum \lambda_g T_g=0$, +alors $\sum \lambda_g T_g(e_1)=(\lambda_g)_{g\in G}=0$, +où $e_1$ est le Dirac en l'unité. +\end{proof} + +Plus généralement, si $H$ est un groupe et $K$ un corps, +les morphismes de groupes $H\ra K^{\times}$ sont $K$-linéairement indépendants +(exercice ou \ref{} [À rédiger]) : c'est l'« indépendance linéaire des caractères ». +On retrouve la proposition précédente en prenant $H=K^{\times}$. + +\subsection{Digression : discriminant}\label{discriminant} + +Soient $n\in \NN$ et +$\displaystyle \delta:=\prod_{1\leq i<j\leq n} \big(x_i-x_j\big)\in \ZZ[x_1,\dots,x_n]$. +On fait agir $\got{S}_n$ sur $\ZZ[x_1,\dots,x_n]$ par permutation des variables (cf. +\ref{fonctions symétriques}). +Pour chaque $\sigma\in \got{S}_n$, $\sigma\delta=\varepsilon(\sigma)\delta$, où +$\varepsilon(\sigma)\in \{\pm 1\}$. Ainsi, $\sigma\delta^2=\delta^2=:\Delta$, pour +tout $\sigma\in \got{S}_n$. Il en résulte que $\Delta$ est un polynôme +en les fonctions symétriques élémentaires $\sigma_1=\sum_1^n x_i,\dots,\sigma_n=\prod_1^n x_i$ ; +il est homogène de degré $n(n-1)$ en les variables. + +Pour $n=2$, $\Delta=(x_1-x_2)^2=x_1^2+x_2^2-2x_1x_2=(x_1+x_2)^2-4x_1x_2$ +donc $$\Delta=\sigma_1^2-4\sigma_2;$$ c'est le discriminant de l'équation +$T^2-\sigma_1T+\sigma_2$. \\ + +Pour $n=3$, on vérifie que +$$\Delta= +-27{\sigma_3}^{2}+18\sigma_1\sigma_2\sigma_3+ +{\sigma_1}^{2}{\sigma_2}^{2}-4{\sigma_1}^{3}\sigma_3-4{\sigma_2}^{3}, +$$ +qui se réduit à $-27{\sigma_3}^{2}-4{\sigma_2}^{3}$ si $\sigma_1=0$.\\ + + + +Enfin, pour $n=4$, si l'on en croit l'ordinateur, + +$$\begin{array}{l} +\Delta=-192{\sigma_3}{\sigma_1}{{\sigma_4}}^{2}+ +144{\sigma_2}{{\sigma_1}}^{2}{{\sigma_4}}^{2} +-4{{\sigma_2}}^{3}{{\sigma_1}}^{2}{\sigma_4} +-6{{\sigma_3}}^{2}{{\sigma_1}}^{2}{\sigma_4} +-80{\sigma_3}{\sigma_1}{{\sigma_2}}^{2}{\sigma_4} ++18{{\sigma_3}}^{3}{\sigma_1}{\sigma_2} +-27{{\sigma_1}}^{4}{{\sigma_4}}^{2} ++18{\sigma_3}{{\sigma_1}}^{3}{\sigma_2}{\sigma_4}\\ ++{{\sigma_2}}^{2}{{\sigma_3}}^{2}{{\sigma_1}}^{2} +-4{{\sigma_3}}^{3}{{\sigma_1}}^{3} ++16{{\sigma_2}}^{4}{\sigma_4} +-4{{\sigma_2}}^{3}{{\sigma_3}}^{2} +-128{{\sigma_2}}^{2}{{\sigma_4}}^{2} ++144{\sigma_4}{{\sigma_3}}^{2}{\sigma_2} +-27{{\sigma_3}}^{4} ++256{{\sigma_4}}^{3}. +\end{array} +$$ + +Pour $X^4+pX^2+qX+r$, on trouve $16p^4r-4p^3q^2-128p^2r^2+144pq^2r - 27q^4+256r^3$. + +Soient $k$ un corps et $f\in k[X]$ un polynôme de degré $n$. Soient $x_1,\dots,x_n$ +les racines de $f$ dans une clôture algébrique de $k$. Alors, il résulte +immédiatement de la définition que les racines de $f$ sont simples si et +seulement si +$\Delta(x_1,\dots,x_n)\neq 0$ ; cette dernière quantité s'exprime à l'aide des formules +ci-dessus en remplaçant les $\sigma_i$ ($1\leq i \leq n$) par +les coefficients $(a_i)_{1\leq i \leq n}$ dans $f=X^n-a_1X^{n-1}+\cdots+(-1)^n a_n$. + +\begin{prp2} +Soient $k$ un corps de