\ifx\danslelivre\undefined \documentclass[9pt]{../configuration/smfart} \input{../configuration/commun} \input{../configuration/smf} \input{../configuration/adresse} \input{../configuration/gadgets} \input{../configuration/francais} \input{../configuration/numerotation} \input{../configuration/formules} \input{../configuration/encoredesmacros} \usepackage{stmaryrd} \usepackage{graphics} \usepackage[usenames,dvipsnames]{xcolor} %\usepackage{makeidx} \usepackage{tikz} \usetikzlibrary{matrix} \usepackage{srcltx} % pour passer du dvi au tex en cliquant %\usepackage{pxfonts} \textwidth13cm % pour pouvoir lire le nom des étiquettes si \usepackage{showkeys} \externaldocument{extensions-algebriques} % là où regarder \externaldocument{categories} \externaldocument{entiers} \externaldocument{KAS} %\makeindex \title{Extensions radicielles et transcendantes} \begin{document} \maketitle \tableofcontents \else \chapter{Extensions radicielles et transcendantes} \fi \section{Degré de transcendance} \begin{proposition2} Une extension est de type fini si et seulement si elle est finie sur une extension transcendante pure « finie ». \end{proposition2} \begin{corollaire2} \label{finitude clôture algébrique dans tf} Soit $K \bo k$ une extension de type fini. La clôture algébrique de $k$ dans $K$ est finie sur $k$. \end{corollaire2} \begin{corollaire2} \label{sous-extension de tf est tf} Toute sous-extension d'une extension de type fini est de type fini. \end{corollaire2} % cf. p. ex A.VI.§16.nº7. \section{Extensions radicielles. $p$-bases} \subsection{Extensions linéairement disjointes} La démonstration de \ref{fonctorialite-finie-galois} (iii), et particulièrement le lemme \ref{premier-exemple-extensions-lineairement-disjointes}, motivent la définition suivante (voir aussi \ref{produit-tens-infini=corps} ci-dessous). \begin{définition2} Soient $k$ un corps et $I$ un ensemble. Une famille d'extensions $(k_i\bo k)_{i∈I}$ est dite \emph{linéairement disjointe} \index{extensions linéairement disjointes} si le produit tensoriel infini $⨂_{i∈I,\,\bo k} k_i$, défini en \refext{Tens}{produit tensoriel infini} est un anneau intègre. S'il en est ainsi, on appelle \emph{extension composée générique} \index{extension composée générique} de cette famille d'extensions le corps des fractions de l'anneau $⨂_{i,\,\bo k} k_i$, noté $\bigodot_{i,\,\bo k} \, k_i$, ou simplement $\bigodot_i\,k_i$ si cela ne prête pas à confusion. \end{définition2} On dit aussi que les extensions $k_i\bo k$, $i∈I$, sont \emph{linéairement disjointes}. \subsubsection{}\label{generalite-compose-generique}Soient $k$ un corps et $(k_i\bo k)_{i∈I}$ une famille d'extension. Pour tout sous-ensemble \emph{fini} $J$ de $I$, notons $A_J$ le produit tensoriel $⨂_{j∈J,\, \bo k} k_j$. Pour $J⊆J'$, les morphismes de $k$-algèbres $π_{J,J'}:A_J→A_{J'}$, $⨂_{j∈J} λ_j↦⨂_{j∈J}λ_j⊗⨂_{j'∈J'\setminus J} 1$, font des $A_J$ un \emph{système inductif}, indicé par l'ensemble ordonné filtrant (à droite) des parties finies de $I$, dont on rappelle que $A:=⨂_{i∈I,\,\bo k} k_i$ est la colimite (cf. \ref{definition ou proposition produit tensoriel infini}). Puisque $k$ est un corps, les $k_i$ sont fidèlement plats sur $k$, de sorte que les morphismes $π_{J,J'}$ sont \emph{injectifs} (\ref{fidele platitude}). Une colimite filtrante d'injections est une injection (\ref{colimite filtrante mono=mono}) que, pour toute partie finie $J$ de $I$, l'application canonique $s_J:A_J→A$, $⨂_j λ_j↦ (⨂_j λ_j)⊗⨂_{i∉J} 1$ est \emph{injective}. (C'est également vrai pour un sous-ensemble quelconque $J$.) En d'autres termes, $A$ est la \emph{réunion} des sous-$k$-algèbres $A_J$ ($J⊆I$, fini), identifiées à leurs images dans $A$ par les applications $s_J$. Puisque chaque $A_J$ est engendré, en tant que $k$-algèbre, par les images de $k_j=A_{\{j\}}$ pour $j∈J$, il en résulte que, si $A$ est intègre, son corps des fractions $\bigodot_{i,\,\bo k} \, k_i$ est engendré, en tant qu'\emph{extension} de $k$, par les (images des) $k_i$. C'est aussi la réunion filtrante des corps des fractions des anneaux intègres $\Frac(A_J)$ ($J⊆I$ fini). Remarquons que si $I=\{1,2\}$ est un ensemble à deux éléments et les extensions $k₁\bo k$, $k₂\bo k$ sont linéairement disjointes sur $k$, l'extension composée générique $\bigodot_{i∈\{1,2\},\, k}\,k_i$ (munie des inclusions naturelles) est une extension composée de $k₁$ et $k₂$ sur $k$ au sens de \ref{extension-composee}. Le terme « générique » fait référence au fait que le corps des fractions d'un anneau intègre $A$ n'est autre que le corps résiduel de son localisé en son idéal premier $(0)$, appelé « point générique » de $\Spec(A)$. (Comparer avec \ref{existence-extension-composee}.) \begin{lemme2}\label{tens-infini-entier-et-plat} Soient $k$, $(k_i\bo k)_{i∈I}$ et $A$ comme ci-dessus. Considérons une famille $(K_i\bo k_i)_{i∈I}$ d'extensions, et $B$ le produit tensoriel infini $⨂_{i∈I,\,\bo k}\,K_i$, muni de sa structure de $A$-algèbre évidente. Notons ${K_i}_{A}$ la $A$-algèbre déduite de $K_i$ par le changement de base $k_i→A$. \begin{enumerate} \item Le morphisme $A→B$ est \emph{plat} ; il est \emph{entier} si les extensions $K_i\bo k_i$ sont \emph{algébriques}. \item Le morphisme $⨂_{i∈I,\,\bo k}\,K_i→⨂_{i∈I,\,\bo A}\,{K_i}_A$ déduit des inclusions $k$-linéaires $K_i→{K_i}_A$ est un \emph{isomorphisme}. \end{enumerate} \end{lemme2} \begin{démo} (i) Pour toute partie finie $J⊆I$, l'anneau $B_J$ est plat sur $A_J$ : cela résulte de \ref{produit-tensoriel-plats}. Comme une colimite de morphismes plats est plat, cf. \ref{colimite de plats}, on a le résultat souhaité. Le fait que $A→B$ soit entier se démontre de même en utilisant \refext{AC}{produit-tensoriel-d-entiers} et la proposition \ref{union-entiers=entier} ci-dessous. (ii) Cela résulte de \ref{chapitre produit tensoriel}. \end{démo} \begin{proposition}\label{union-entiers=entier} Soient $A$ un anneau, $(A_i)_{i∈I}$ une famille de sous-anneaux telle que $A=⋃_{i∈I} A_i$ et $B$ une $A$-algèbre telle que $B=⋃_{i∈I}B_i$ où chaque $B_i$ est une sous-$A_i$-algèbre \emph{entière} de $B$. Alors, $B$ est entier sur $A$. Plus généralement, si $(A_i,π_{ij})_{i∈I}$ et $(B_i,π'_{ij})_{i∈I}$ sont des systèmes inductifs d'anneaux, et $(f_i)_{i∈I}$ est un morphisme entre ces deux systèmes tel que chaque $f_i$ soit \emph{entier}, le morphisme $f=\colim_{i∈I} f_i:\colim_{i∈I} A_i→ \colim_{i∈I} B_i$ qui s'en déduit est également entier. \end{proposition} Observons que ce résultat généralise \refext{AC}{pdt-tens-entiers}. \XXX