%% This is a LaTeX document. Hey, Emacs, -*- latex -*- , get it? \documentclass[12pt,a4paper]{article} \usepackage[francais]{babel} \usepackage[utf8]{inputenc} \usepackage[T1]{fontenc} %\usepackage{ucs} \usepackage{times} % A tribute to the worthy AMS: \usepackage{amsmath} \usepackage{amsfonts} \usepackage{amssymb} \usepackage{amsthm} % \usepackage{mathrsfs} \usepackage{wasysym} \usepackage{url} % \usepackage{xr-hyper} % \usepackage{graphics} \usepackage[usenames,dvipsnames]{xcolor} \usepackage{tikz} \usetikzlibrary{matrix,calc} \usepackage{hyperref} % \externaldocument{notes-accq205}[notes-accq205.pdf] % \theoremstyle{definition} \newtheorem{comcnt}{Tout} \newcommand\thingy{% \refstepcounter{comcnt}\smallbreak\noindent\textbf{\thecomcnt.} } \newcommand\exercice{% \refstepcounter{comcnt}\bigbreak\noindent\textbf{Exercice~\thecomcnt.}} \renewcommand{\qedsymbol}{\smiley} % \newcommand{\id}{\operatorname{id}} \newcommand{\Frac}{\operatorname{Frac}} \newcommand{\degtrans}{\operatorname{deg.tr}} \newcommand{\Frob}{\operatorname{Frob}} \newcommand{\alg}{\operatorname{alg}} \newcommand{\sep}{\operatorname{sep}} \newcommand{\Gal}{\operatorname{Gal}} \newcommand{\Fix}{\operatorname{Fix}} \newcommand{\Hom}{\operatorname{Hom}} \newcommand{\Divis}{\operatorname{Div}} \newcommand{\divis}{\operatorname{div}} \newcommand{\Pic}{\operatorname{Pic}} \newcommand{\ord}{\operatorname{ord}} % \DeclareUnicodeCharacter{00A0}{~} % \DeclareMathSymbol{\tiret}{\mathord}{operators}{"7C} \DeclareMathSymbol{\traitdunion}{\mathord}{operators}{"2D} % \DeclareFontFamily{U}{manual}{} \DeclareFontShape{U}{manual}{m}{n}{ <-> manfnt }{} \newcommand{\manfntsymbol}[1]{% {\fontencoding{U}\fontfamily{manual}\selectfont\symbol{#1}}} \newcommand{\dbend}{\manfntsymbol{127}}% Z-shaped \newcommand{\danger}{\noindent\hangindent\parindent\hangafter=-2% \hbox to0pt{\hskip-\hangindent\dbend\hfill}} % \newcommand{\spaceout}{\hskip1emplus2emminus.5em} \newif\ifcorrige \corrigetrue \newenvironment{corrige}% {\ifcorrige\relax\else\setbox0=\vbox\bgroup\fi% \smallbreak\noindent{\underbar{\textit{Corrigé.}}\quad}} {{\hbox{}\nobreak\hfill\checkmark}% \ifcorrige\relax\else\egroup\fi\par} % % % \begin{document} \ifcorrige \title{Exercices courbes algébriques — Corrigé} \else \title{Exercices courbes algébriques} \fi \author{David A. Madore} \maketitle \centerline{\textbf{ACCQ205}} {\footnotesize \immediate\write18{sh ./vc > vcline.tex} \begin{center} Git: \input{vcline.tex} \end{center} \immediate\write18{echo ' (stale)' >> vcline.tex} \par} \pretolerance=8000 \tolerance=50000 % % % \exercice Soit $k$ un corps de caractéristique $\neq 2,3$, et soient $a,b\in k$. (1) Donner une condition sur $a,b$ nécessaire et suffisante pour que le polynôme $x^3 + ax + b \in k[x]$ soit séparable (c'est-à-dire, premier avec sa dérivée, ou encore, sans racine multiple dans $k^{\alg}$). \begin{corrige} La dérivée de $f := x^3 + ax + b$ est $f' = 3x^2 + a$. Leur