caractéristique différente de $2$ et $f\in k[X]$ un +polynôme séparable irréductible de degré $d$. On suppose choisie un corps +de décomposition $K$ de $f$. Alors, le sous-groupe +$G_f$ de $\got{S}_{X_f}$ est contenu dans le groupe alterné $\got{A}_{X_f}$ +si et seulement si $\Delta_f$ est un carré dans $k$. +\end{prp2} + +\begin{proof} +Compte tenu de l'égalité $\sigma \delta = \varepsilon(\sigma)\delta$, +$\delta\in K$ est fixe sous l'action de $G_f$ si et seulement si $\varepsilon(\sigma)=1$ +pour tout $\sigma\in G_f$ (rappelons que par hypothèse, $1\neq -1$ dans $K$). +Donc $\delta\in k$ si et seulement si $G_f\subset \got{A}_{X_f}$. La conclusion +résulte de ce que par définition $\delta^2=\Delta$. +\end{proof} + +Par exemple, le discriminant de l'équation universelle de groupe $\ZZ/3\isononcan +\got{A}_3$ (\ref{groupe Z/3}) est $(a^2-3a+9)^2$. + +En caractéristique $2$, le même argument montre que $\Delta$ est toujours un carré. + + +\subsection{Équations de degré $3$ et $4$} + +\begin{dfn} +Soit $f$ un polynôme séparable (non nécessairement irréductible) à coefficient +dans un corps $k$. Notons $G_f$ le groupe de Galois d'un corps de décomposition de $f$ sur $k$ +et $X_f$ l'ensemble des racines de $f$ dans ce sur-corps. +\end{dfn} + +Remarquons que l'extension considérée est bien galoisienne. + +Avec ces notations, on a : + +\begin{prp}\label{transitif} +Si $f$ est irréductible, de degré $d$, alors $d$ divise le cardinal +du groupe $G_f$. +\end{prp} + +\begin{proof} +Comme $f$ est irréductible, $G_f\hra \got{S}_{X_f}$ agit transitivement (cf. +\ref{transitivité normale}). La conclusion en résulte. +\end{proof} + +Cela explique le rôle crucial tenu par les sous-groupes transitifs des groupes +des permutations. Nous verrons un exemple non trivial, utile à des fins calculatoires +plus bas (\ref{degré 5}). + +\begin{exms} +\begin{itemize} +\item Soit $P=X^3-3X+1\in \QQ[X]$. Ce polynôme est irréductible : il n'a pas de racine +rationnelle. Son discriminant vaut $81=9^2$ donc si $\alpha$ +est une racine de $P$ dans $\CC$, $\QQ(\alpha)/\QQ$ est galoisienne, +de groupe $\ZZ/3$. (Remarquons que cette équation s'obtient en substituant +$0$ à $a$ dans l'équation universelle ci-dessus. +\item Soit $\FF_2$ le corps fini à deux éléments. Toute extension finie +de ce corps est séparable (un corps fini est parfait) et normale donc galoisienne. +Par exemple, si $P=X^3+X+1\in \FF_2[X]$, $K=\FF_2[X]/P$ est un corps, +galoisien sur $\FF_2$. + +\item Soient $k$ un corps de caractéristique deux et $P=X^3+aX+b$ un polynôme irréductible +séparable sur $k$. Montrons que $G_P=\got{A}_3$ ssi l'équation +$$y^2+by+(a^3+b^2)$$ a une racine dans $k$. \\ + +Soient $x_1,x_2,x_3$ les racines de $P$ dans une clôture algébrique de $k$ +et introduisons +$$\alpha:=x_1 x_2^2+x_2 x_3^2+x_3 x_1^2$$ +(resp. $\beta=(12)\alpha=x_2 x_1^2 + x_1 x_3^2 + x_3 x_2^2$) +le $\got{A}_3$-symétrisé de l'expression $x_1 x_2^2$. Remarquons que le polynôme +définissant $\alpha$ n'est \emph{pas} $\got{S}_3$ invariant. + +Après quelques calculs (simplifiés par l'hypothèse sur la caractéristique de $k$) +on trouve que + +$$(Y-\alpha)(Y-\beta)=Y^2-x_1x_2(x_1+x_2)Y + (...) = Y^2-bY+(a^3+b^2).