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@@ -66,6 +66,8 @@ Git: \input{vcline.tex}
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\par}
+\pretolerance=8000
+\tolerance=50000
%
@@ -287,6 +289,14 @@ famille donnée. (Autrement dit, $y \in A$ appartient à $k[x_i]_{i\in
I}$ si et selement si il existe $J\subseteq I$ fini tel que $y$
appartienne à $k[x_i]_{i\in J}$.)
+\danger Attention : une sous-algèbre d'une algèbre de type fini n'est
+pas, en général, de type fini. Un contre-exemple est fourni par
+l'anneau des polynômes $f \in k[x,y]$ à deux indéterminées sur un
+corps $k$ qui prennent une valeur constante sur l'axe des ordonnées :
+cette $k$-algèbre est engendrée par $1, x, xy, xy^2, xy^3,\ldots$ et
+on peut montrer qu'aucun nombre fini de ses éléments ne suffit à
+l'engendrer.
+
\thingy Une \textbf{extension de corps} est un morphisme d'anneaux $k
\to K$ entre corps (c'est-à-dire que $K$ est une $k$-algèbre qui est
un corps). Un tel morphisme est automatiquement injectif (car son
@@ -341,13 +351,21 @@ fini) de la famille donnée. (Autrement dit, $y \in K$ appartient à
$k(x_i)_{i\in I}$ si et selement si il existe $J\subseteq I$ fini tel
que $y$ appartienne à $k(x_i)_{i\in J}$.)
+Contrairement au cas des algèbres
+(cf. \ref{subalgebra-generated-is-polynomials}), il \emph{est} bien
+vrai qu'une sous-extension d'une extension de corps de type fini est
+de type fini. Mais ce n'est pas évident ! (Cela sera démontré en
+\ref{subextension-of-finite-type-is-of-finite-type} ci-dessous.)
+
+
\subsection{Extensions algébriques et degré}
\thingy\label{monogeneous-extensions-dichotomy} Si $k \subseteq K$ est
une extension de corps et $x\in K$, on a noté
(cf. \ref{subfield-generated}) $k(x)$ l'extension de $k$ engendrée
par $x$. On dira aussi que $k \subseteq k(x)$ est une extension
-\textbf{monogène}.
+\textbf{monogène} (certains auteurs utilisent « simple », notamment en
+anglais).
On se pose la question de mieux comprendre cette extension. Pour
cela, on introduit l'unique morphisme $\varphi\colon k[t] \to K$, où
@@ -417,8 +435,9 @@ irréductibles dans $k[t]$ sont les $t-a$.
considérer $K$ comme un $k$-espace vectoriel, et sa dimension (finie
ou infinie) est notée $[K:k]$ et appelée \textbf{degré} de
l'extension. Une extension de degré fini est aussi dite
-\textbf{finie}. Il va de soi qu'une sous-extension d'une extension
-finie est encore finie.
+\textbf{finie} (ainsi, on pourra dire simplement que $K$ est « fini
+sur $k$ » pour dire que son degré est fini). Il va de soi qu'une
+sous-extension d'une extension finie est encore finie.
Il résulte de l'identification de $k(x)$ à $k[t]/(\mu_x)$ que, si $x$
est un élément algébrique sur $k$, alors $[k(x):k]$ est fini et égal
@@ -498,6 +517,144 @@ algébriques sur $k$, donc certainement aussi sur $k(t_1,\ldots,t_n)$,
et on applique \ref{basic-facts-algebraic-extensions}(3).)
+\subsection{Extensions linéairement disjointes}
+
+\begin{defn}\label{definition-linear-disjointness}
+Si $k \subseteq K$ et $k \subseteq L$ sont deux extensions contenues
+dans une même troisième $M$, on dit qu'elles sont \textbf{linéairement
+ disjointes} lorsque toute famille d'éléments de $K$ linéairement
+indépendante sur $k$ est encore linéairement indépendante sur $L$
+quand on la voit comme une famille d'éléments de $M$. (Il suffit,
+bien sûr, de le tester pour des familles \emph{finies}.)
+\end{defn}
+
+La définition de cette relation n'est pas symétrique. Elle l'est
+cependant :
+\begin{prop}
+La propriété pour deux extensions contenues dans une même troisième
+d'être linéairement disjointes est symétrique.
+\end{prop}
+\begin{proof}
+Supposons $k \subseteq K$ et $k \subseteq L$ linéairement disjointes
+comme on vient de le définir : on veut inverser le rôle de $L$ et $K$.