La démonstration ci-dessous est moche. \begin{démo} Cas particulier où $(A_i)_{i∈I}$ est le système inductif constant de valeur $A$ et $B=A[(B_i)_{i∈I}]$, où chaque $B_i$ est une sous-$A$-algèbre de $B$. Soit $b∈B$. Il existe une partie finie $I(b)⊆I$ telle que $b∈A[(B_j)_{j∈I(b)}]$. Puisque $A[(B_j)_{j∈I(b)}]$ est un quotient de la $A$-algèbre entière $⨂_{j∈I(b)} B_j$ (\ref{pdt-tens-entiers}), c'est une algèbre entière sur $A$. Réduction au cas particulier où le système inductif $(A_i)$ est constant. Pour chaque indice $i$, les deux morphismes $A→B$ et $B_i→B$ induisent, par propriété universelle du produit tensoriel, un morphisme de $A$-algèbres $B'_i=B_i⊗_{A_i} A→B$. Chaque $B'_i$ est entière sur $A$ (cf. \ref{cb-entier}). D'autre part, le morphisme canonique de $A$-algèbres $\colim_{\Ann} B_i→\colim_{\textrm{$A$-$\Alg$}} B'_i$ est un isomorphisme. Il suffit en effet de vérifier que pour toute $A$-algèbre $T$, l'application ensembliste $c:\Hom_A(\colim_{\Ann} B_i,T)=\prlim\Hom_{A_i}(B_i,T)←\Hom_A(\colim_{\textrm{$A$-$\Alg$}} B'_i,T)=\prlim \Hom_A(B'_i,T)$ qui s'en déduit est une bijection. Définissons l'application inverse. Soit $φ=(φ_i)$ un système compatible de morphismes de $A_i$-algèbres $B_i→T$ et notons $φ'=(φ'_i)$ la famille des morphismes $B'_i=B_i⊗_{A_i} A→T$ qui s'en déduisent. C'est un système compatible et l'application $φ↦φ'$, $\Hom_A(\colim B_i,T)→\Hom_A(\colim_A B'_i,T)$, ainsi définie est l'inverse de l'application $c$. Réduction au cas particulier où le système inductif $A_i$ est constant et où $B=A[(B_i)_{i∈I}]$. D'après ce qui précède, on peut supposer $A_i$ constant de valeur $A$. Soit $\gtilde{B_i}⊆B$ l'image du morphisme $B_i→B=\colim_{j∈I} B_j$ et montrons que l'injection $B'=A[(\gtilde{B_i})_{i∈I}]↪B$ est un isomorphisme. Pour tout $i$, $B'$ reçoit naturellement $B_i$ de sorte que l'on peut définir, par propriété universelle de la colimite, un morphisme $B→B'$ de $A$-algèbres. Comme le morphisme composé $B_i→B'→B$ est le morphisme canonique $B_i→B$, le composé $B→B'→B$ est l'identité. Le morphisme $B'→B$ est donc surjectif. CQFD. \end{démo} \begin{lemme2}\label{sorites-compose-generique} \begin{enumerate} \item Une famille d'extensions est linéairement disjointe \ssi toute sous-famille finie est linéairement disjointe. \item L'extension composée générique d'une famille d'extensions linéairement disjointes est la réunion filtrante des extensions composées génériques de ses sous-familles finies. \item Soient $k$ un corps et $(k_i\bo k)_{i∈I}$, $(k'_i\bo k_i)_{i∈I}$ deux familles d'extensions. Si les $(k'_i\bo k)_{i∈I}$ sont linéairement disjointes, il en est de même des sous-extensions $(k_i\bo k)_{i∈I}$. \end{enumerate} \end{lemme2} Le (i) affirme que la propriété d'être linéairement disjointes est de « caractère fini ». \begin{démo} (i) La condition est évidemment nécessaire : un sous-anneau d'un anneau intègre est intègre. Elle est suffisante car une réunion filtrante d'anneaux intègres est intègre. (ii) Cf. \ref{generalite-compose-generique}. (iii) Pour toute partie finie $J⊆I$, le morphisme canonique $A_J=⨂_{j∈J,\,\bo k}\, k_j→A'_J=⨂_{j∈J,\,\bo k}\, k'_j$ est injectif par platitude. Il en résulte que le morphisme colimite $A=⨂_i\,k_i→A'=⨂_i\, k'_i$ est également injectif. Si $A'$ est intègre, $A$ l'est aussi. \end{démo} \begin{lemme2}\label{produit-tens-infini=corps} Soient $k$ un corps et $(k_i\bo k)_{i∈I}$ une famille d'extensions \emph{algébriques}. Elle est linéairement disjointe \ssi le produit tensoriel $⨂_{i∈I,\,\bo k}\, k_i$ est un \emph{corps}. \end{lemme2} \begin{démo} La condition est évidemment suffisante. Réciproquement, si les $k_i\bo k$ sont algébriques, chaque produit tensoriel \emph{fini} $A_J=⨂_{j∈J}\,k_j$ est entier sur $k$ (cf. \ref{pdt-tens-entiers}). D'autre part, $A:=⨂_i\, k_i$ est la réunion des $k$-algèbres entières $A_J$ donc est entier sur $k$ (\ref{union-entiers=entier}). La conclusion résulte du fait qu'un anneau \emph{intègre} entier sur un corps est un corps (\ref{entier-integre=corps}). \end{démo} \begin{corollaire2}\label{stabilite-compose-generique} Soient $k$ un corps et $(k_i\bo k)_{i∈I}$ une famille linéairement disjointe d'extensions. Si chaque extension $k_i\bo k$ est normale (resp. algébrique séparable, resp. galoisienne), l'extension composée générique $\bigodot_i\,k_i\,\bo k$ est normale (resp. séparable, resp. galoisienne). \end{corollaire2} \begin{démo} Puisqu'une réunion filtrante d'extensions normales (resp. algébrique séparable, resp. galoisienne) est normale (resp. algébrique séparable, resp. galoisienne), on peut supposer $I$ fini, et finalement $\# I=2$, auquel cas cela résulte de \ref{cb-extension-normale} (pour la normalité) et de \ref{corollaire-compose-etale} (pour la séparabilité). \end{démo} Avant de donner l'exemple particulièrement important des extensions transcendantes pures, voici un critère utile. \begin{lemme2} Soient $k$ un corps, et $(A_i)_{i∈I}$ une famille de $k$-algèbres intègres telle le produit tensoriel infini $⨂_{i∈I,\,\bo k}\, A_i$ soit intègre. Alors, les extensions $\Frac(A_i)\bo k$ sont linéairement disjointes. \end{lemme2} \begin{démo} Puisque les applications $A_J→A$ ($J⊆I$) sont injectives (par platitude), la propriété d'être intègre « passe à la sous-famille ». On peut donc supposer $I$ fini, auquel cas cela résulte du fait que $⨂_i\, K_i$ est un \emph{localisé} de l'anneau intègre $⨂_i\,A_i$ (cf. \ref{produit tensoriel et localisation}). \end{démo} \begin{exemple2}\label{transcendantes-pures=lin-disjointes} Soient $k$ un corps, $I$ un ensemble et $(A_i)_{i∈I}$ une famille d'ensembles. Les extensions $k(X_α,\,α∈A_i)\bo k$ sont linéairement disjointes. \end{exemple2} D'après le critère précédent, il suffit en effet de vérifier que le produit tensoriel $⨂_{i∈I} k[X_α, \,α∈A_i]$ est intègre. dans le cas particulier où $I$ est fini. Ceci résulte de l'existence d'un isomorphisme (donné par le produit des polynômes) $⨂_{i∈I} k[X_α, \,α∈A_i] ⥲ k[X_α,\,α∈\coprod_{i∈I} A_i]$ (\ref{produit tensoriel d'anneaux de polynômes}). (On vérifie sans peine que l'application produit induit un isomorphisme même si $I$ est infini.) \begin{remarque2} On montrera plus tard (\ref{}) que les extensions $𝐐(ζ_{p^∞})\bo 𝐐$, pour $p$ premier, sont linéairement disjointes. \end{remarque2} \begin{théorème2}\label{Gal-prod-tens-infini=produit-infini} Soient $k$ un corps, et $I$ un ensemble d'indices. Considérons une famille d'extensions $(L_i\bo k)_{i∈I}$ \emph{linéairement disjointes} et, pour