$$ + +Il est immédiat que si $G_P\subset \got{A}_3$, $\alpha\in k$ : l'expression +le définissant est $\got{A}_3$-invariante. Réciproquement, cette équation +en $Y$ a pour discriminant $b^2$, nécessairement non nul (car $P$ est irréductible +donc $b\neq 0$) ; il s'en suit que $\alpha\neq \beta$. Si $G_P\subsetneq \got{A}_3$, +il existe $g\leftrightarrow (12)$ dans le groupe de Galois tel que $g(\alpha)=\beta$. Cela entraîne +que $g\alpha\neq \alpha$ et $\alpha\notin k$. CQFD. +\end{itemize} +\end{exms} + +%SECTION FACULTATIVE PAGE 10 ZAPPÉE +%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%% + +\section{Équations de degré $4$}\label{degré 4} + +Nous discuterons plus loin les méthodes de calculs de racines. Notre propos +est ici de comprendre pour quelles valeurs de paramètres +$\mathbf{T}=(T_1,\dots,T_4)$ une équation $f=X^4-T_1X^3+T_2X^2-T_3X+T_4\in k[X]$, +pour un corps $k$ de caractéristique différente de deux, a pour groupe de galois +$\got{S}_4$. + +Pour des valeurs des paramètres telles que l'équation soit séparable, +le groupe de Galois est bien défini et est égal à $\got{S}_4$ ssi +(tautologiquement) il n'est contenu dans aucun sous-groupe maximal strict de +$\got{S}_4$. La proposition suivant en donne la courte liste. + +En plus grand degré $n>4$, il est d'ordinaire utile de remarquer que si +l'équation est séparable et irréductible, son groupe de Galois agit transitivement +sur les racines ; on peut donc se contenter de rechercher les sous-groupes +maximaux \emph{transitifs}\footnote{ +À conjugaison près, le nombre de sous-groupes +transitifs de $\got{S}_n$ est, pour $n\in [1,20]$ (d'après +l'ordinateur pour $n\geq 16$) +\begin{center} +\begin{tabular}{|*{21}{c|}} +\hline +$n$&1&2&3&4&5&6&7&8&9&10&11&12&13&14&15&16&17&18&19&20 \\ +\hline +nb. sous-groupes transitifs & 1&1&2&5&5&16&7&50&34&45&8&301&9&63&104&1954&10&983 +&8&1117\\ +\hline +\end{tabular} +\end{center}} +%$$ +%\begin{array}{*{31}{l}} +%1&2&3&4&5&6&7&8&9&10&11&12&13&14&15&16&17&18&19&20&21&22&23&24&25&26&27&28&29&30&31 \\ +%1&1&2&5&5&16&7&50&34&45&8&301&9&63&104&1954&10&983 +%&8&1117&164&59&7&25000&211&96&2392&1854&8&5712&12 +%\end{array} +%$$}}. + +\begin{prp} +Les sous-groupes maximaux de $\got{S}_4$ sont $\got{A}_4$, $\got{S}_3\isononcan +\mathrm{Stab}_x$ ($1\leq x \leq 4$) et les $2$-Sylow de $\got{S}_4$, +isomorphes au groupe diédral $D_4$. +\end{prp} + +\begin{proof} +Soit $G$ un sous-groupe maximal de $\got{S}_4$, d'ordre $d\in \{12,8,6,4,3,2,1\}$. +Traitons les cas un par un.\\ +$d=12$. Il s'agit d'un sous-groupe d'indice $2$ donc distingué ; c'est nécessairement +$\got{A}_4$, qui est maximal.