+Soient $y_1,\ldots,y_n$ des éléments de $L$ linéairement indépendants
+sur $k$. Supposons que pour certains $x_1,\ldots,x_n$ de $K$ non tous
+nuls, on ait $x_1 y_1 + \cdots + x_n y_n = 0$ dans $M$. Quitte à
+réordonner les $x_i$, on peut supposer que $x_1,\ldots,x_r$ sont
+linéairement indépendants sur $k$ (avec $r\geq 1$) et que
+$x_{r+1},\ldots,x_n$ en sont des combinaisons $k$-linéaires, disons
+$x_i = \sum_{j=1}^r c_{i,j} x_j$ pour $i>r$ avec $c_{i,j} \in k$. La
+relation $\sum_{i=1}^n x_i y_i = 0$ devient donc $\sum_{i=1}^r x_i y_i
++ \sum_{i=r+1}^n \sum_{j=1}^r c_{i,j} x_j y_i = 0$, soit, en
+regroupant : $\sum_{j=1}^r \big(y_j + \sum_{i=r+1}^n c_{i,j} y_i\big)
+x_j = 0$. Par indépendance linéaire des $x_i$ sur $k$ donc sur $L$,
+on a $y_j + \sum_{i=r+1}^n c_{i,j} y_i = 0$ pour chaque $j\leq r$, ce
+qui contredit l'indépendance linéaire des $y_i$ sur $L$.
+\end{proof}
+
+\thingy Lorsque $k \subseteq K$ et $k \subseteq L$ sont deux
+extensions contenues dans une même troisième $M$, on appelle
+\textbf{composé} des corps $K$ et $L$ le sous-corps de $M$ engendré
+par $K$ et $L$, autrement dit $k(K \cup L) = K(L) = L(K)$, et on le
+note $K.L$.
+
+\danger Il faut prendre garde au fait que l'extension composée n'a de
+sens que si les deux extensions sont contenues dans une même troisième
+(en changeant les plongements de $K$ et $L$ dans $M$ on peut changer
+$K.L$ en un corps non isomorphe).
+
+\begin{prop}\label{compositum-generated-by-products}
+Si $k \subseteq K$ est une extension algébrique et $k \subseteq L$ une
+extension quelconque, toutes les deux contenues dans une même
+extension $M$, alors l'extension composée $K.L$ est le sous-$k$-espace
+vectoriel de $M$ engendré par les produits $xy$ avec $x\in K$ et $y\in
+L$.
+\end{prop}
+\begin{proof}
+Soit $V$ le sous-$k$-espace vectoriel de $M$ engendré par les produits
+$xy$ avec $x\in K$ et $y\in L$, autrement dit l'ensemble des $\sum_i
+x_i y_i$ (sommes finies) avec $x_i \in K$ et $y_i \in L$ (les
+coefficients dans $k$ peuvent s'absorber dans les $x_i$ ou les $y_i$).
+Il est trivial que $V \subseteq K.L$, et pour prouver l'inclusion
+contraire il suffit de montrer que $V$ est bien un corps. En
+développant les produits $(\sum_i x_i y_i)(\sum x'_j y'_j) =
+\sum_{i,j} (x_i x'_j)(y_i y'_j)$ on voit que $V$ est stable par
+produit : c'est donc une algèbre sur $k$ ou $K$ ou $L$ comme on
+préfère. Comme $V$ est un sous-anneau de $M$, qui est un corps, il
+s'agit d'un anneau intègre.
+
+Dans le cas où $[K:k] < \infty$, on a $[V:L] < \infty$ car une famille
+génératrice $(v_j)$ de $K$ comme $k$-espace vectoriel est encore
+génératrice de $V$ comme $L$-espace vectoriel (en effet, si tout
+élément de $K$ peut s'écrire $\sum_j c_j v_j$ pour certains $c_i \in
+k$, alors tout élément de $V$ peut s'écrire $\sum_i (\sum_j c_{i,j}
+v_j) y_i = \sum_j (\sum_i c_{i,j} y_i) v_j$), et
+d'après \ref{finite-integral-algebra-is-a-field} on en déduit que $V$
+est un corps. On a donc obtenu le résultat annoncé pour le cas
+où $[K:k] < \infty$.