chaque $i$, une sous-$k$-extension $K_i$ de $L_i$ telle que $L_i\bo K_i$ soit galoisienne, de groupe noté $G_i$. Notons $L=\bigodot_{i∈I,\,\bo k}\, L_i$ et $K=\bigodot_{i∈I,\,\bo k}\, K_i$ (cf. \ref{sorites-compose-generique} (iii)). Alors, l'extension $L\bo K$ est \emph{galoisienne} et le morphisme $∏_i G_i→G_{L\bo K}$, déduit de l'application $∏_i G_i→\Aut_k(⨂_i L_i)$, $(g_i)_{i∈I}↦\big(⨂_i x_i↦⨂_i g_i(x_i)\big)$ par passage au corps des fractions, est un isomorphisme, d'image inverse l'application produit des morphismes de restriction $G_{L\bo K}→∏_i G_{L_i\bo K_i}$. \end{théorème2} En d'autres termes, le foncteur $\Gal$ transforme $\bigodot$ en produit. Commençons par énoncer et démontrer le corollaire suivant (obtenu en posant $K_i=k$ pour tout $i$), qui généralise l'énoncé \ref{fonctorialite-finie-galois} (iii) au cas d'un nombre éventuellement infini d'extensions de corps. \begin{corollaire2} Soient $K$ un corps et $(L_i\bo K)_{i∈I}$ une famille \emph{linéairement disjointe} d'extensions galoisiennes. Notons $L$ le \emph{corps} $⨂_{i∈I,\, \bo K}\, L_i$ (cf. \ref{produit-tens-infini=corps}). L'extension $L \bo K$ est galoisienne et le morphisme canonique $δ:∏_i G_{L_i \bo K}→G_{L\bo K}$, $(g_i)_{i∈I}↦\big(⨂_i x_i↦⨂_i g_i(x_i)\big)$ est un isomorphisme, d'image inverse l'application $ρ:G_{L\bo K}→∏_i G_{L_i\bo K}$, produit des morphismes de restriction $G_{L\bo K}→G_{L_i\bo K}$. \end{corollaire2} \begin{démo}[Démonstration du corollaire] D'après \ref{stabilite-compose-generique}, l'extension $L\bo K$ est galoisienne. Notons $G$ le produit $∏_i G_{L_i\bo K}$. Il est évident que le composé $ρ∘δ$ est l'identité car le plongement $L_i↪L$ est donné par l'application $λ_i↦λ_i⊗⨂_{j≠i} 1$. Il en résulte que $δ$ est injectif et $ρ$ surjectif. D'autre part, puisque $L$ est engendré sur $K$ par ses sous-corps $L_i$, l'application $ρ$ est nécessairement injective donc bijective. CQFD. \end{démo} \begin{démo}[Démonstration du théorème] Soient $A=⨂_{i∈I,\,\bo k}\,K_i$ et $B=⨂_{i∈I,\,\bo k}\,L_i$, de corps des fractions respectifs $K$ et $L$. On a vu en \ref{} que le morphisme canonique $B→⨂_{i,\,\bo A}\,{L_i}_A$ est un isomorphisme. D'autre part, le morphisme $A→B$ étant plat et entier (\emph{loc. cit.}), il résulte du lemme \ref{frac-preserve-integrite} ci-dessous que l'application canonique $B_K→L$ est un isomorphisme. En conséquence, $L$ est $K$-isomorphe au produit tensoriel $\big(⨂_{i,\,\bo A}\,{L_i}_A\big)⊗_A K$, lui-même $K$-isomorphe au produit tensoriel infini $$ ⨂_{i,\,\bo K}\,{L_i}_K. $$ Il en résulte d'une part que chaque ${L_i}_K=L_i⊗_{K_i} K$ est un corps (car intègre --- c'est un facteur d'un produit tensoriel intègre --- et entier sur $K$) et que ces $K$-extensions sont linéairement disjointes. D'après \ref{premier-exemple-extensions-lineairement-disjointes} et \ref{fonctorialite-finie-galois} (iii), l'extension ${L_i}_K\bo K$ est galoisienne de groupe $\Gal(L_i\bo K_i)$ de sorte que le cas particulier démontré dans le corollaire nous donne un isomorphisme $G_{L\bo K}→∏G_{L_i\bo K_i}$, dont on vérifie sans peine que c'est celui de l'énoncé du théorème. \end{démo} \begin{lemme3}\label{frac-preserve-integrite} Soient $A$ un anneau intègre de corps des fractions $K$ et $B$ une $A$-algèbre intègre. \begin{enumerate} \item L'anneau $B_K=B⊗_A K$ est intègre. \item Si $A→B$ est entier et plat, l'application canonique $B→B_K$ est l'inclusion de $B$ dans son corps des fractions. \end{enumerate} \end{lemme3} \begin{démo} (i) Cf. \ref{corollaire localisation}. (ii) La $K$-algèbre $B_K$ est intègre d'après (i) et entière sur $K$ (\ref{cb-entier}) ; c'est donc un corps (\ref{entier-integre=corps}). Considérons la suite exacte de $A$-modules $$ 0→A→K→K/A→0. $$ Puisque $B$ est plat sur $A$ (\ref{generalite-compose-generique}) ; on obtient alors la suite exacte : $$ 0→B→B_K→(K/A)⊗_A B→0. $$ En d'autres termes, l'application canonique $B→B_K$ est \emph{injective}, et le $B$-module $B_K/B$ est isomorphe à $(K/A)⊗_A B$, de sorte qu'il est de \emph{torsion} car $K/A$ l'est comme $A$-module. (Rappelons qu'un module $M$ sur un anneau intègre $A$ est dit de torsion si pour tout $m∈M$, il existe $a∈A$ non nul tel que $am=0$.) Sous ces conditions, la flèche $B→B_K$ est bien l'application de passage au corps des fractions. \end{démo} \begin{théorème2}\label{Leptin} Tout groupe profini est groupe de Galois d'une extension. Plus précisément, pour tout corps $k$, il existe une extension $K\bo k$ ainsi qu'une extension $L\bo K$ galoisienne de groupe $G$. \end{théorème2} \begin{démo} Soient $G=\prlim_{i∈I} G_i$ et $k$ comme dans l'énoncé. Puisque $G$ est naturellement un fermé du produit $∏_i G_i$, il résulte immédiatement de la théorie de Galois infinie que l'on peut supposer $G=∏_i G_i$. D'autre part, chaque $G_i$ est un sous-groupe d'un groupe symétrique $\got{S}_{n_i}$ (prendre $n_i=\# G_i$) donc il suffit de démontrer le théorème pour un groupe $G=∏_{i∈I} \got{S}_{n_i}$. Considérons $K_i=k(X_i,1≤i≤n_i)$ le corps des fractions rationnelles en $n_i$ indéterminées et $k_i=\Fix_{\got{S}_{n_i}}(K_i)$ (action par permutation des variables). L'extension $K_i\bo k_i$ est galoisienne de groupe $\got{S}_{n_i}$ (\ref{exemple-galois-equation-generique}). D'autre part, d'après \ref{transcendantes-pures=lin-disjointes}, les extensions $K_i$ sont linéairement disjointes sur $k$ de sorte que l'on peut appliquer le théorème \ref{Gal-prod-tens-infini=produit-infini}. \end{démo} On trouvera dans \cite{Fried-Jarden}, §1.4 une démonstration reposant sur l'analogue profini du lemme d'Artin (\ref{lemme-Artin-profini}). Signalons également la \begin{conjecture2} Tout groupe fini est groupe de Galois d'une extension finie de $𝐐$. \end{conjecture2} Nous démontrerons plus tard des cas particuliers de cette conjecture (cas des groupes abéliens (\ref{groupe-abelien=galois-sur-Q}), \XXX à compléter). \begin{exercice2} Vérifier que $\bigodot_{i∈I,\,\bo k}\, k(X_α,α∈A_i)≃k(X_α,α∈\coprod_{i∈I} A_i)$. \end{exercice2} \section{Extensions séparables} \begin{théorème2} \label{critère de MacLane} $L \bo K$ est séparable si et seulement si elle est linéairement disjointe de $K^{p^{-∞}}$ sur $K$. \end{théorème2} \begin{corollaire2} \label{extension corps parfait est séparable} Toute extension d'un corps \emph{parfait} est séparable. \end{corollaire2} \section{Théorème de Lüroth} \ifx\danslelivre\undefined \bibliography{../configuration/bibliographie-livre} \bibliographystyle{../configuration/style-bib-livre} \end{document} \fi