\\ +$d=8$. C'est un $2$-Sylow ; ils sont tous conjugués et l'on remarque que pour chaque +numérotation des côtés d'un carré, le groupe $D_4$ des isométries du carré +est un sous-groupe de $\got{S}_4$, d'ordre $8$. Il est maximal car non +contenu dans $\got{A}_4$.\\ +$d=6$. Comme $4$ ne divise pas $d$, $G$ n'agit pas transitivement. Comme +$G\subsetneq \mathrm{Fix}_{x_1,x_2}\times \mathrm{Fix}_{x_3,x_4}\subset \got{S}_4$ +pour $\{x_1,x_2,x_3,x_4\}=[1,4]$ (sans quoi son cardinal diviserait $4$), +il est contenu dans, et même égal à, un fixateur $\mathrm{Fix}_x$ pour un $x\in [1,4]$.\\ +Un sous-groupe d'ordre $2$ ou $4$ est contenu dans un $2$-Sylow donc non maximal +et un sous-groupe d'ordre $3$, nécessairement engendré par un $3$-cycle +est contenu dans $\got{A}_4$ donc non maximal également. +\end{proof} + +Pour simplifier les notations du théorème suivant, on identifiera $\got{S}_{X_f}$ à $\got{S}_4$ +(par le choix d'une numérotation des racines) et l'on écrira $G_f\subset \got{S}_3$ +(resp. $G_f\subset D_4$) pour signifier que $G_f$ est contenu +dans un sous-groupe de $\got{S}_4$ isomorphe au terme de droite. + +\begin{thm}\label{S_4?} Soient $k$ un corps de caractéristique $\neq 2$ et +$f=X^4-t_1X^3+t_2X^2-t_3X+t_4\in k[X]$ +un polynôme séparable (non nécessairement irréductible) de degré $4$. +\begin{itemize} + +\item $G_f\subset \got{A}_4$ ssi $\Delta$ est un carré. +\item $G_f\subset \got{S}_3$ ssi $f$ a une racine dans $k$. +\item $G_f \subset D_4$ ssi l'un des éléments $x_1x_3+x_2 x_4$, $x_1 x_2 + x_3 x_4$ ou +$x_1 x_4 + x_2 x_3$ appartient à $k$. \\ +De façon équivalente, $G_f\subset D_4$ ssi le polynôme de $k[X]$ +{\small +$$ +\big(X-(x_1x_3+x_2 x_4)\big)\big(X-(x_1 x_2 + x_3 x_4)\big))\big(X-(x_1 x_4 + x_2 x_3)\big) +=X^3-t_2X^2+(t_1t_3-4t_4)X+(4t_2t_4-t_1^2t_4-t_3^2)$$} +a une racine dans $k$.\\ +De plus le discriminant de cette cubique est égal au discriminant de $f$, non nul. +\end{itemize} +\end{thm} + +La cubique précédente est appelée une \emph{résolvante}. + + +\begin{proof} +Le premier point n'est mis que pour mémoire. Le second est évident. +Passons au troisième point. +L'expansion de la cubique est un simple calcul ; l'égalité +des discriminants résulte de ce que +$$ +(x_1 x_2 + x_3 x_4)-(x_1x_3+x_2 x_4)=(x_1-x_4)(x_2-x_3). +$$ +%La nécessité de la condition est évidente : le polynôme $X_1X_3+X_2X_4$ +%est invariant par $D_4\isononcan\langle (1234),(12)(34)\rangle\subset \got{S}_4$. +Les expressions $\{ X_1X_3+X_2 X_4, X_1 X_2 + X_3 X_4,X_1 X_4 + X_2 X_3\}$ +forment une orbite sous l'action de $\got{S}_4$ sur $\ZZ[X_1,\dots,X_4]$, +les stabilisateurs des éléments étant précisément les groupes diédraux. +Plus précisément, par exemple pour des raisons de degrés, +$\QQ(X_1,\dots,X_4)^{D_4}=\QQ(X_1X_3+X_2X_4)$. Il en résulte que si $G_f$ n'est +pas contenu dans