+
+En général, si $z \in V$ n'est pas nul, on peut écrire $z = \sum_i x_i
+y_i$ pour certains $x_i \in K$ et $y_i \in L$. Soit $K_0$ l'extension
+de $k$ engendrée par les $x_i$ : l'hypothèse selon laquelle $K$ est
+algébrique entraîne que $[K_0:k] < \infty$
+(cf. \ref{basic-facts-algebraic-extensions}(1)), et on a $z \in
+K_0.L$. D'après le cas précédemment traité, tout élément de $K_0.L$,
+et en particulier $z^{-1}$, appartient au sous-$k$-espace vectoriel
+$V_0$ de $M$ engendré par les produits $xy$ avec $x\in K_0$ et $y\in
+L$, et on a bien sûr $V_0 \subseteq V$. Donc $z^{-1} \in V$ et $V$
+est bien un corps.
+\end{proof}
+
+\begin{prop}\label{base-of-compositum}
+Si $k \subseteq K$ et $k \subseteq L$ sont deux extensions
+linéairement disjointes contenues dans une même troisième, et si l'une
+des deux est algébrique, alors toute base de $K$ sur $k$ est encore
+une base de $K.L$ sur $L$.
+\end{prop}
+\begin{proof}
+Soit $(v_j)$ une base de $K$ comme $k$-espace vectoriel. D'après la
+définition de la relation d'être linéairement disjointes, les $(v_j)$
+vus dans $K.L$ sont linéairement indépendants sur $L$. Mais d'après
+la proposition \ref{compositum-generated-by-products}, tout élément de
+$K.L$ peut s'écrire sous la forme d'une somme finie $\sum_i x_i y_i$
+pour des $x_i \in K$ et $y_i \in L$, et on peut réécrire $x_i = \sum
+c_{i,j} v_j$ donc $\sum_i x_i y_i = \sum_i (\sum_j c_{i,j} v_j) y_i =
+\sum_j (\sum_i c_{i,j} y_i) v_j$ appartient au $L$-espace vectoriel
+engendré dans $K.L$ par les $(v_j)$, c'est-à-dire que ceux-ci sont
+générateurs, et finalement sont une base de $K.L$.
+\end{proof}
+
+\begin{prop}\label{linear-disjointness-of-algebraic-and-transcendental}
+Soit $k \subseteq K$ une extension de corps, et $t_1,\ldots,t_n$ des
+indéterminées. Alors les extension $k\subseteq K$ et $k\subseteq
+k(t_1,\ldots,t_n)$ sont linéairement disjointes dans
+$K(t_1,\ldots,t_n)$, i.e., toute famille $k$-linéairement
+indépendante de $K$ est encore linéairement indépendante sur
+$k(t_1,\ldots,t_n)$ (dans $K(t_1,\ldots,t_n)$). Si de plus $K$ est
+algébrique sur $k$, alors toute base de $K$ comme $k$-espace
+vecotriel est une base de $K(t_1,\ldots,t_n)$ comme
+$k(t_1,\ldots,t_n)$-espace vectoriel.
+\end{prop}
+\begin{proof}
+Soit $(u_j)_{j\in J}$ une famille $k$-linéairement indépendante de
+$K$ : montrons qu'ils sont linéairement indépendants sur
+$k(t_1,\ldots,t_n)$. Si on a une relation de dépendance linéaire non
+triviale $\sum_{j\in J} c_j u_j = 0$ dans $K(t_1,\ldots,t_n)$ avec
+les $c_j$ dans $k(t_1,\ldots,t_n)$ tous nuls sauf un nombre fini, les
+$c_j$ sont des fractions rationnelles ; cette même relation est
+valable si on multiplie les $c_j$ par un dénominateur commun, si bien
+qu'on peut supposer que les $c_j$ sont des polynômes en
+$t_1,\ldots,t_n$ ; quitte à diviser autant de fois que nécessaire par
+chaque $t_i$ qui divise tous les $c_j$, on peut supposer que le $c_j$
+ne s'annulent pas tous à l'origine (i.e., quand on remplace tous les
+$t_i$ par $0$) : mais alors, en les évaluant à l'origine (i.e., en
+remplaçant tous les $t_i$ par $0$), on obtient une relation de
+dépendance linéaire non-triviale sur $k$, qui est censée ne pas
+exister. Ceci montre la première affirmation. La seconde découle
+de \ref{base-of-compositum}.