résultant (i.e., le discriminant de $f$) est donc égal au déterminant de la matrice de Sylvester \[ \begin{pmatrix} 1&0&a&b&0\\ 0&1&0&a&b\\ 3&0&a&0&0\\ 0&3&0&a&0\\ 0&0&3&0&a\\ \end{pmatrix} \] c'est-à-dire $\Delta := 4a^3 + 27b^2$ (en écrivant le déterminant de la matrice $(c_{i,j})$ où $i$ est l'indice de la ligne et $j$ celui de la colonne comme $\sum_{\sigma\in\mathfrak{S}_5} \mathop{\mathrm{sgn}}(\sigma) \prod_{i=1}^5 c_{i,\sigma(i)}$ on trouve ici $1\cdot 1\cdot a\cdot a\cdot a - 1\cdot a\cdot a\cdot 3\cdot a - a\cdot 1\cdot 3\cdot a\cdot a + a\cdot a\cdot 3\cdot 3\cdot a + b\cdot b\cdot 3\cdot 3\cdot 3 = (1-3-3+9)a^3 + 27 b^2$). \end{corrige} \smallbreak (2) Soit $h := y^2 - x^3 - ax - b \in k[x,y]$. Montrer que $h$ est irréductible (on pourra le considérer comme un élément de $k(x)[y]$) et même géométriquement irréductible (cf. \ref{geometric-irreducibility}). \begin{corrige} On peut voir $h$ dans $k(x)[y]$, il est de la forme $y^2 - f$ avec $f := x^3 + ax + b \in k(x)$. Pour montrer qu'il est irréductible dans $k(x)[y]$, il suffit de montrer que $f$ n'est pas un carré dans $k(x)$ : ceci impliquera alors que $h$ est encore irréductible dans $k[x,y]$ d'après le lemme de Gauß (\ref{gauss-lemma-on-irreducibility} : le pgcd dans $k[x]$ des coefficients de $h\in k[x][y]$ étant évidemment $1$ puisque le coefficient de $y^2$ est $1$). Or $f$ n'est pas un carré dans $k(x)$, car il en serait un dans $k[x]$ (grâce à la décomposition en facteurs irréductibles), et son degré serait pair. Comme le raisonnement qu'on vient de faire ne dépend pas de $k$, il est encore valable dans $k^{\alg}$, c'est-à-dire que $h$ est géométriquement irréductible. \end{corrige} \smallbreak On pose $A := k[x,y]/(h)$ (anneau intègre d'après la question (2)) et $K := \Frac(A) = k(x,y : h=0)$ le corps des fonctions de la courbe plane $E$ d'équation $h = 0$. Qyand le contexte est clair, on se permettra de noter simplement $x,y$ les éléments $\bar x,\bar y$ de $A$, ou de $K$, qui sont les classes modulo $h$ des indéterminées $x,y$ de $k[x,y]$. (3) Expliquer pourquoi tout élément de $K$ s'écrit de façon unique sous la forme $f_0 + f_1 y$ avec $f_0,f_1 \in k(x)$. Expliquer comment effectuer les opérations (addition, multiplication, inverse) sur cette représentation. Expliquer pourquoi tout élément de $K$ s'écrit également de façon unique sous la forme $g_0 + g_1 x + g_2 x^2$ avec $g_0,g_1,g_2 \in k(y)$. Comment passer d'une représentation à l'autre ? À titre d'exemple, exprimer $\frac{1}{y}$ sous la forme $f_0 + f_1 y$, et exprimer $\frac{1}{x}$ et $\frac{1}{x^2}$ sous la forme $g_0 + g_1 x + g_2 x^2$. \begin{corrige} On a $K = k(x)[y]/(h)$ (corps de rupture de $h$ sur $k(x)$) car il est engendré par $y$ algébrique sur $k(x)$ d'équation minimale $h=0$. Par division euclidienne par $h$ (polynôme de degré $2$) dans $k(x)[y]$, on voit tout élément de $K$ de façon unique sous la forme d'un polynôme $f_0 + f_1 