un $D_4$, il agit sans point fixe sur les racines +de la cubique. +\end{proof} + +Voyons une application immédiate : + +\subsection{Exemple : détermination du groupe de +Galois de $X^4-X+1\in \QQ[X]$} + +Il résulte des formules \ref{discriminant} que le discriminant de cette équation +est $256-27=229\neq 0$. Le polynôme est donc séparable (on ne sait +pas encore s'il est irréductible). Comme $229$ n'est pas un carré (c'est même un nombre +premier), le groupe de Galois $G$ de l'équation n'est pas contenu dans $\got{A}_4$. +Cette équation n'ayant pas de racine dans $\QQ$ (si c'était le cas, elle serait +entière mais $n(x^3-1)\neq -1$ pour tout entier $n\in \ZZ$), $G$ n'est pas contenu +dans un groupe $\got{S}_3$, stabilisateur d'une racine. Enfin, la cubique +du théorème se spécialise ici en $X^3-4X-1$ qui n'a pas non plus de racine. +Ainsi, d'après les deux résultats précédents, $X^4-X+1$ est irréductible +sur $\QQ$, de groupe de Galois $\got{S}_4$. + + +Nous encourageons le lecteur à choisir un polynôme +« au hasard » et à faire de même avec son polynôme. + + + +\subsection{Exercice (N. Bourbaki)} +Montrez qu'il existe une infinité de $a\in \ZZ$ tel que si $\alpha$ +est une racine de $f_a:=X^4-aX-1$, l'extension $\QQ(\alpha)/\QQ$ ne possède pas +de sous-extension non triviale. Comme remarqué en fin de \ref{chaines}, +il suffit de trouver de tels $a\in \ZZ$ tels que $G_{f_a}\isononcan\got{S}_4$. +%Indication : calculez la cubique résolvante. + +\section{Équations de degré $5$}\label{degré 5} + +On se propose de démontrer un analogue du théorème \ref{S_4?} pour de telles +équations. On procède de façon semblable. + +\begin{prp} +Les sous-groupes maximaux de $\got{S}_5$ sont $\got{A}_5$, +les stabilisateurs d'un point $\mathrm{Fix}_{x}\isononcan \got{S}_4$ +les produits de fixateurs $\mathrm{Fix}_{x_1,x_2,x_3}\times \mathrm{Fix}_{x_4,x_5} +\isononcan \got{S}_2\times \got{S}_3$ et les normalisateurs +d'un $5$-Sylow (d'indice $6$) de $\got{S}_5$. Ces derniers groupes sont +isomorphes au groupe des automorphismes de la droite affine sur $\FF_5$, +$\{x\mapsto ax+b\ (a,b)\in \FF_5^{\times}\times \FF_5\ : +\FF_5\ra \FF_5 \}\isononcan \FF_5 \rtimes \FF_5^{\times}$. Ils sont +d'indice $6$ dans $\got{S}_5$. +\end{prp} + +\begin{proof} +Soit $G$ un sous-groupe non trivial de $\got{S}_5$. Si l'action de $G$ n'est pas transitive, +soit il existe une orbite de cardinal $1$ et $G$ est contenu dans un $\got{S}_4$ +soit il existe une orbite de cardinal $2$ et $G$ est contenu dans un $\got{S}_2\times\got{S}_3$. +Ces deux groupes sont maximaux. + +Supposons donc l'action de $G$ transitive ; le cardinal du groupe est donc +divisible par $5$. Soit $n_5$ le nombre de $5$-Sylow (nécessairement +cycliques d'ordre $5$) de $G$. + +\begin{itemize} +\item Cas $n_5=1$. Comme $G$ normalise un $5$-Sylow de $\got{S}_5$, il contient +un normalisateur, noté $\mathrm{H}_{20}$. +Il reste à montrer qu'un tel groupe est maximal et isomorphe +au groupe affine sur $\FF_5$. Commençons par le premier point. Soit $\mathrm{H}_{20}\subsetneq +K \subsetneq \got{S}_5$ un sous-groupe. Comme $\mathrm{H}_{20}$ est d'indice $6$\footnote{ +Le nombre d'éléments d'ordre $5$ dans $\got{S}_5$ est $4!