+\end{proof}
+
+
\subsection{Bases et degré de transcendance}
\begin{defn}
@@ -515,16 +672,17 @@ chacun des $x_i$ est transcendant sur $k$ ; et un unique élément $x$
de $K$ est algébriquement indépendant sur $k$ si et seulement si il
est transcendant sur $k$.
-On dit d'une famille infinie $(x_i)$ d'éléments de $K$ qu'elle est
-algébriquement indépendante sur $k$ lorsque toute sous-famille finie
-d'entre eux l'est (i.e., il n'existe pas de relation de dépendance
-algébrique entre les $x_i$, c'est-à-dire entre un nombre fini d'entre
-eux).
-
-Une famille $(x_i)$ d'éléments de $K$ est appelée \textbf{base de
- transcendance} de $K$ sur $k$ lorsqu'elle est algébriquement
-indépendante sur $k$ et que $K$ est algébrique au-dessus de
-l'extension $k(x_i)$ de $k$ engendrée par les $x_i$.
+On dit d'une famille infinie $(x_i)_{i\in I}$ d'éléments de $K$
+qu'elle est algébriquement indépendante sur $k$ lorsque toute
+sous-famille finie d'entre eux l'est (i.e., il n'existe pas de
+relation de dépendance algébrique entre les $x_i$, c'est-à-dire entre
+un nombre fini d'entre eux).
+
+Une famille $(x_i)_{i\in I}$ d'éléments de $K$ est appelée
+\textbf{base de transcendance} de $K$ sur $k$ lorsqu'elle est
+algébriquement indépendante sur $k$ et que $K$ est algébrique
+au-dessus de l'extension $k(x_i)_{i\in I}$ de $k$ engendrée par
+les $x_i$.
\end{defn}
\thingy\label{remark-indeterminates-versus-transcendentals} Il est trivialement le cas que $t_1,\ldots,t_n$ sont
@@ -544,11 +702,11 @@ infini d'indéterminées, comme « réunion », techniquement la limite
inductive, des corps de fractions rationnelles sur une sous-famille
finie quelconque d'entre elles.)
-\thingy Lorsque les $(x_i)$ sont algébriquement indépendants, on dit
-aussi que l'extension $k \subseteq k(x_i)$ est \textbf{transcendante
- pure} : autrement dit, une extension transcendante pure est un corps
-de fractions rationnelles en un nombre quelconque (peut-être infini,
-cf. ci-dessus) de variables.
+\thingy Lorsque les $(x_i)_{i\in I}$ sont algébriquement indépendants,
+on dit aussi que l'extension $k \subseteq k(x_i)_{i\in I}$ est
+\textbf{transcendante pure} : autrement dit, une extension
+transcendante pure est un corps de fractions rationnelles en un nombre
+quelconque (peut-être infini, cf. ci-dessus) de variables.
La question de déterminer si une extension de corps est transcendante
pure peut être extrêmement difficile ; à titre d'exemple, le corps
@@ -565,10 +723,10 @@ algébriquement indépendants. L'exemple ci-dessus montre que c'est
abusif ; cependant, on verra que ce ne l'est plus si on sait que le
degré de transcendance est bien $n$.
-Si $x_i$ est une base de transcendance de $K$ sur $k$, celle-ci
-« décompose » l'extension $k \subseteq K$ en deux : l'extension $k
-\subseteq k(x_i)$ est transcendante pure, et l'extension $k(x_i)
-\subseteq K$ est algébrique.
+Si $(x_i)_{i\in I}$ est une base de transcendance de $K$ sur $k$,
+celle-ci « décompose » l'extension $k \subseteq K$ en deux :
+l'extension $k \subseteq k(x_i)_{i\in I}$ est transcendante pure, et
+l'extension $k(x_i)_{i\in I} \subseteq K$ est algébrique.
\begin{prop}\label{transcendence-basis-facts}
Soit $k \subseteq K$ une extension de corps.
@@ -577,9 +735,9 @@ Soit $k \subseteq K$ une extension de corps.
de $K$ se complète en une base de transcendance de $K$ sur $k$. (Ceci
s'applique notamment à la famille vide, donc il existe toujours une
base de transcendance de $K$ sur $k$.) (1b) De toute famille qui
-engendre $K$ en tant qu'extension de corps de $k$ (ou même : qui
+engendre $K$ en tant qu'extension de corps de $k$, ou même qui
engendre un corps intermédiaire $E$ au-dessus duquel $K$ est
-algébrique) on peut extraire une base de transcendance.