$ donc le nombre de $5$-Sylow +est $4!/4=6$.}, $K$ est d'indice $2$ ou $3$. S'il est d'indice $2$ c'est $\got{A}_5$ +mais $\mathrm{H}_{20}$ n'est pas contenu dans $\got{A}_5$ : $(1243)\notin \got{A}_5$ +et stabilise le $5$-Sylow $\langle (12345) \rangle$. Ainsi, $K$ est d'indice $3$. +Cela entraîne l'existence d'une action transitive $\got{S}_5\ra \got{S}_3$, +ce qui est impossible. En effet, l'identité +$(123)=(32145)(13254)$ montre que $\got{A}_5$, +engendré par les $3$-cycles, l'est également par les $5$-cycles. Le morphisme +précédent se factoriserait alors par $\got{S}_5/\got{A}_5\iso \ZZ/2$, +car l'image d'un $5$-cycle dans $\got{S}_3$ est nécessairement triviale, ce qui est absurde. + +Ainsi, les groupes $\mathrm{H}_{20}$ sont maximaux. Identifiant $\got{S}_5$ +à l'ensemble des permutations de $\FF_5$, on peut envoyer $\{x\mapsto ax+b : \FF_5\ra \FF_5\}$ +dans $\got{S}_5$. On vérifie immédiatement qu'il normalise le $5$-Sylow +$\langle (12345) \rangle$. + +\item Cas $n_5=6$. Sous cette hypothèse, $G$ contient tous les $5$-cycles +de $\got{S}_5$. On a vu plus haut que ceux-ci engendrent $\got{A}_5$. +Ainsi, $G$ contient $\got{A}_5$, qui est bien maximal dans $\got{S}_5$. +\end{itemize} +\end{proof} + +Un $5$-Sylow de $\got{S}_{\FF_5}$ étant donné, par exemple +$\langle (01234) \rangle$, notons $\mathrm{H}_{20}$ son normalisateur. +Il s'agit de l'ensemble des permutations $g\in \got{S}_{\FF_5}$ +tels que $g(01234)g^{-1}=(01234)^{i}$, $i\in \{1,2,3,4\}$. Géométriquement, +c'est l'ensemble des éléments de $\FF_5$ qui envoient le premier pentagone +ci-dessous sur un des quatre pentagones ci-dessous, éventuellement +tourné. +\begin{center} +\input{pentagones.pstex_t} +\end{center} +Le fait que $H_{20}$ soit isomorphe au groupe affine de la droite affine +sur $\FF_5$ est alors apparent. + +Soit +$$u=(x_0x_1+x_1x_2+x_2x_3+x_3x_4+x_4x_0)- +(x_0x_2+x_2x_4+x_4x_1+x_1x_3+x_3x_0),$$ +obtenu en sommant les produits correspondants aux arêtes du premier pentagone (traits +pleins) et en soustrayant les produits correspondants aux diagonales (traits +en pointillés). +Au signe près, on obtiendrait le même élément en considérant le deuxième pentagone. +Il en résulte que +cet élément de $\ZZ[x_1,\dots,x_5]$ est antisymétrique sous $\HH_{20}$, au sens +où $\sigma(u)=\varepsilon(\sigma)u$ pour tout $\sigma\in \HH_{20}$. +En effet, les translations de $\HH_{20}$ (vu comme groupe affine) agissent trivialement +et le générateur $2\in \FF_5^{\times}$ (correspondant à +$(1243)$ dans $\got{S}_{\FF_5}$) induit un changement de