+algébrique, on peut extraire une base de transcendance.
(2) \textit{Lemme d'échange :} Si $z_1,\ldots,z_n$ est une base de
transcendance finie de $K$ sur $k$ et $t$ un élément de $K$ tel que
@@ -605,13 +763,14 @@ cardinal.
sur $k(x_i)_{i\in I}$. Mais s'il l'est, on observe que la famille
obtenue en rajoutant $t$ à la famille $(x_i)_{i \in I}$ est encore
algébriquement indépendante : en effet, si on avait un polynôme
- $P(t,(x_i))$ qui l'annulât, en considérant $P$ comme polynôme de la
- seule variable $t$ (dont il dépend effectivement, sinon il donnerait
- une relation de dépendance algébrique sur $k$ entre les $x_i$, chose
- qui n'existe pas) on contredirait la transcendance de $t$ sur
- $k(x_i)_{i\in I}$. Par maximalité de $(x_i)_{i\in I}$, ceci ne peut
- pas se produire : donc $K$ est bien algébrique sur $k(x_i)_{i\in I}$
- et $(x_i)_{i\in I}$ est une base de transcendance.
+ $P(t,x_{i_1},\ldots,x_{i_n})$ qui l'annulât, en considérant $P$
+ comme polynôme de la seule variable $t$ (dont il dépend
+ effectivement, sinon il donnerait une relation de dépendance
+ algébrique sur $k$ entre les $x_i$, chose qui n'existe pas) on
+ contredirait la transcendance de $t$ sur $k(x_i)_{i\in I}$. Par
+ maximalité de $(x_i)_{i\in I}$, ceci ne peut pas se produire : donc
+ $K$ est bien algébrique sur $k(x_i)_{i\in I}$ et $(x_i)_{i\in I}$
+ est une base de transcendance.
(1b) Soit maintenant $(x_i)_{i\in J}$ une famille génératrice (i.e.,
$K = k(x_i)_{i \in J}$) ou telle que $K$ soit algébrique sur $E =
@@ -684,7 +843,10 @@ dépend pas du choix de celle-ci) s'appelle \textbf{degré de
transcendance} de $K$ sur $k$ et se note $\degtrans_k(K)$.
\end{defn}
-\begin{prop}
+On remarquera que le degré de transcendance vaut $0$ si et seulement
+si l'extension est algébrique.
+
+\begin{prop}\label{additivity-transcendence-degree}
Si $k \subseteq K \subseteq L$ est une tour d'extensions, alors
$\degtrans_k(L) = \degtrans_k(K) + \degtrans_K(L)$.
\end{prop}
@@ -700,12 +862,83 @@ une relation de dépendance algébrique sur $k$ entre les $x_i$, qui
n'existe pas non plus, c'est-à-dire plus exactement qu'elle est nulle,
et ceci montre que la réunion considérée est algébriquement
indépendante ; d'autre part, $L$ est algébrique sur $K(y_j)$, qui est
-lui-même algébrique sur $k(x_i,y_j)$ car $K$ l'est sur $k(x_i)$
+lui-même algébrique sur $k(x_i)_{i\in I}(y_j)_{j\in J}$ car $K$ l'est
+sur $k(x_i)_{i\in I}$
(cf. \ref{upgrade-algebraic-with-indeterminates}), donc $L$ est
algébrique sur $k(x_i,y_j)$
(cf. \ref{basic-facts-algebraic-extensions}(4)).
\end{proof}
+\begin{prop}\label{push-of-transcendentals}
+Soit $k \subseteq k' \subseteq K$ est une tour d'extensions avec $k'$
+algébrique sur $k$ : alors si $(x_i)_{i\in I}$ est une famille
+d'éléments de $K$ algébriquement indépendants sur $k$, ils le sont
+encore sur $k'$. De plus, dans ces conditions, toute base de $k'$
+comme $k$-espace vectoriel est encore une base de $k'(x_i)_{i\in I}$
+sur $k(x_i)_{i\in I}$, et notamment, $[k'(x_i)_{i\in I} : k(x_i)_{i\in
+ I}] = [k':k]$.
+\end{prop}
+\begin{proof}
+Montrons la première affirmation. D'après la définition de
+l'indépendance algébrique d'une famille infinie, il suffit de la
+prouver pour un nombre fini $x_1,\ldots,x_n$ d'éléments.
+
+D'après \ref{transcendence-basis-facts}(1b), on peut extraire
+de $x_1,\ldots,x_n$ une base de transcendance de $k'(x_1,\ldots,x_n)$
+sur $k'$, disons $x_1,\ldots,x_r$. Ainsi, $k'(x_1,\ldots,x_n)$ est
+algébrique sur $k'(x_1,\ldots,x_r)$ ; or $k'(x_1,\ldots,x_r)$ est
+algébrique sur $k(x_1,\ldots,x_r)$
+(cf. \ref{upgrade-algebraic-with-indeterminates}) ; donc
+$k'(x_1,\ldots,x_n)$, et en particulier $k(x_1,\ldots,x_n)$, est
+algébrique sur $k(x_1,\ldots,x_r)$, ce qui n'est possible que
+pour $n=r$ d'après \ref{transcendence-basis-facts}(3). Donc
+$x_1,\ldots,x_n$ sont algébriquement indépendants sur $k'$.
+
+(Variante en utilisant \ref{additivity-transcendence-degree} : On a
+$\degtrans_k k'(x_1,\ldots,x_n) = \degtrans_k k(x_1,\ldots,x_n) +
+\degtrans_{k(x_1,\ldots,x_n)} k'(x_1,\ldots,x_n)$, où le premier terme
+vaut $n$ par hypothèse et le second vaut $0$ de nouveau parce que
+$k'(x_1,\ldots,x_n)$ est algébrique sur $k(x_1,\ldots,x_n)$
+(cf. \ref{upgrade-algebraic-with-indeterminates}) : ceci montre
+$\degtrans_k k'(x_1,\ldots,x_n) = n$. Mais on a aussi $\degtrans_k
+k'(x_1,\ldots,x_n) = \degtrans_k k' + \degtrans_{k'}
+k'(x_1,\ldots,x_n)$, et de nouveau $\degtrans_k k' = 0$ : ceci montre
+$\degtrans_{k'} k'(x_1,\ldots,x_n) = n$. C'est donc que
+$x_1,\ldots,x_n$ est une base de transcendance de $k'(x_1,\ldots,x_n)$
+(d'après \ref{transcendence-basis-facts} (1b) et (3)). En
+particulier, $x_1,\ldots,x_n$ sont algébriquement indépendants
+sur $k'$.)
+
+Pour ce qui est de la dernière affirmation, elle découle
+de \ref{linear-disjointness-of-algebraic-and-transcendental} (au moins
+dans le cas d'un nombre fini de $x_i$ ; mais comme tout élément de
+$k(x_i)_{i\in I}$ ou $k(x_i)_{i\in I}$ ne fait intervenir qu'un nombre
+fini des $x_i$, le cas général se ramène au cas fini).
+\end{proof}
+
+\begin{prop}\label{subextension-of-finite-type-is-of-finite-type}
+Si $k \subseteq E \subseteq L$ et si $L$ est de type fini sur $k$
+(i.e., $L = k(x_1,\ldots,x_n)$ pour un nombre fini d'éléments
+$x_1,\ldots,x_n$ de $L$), alors $E$ l'est aussi.
+\end{prop}
+\begin{proof}
+On a vu $\degtrans_k(L) = \degtrans_k(E) + \degtrans_E(L)$ : cette
+quantité étant finie, les deux termes de droite sont finis. Si
+$t_1,\ldots,t_r$ est une base de transcendance de $E$ sur $k$, quitte
+à remplacer $k$ par $k(t_1,\ldots,t_r)$, on peut supposer $E$
+algébrique sur $k$, et on veut montrer que $E$ est finie sur $k$.
+
+Supposons maintenant $L = k(x_1,\ldots,x_n)$ avec $x_1,\ldots,x_r$ une
+base de transcendance de $L$ sur $k$ (possible, quitte à renuméroter,
+d'après \ref{transcendence-basis-facts}(1b)). On a $[L :
+ k(x_1,\ldots,x_r)] < \infty$ d'après
+\ref{basic-facts-algebraic-extensions}(1), et en particulier
+$[E(x_1,\ldots,x_r) : k(x_1,\ldots,x_r)] < \infty$. Or
+d'après \ref{push-of-transcendentals}, $[E(x_1,\ldots,x_r) :
+ k(x_1,\ldots,x_r)] = [E:k]$ : on a bien $[E:k] < \infty$ comme
+annoncé.
+\end{proof}
+
\subsection{Corps de rupture, corps de décomposition, clôture algébrique}