signe. +Ainsi +$$\alpha_1:=\frac{u}{\delta}$$ +($\delta=\prod_{i<j} (x_i-x_j)$) est invariant sous l'action de $\HH_{20}$ +et c'est même son stabilisateur. + +On est donc naturellement amené à considérer le polynôme +$$ +(X-\alpha_1)(X-\alpha_2)\cdots(X-\alpha_6)\in \ZZ[x_1,\dots,x_5][\delta^{-1}][X] +$$ +où les $\alpha_i$ ($1\leq i \leq 6$) forment l'orbite de $\alpha_1$ sous +$\got{S}_{\FF_5}$. Le groupe $\got{A}_{\FF_5}$ agit également transitivement sur ses racines, +par exemple parce que $\langle\got{A}_{\FF_5},H_{20}\rangle=\got{S}_{\FF_5}$. +Ce polynôme joue un rôle analogue à celui joué par la résolvante cubique (\ref{S_4?}). + +\begin{thm}\label{S_5?} Soit $k$ un corps de caractéristique $\neq 2$, +$f$ un polynôme unitaire irréductible séparable de $k[X]$. +Alors $G_f$ n'est ni contenu ni dans +un $\got{S}_4$ ni dans un $\got{S}_2\times \got{S}_3$, +et le groupe $G_f$ est contenu dans un $\mathrm{H}_{20}$ ssi +le polynôme précédent a une racine dans $k$. +\end{thm} + +\begin{proof} +Le premier point est évident, de même que le fait que +si $G\subset \HH_{20}$ (\cad \emph{un} tel groupe), alors la résolvante a +une racine (correspondant à $\alpha_1$ avec les notations ci-dessus). +Voyons la réciproque. Supposons l'une des racines $\alpha_1$ de la sextique dans $k$ et +$G_f$ contenu dans aucun $\HH_{20}$. Puisque $G_f$ agit transitivement +sur $X_f$, $5|\#G_f$. Si $n_5=1$, d'après la démonstration de la proposition +précédente, $G$ contient un $\HH_{20}$ (maximal) et est donc, puisqu'il ne lui +est pas égal, le groupe $\got{S}_5$ tout entier. +Si par contre $n_5=6$, $G$ contient $\got{A}_5$. Dans ces deux cas, +$\got{A}_5$ est contenu dans $G_f$. Comme le groupe $\got{A}_5$ +permute transitivement les racines $\alpha$, et qu'il est contenu +dans le groupe de Galois, les racines $\alpha$ sont tous égales (car $\alpha_1\in k$). +Nous allons voir que c'est impossible. +Comme $$\alpha_1=\delta^{-1}\big((x_1x_2+x_2x_3+x_3x_4+x_4x_5+x_5x_1)- +(x_1x_3+x_3x_5+x_5x_2+x_2x_4+x_4x_1)\big),$$ on a : +$$ +(12)\alpha_1=:\alpha_2=\delta^{-1}\big( (x_2x_3+x_3x_5+x_5x_1+x_1x_4+x_4x_2)- +(x_2x_1+x_1x_3+x_3x_4+x_4x_5+x_5x_2)\big). +$$ + + +L'égalité présumée $\alpha_1=\alpha_2$ se réécrit : + +$$ +x_1x_2+x_3x_4+x_4x_5=x_1x_4+x_2x_4+x_3x_5, +$$ + +et de même, en appliquant la transposition $(23)$ : + +$$ +x_1x_3+x_2x_4+x_4x_5=x_2x_5+x_4x_1+x_4x_3. +$$ + +En soustrayant ces deux égalités on obtient, +après avoir factorisé par le facteur évident $x_2-x_3$ (qui annule l'opération +$\mathrm{Id}-(23)$), + +$$ +(2x_4-x_1-x_5)(x_2-x_3)=0. +$$ + +Comme $f$ est supposé séparable, $2x_4=x_1+x_5$ ; par permutation +on a également $2x_3=x_1+x_5$ et finalement, comme la caractéristique +de $k$ est différente de $2$, $x_3=x_4$ : absurde ! + +\end{proof} + +Nous allons maintenant étudier les extensions cycliques d'ordre premier à la +caractéristique du corps. + |