y$ de degré $<2$ en $y$, à savoir le reste de la division euclidienne par $h$ dans $k(x)[y]$. L'addition se fait terme à terme (sur $f_0,f_1$). La multiplication se fait en développant et en utilisant $y^2 = x^3 + ax + b$ pour éliminer l'éventuel terme en $y^2$. L'inverse se calcule en calculant une relation de Bézout entre $f_0 + f_1 y$ et $h$ dans $k(x)[y]$ (si $u (f_0 + f_1 y) + w h = 1$ avec $u,w \in k(x)[y]$ alors $u$ est l'inverse de $f_0 + f_1 y$). Les mêmes remarques valent pour $K = k(y)[x]/(h)$ avec cette fois $h$ vu comme un élément de $k(y)[x]$, de degré $3$ en $x$. On peut donc écrire tout élément de $K$ de façon unique sous la forme d'un polynôme $g_0 + g_1 x + g_2 x^2$ de degré $<3$ en $x$, qui est aussi le reste de la division euclidienne par $h$ cette fois dans $k(y)[x]$. Les mêmes remarques valent \textit{mutatis mutandis} pour les opérations. Pour passer d'une représentation à l'autre, on peut utiliser le fait qu'on sait calculer les opérations sous l'une ou l'autre forme pour calculer la valeur d'une forme sous l'autre. À titre d'exemple, pour représenter $\frac{1}{y}$ sous la forme $f_0 + f_1 y$, on calcule une relation de Bézout $u y + w h = 1$ entre $y$ et $h$ dans $k(x)[y]$, qui est trivialement $\frac{y}{x^3 + ax + b}\times y - \frac{1}{x^3 + ax + b}\times h = 1$, c'est-à-dire que $\frac{1}{y} = \frac{1}{x^3 + ax + b}\,y$ dans $K$. De même, pour représenter $\frac{1}{x}$ sous la forme $g_0 + g_1 x + g_2 x^2$, on écrit $\frac{x^2+a}{y^2-b}\times x + \frac{1}{y^2-b}\times h = 1$ dans $k(y)[x]$, c'est-à-dire $\frac{1}{x} = \frac{a}{y^2-b} + \frac{1}{y^2-b} x^2$ dans $K$, et on peut calculer $\frac{1}{x^2}$ soit en élevant cette quantité au carré soit en calculant une nouvelle relation de Bézout, en tout cas $\frac{1}{x^2} = \frac{a^2}{(y^2-b)^2} + \frac{1}{y^2-b} x + \frac{a}{(y^2-b)^2} x^2$. \end{corrige} \smallbreak (4) Montrer que si $w$ est une valuation de $K$ au-dessus de $k$, on a $w(x) < 0$ si et seulement si $w(y) < 0$. Montrer qu'il existe au plus une valuation vérifiant ces conditions (il pourra être utile de remarquer que si $f_0, f_1 \in k(x)$ alors $w(f_0)$ et $w(f_1 y)$ ne peuvent jamais être égaux) : que valent exactement $w(x)$ et $w(y)$ ? Montrer qu'une telle valuation existe bien. On appellera cette place « point à l'infini » de $E$ et on la notera $\heartsuit$. \begin{corrige} Si $w$ est une valuation de $K$ au-dessus de $k$ telle que $e := -w(x) > 0$ alors $w(x^3 + ax + b) = -3e$, c'est-à-dire $w(y^2) = -3e$, donc $w(y) = -\frac{3}{2}e < 0$. Réciproquement, si $w(y) < 0$ alors $w(y^2) < 0$ donc $w(x^3 + ax + b) < 0$ et ceci interdit $w(x) \geq 0$ (car on aurait alors $w(x^3 + ax + b) \geq 0$). Les hypothèses $w(x)<0$ et $w(y)<0$ sont donc équivalentes. Un élément de $K = k(x)[y]/(h)$ s'écrit sous la forme $f_0 + f_1 y$. Par ailleurs, la donnée de $e = -w(x)$ détermine $w$ sur $k[x]$ (c'est $-e$ fois le degré) donc sur $k(x)$ (c'est $e$ fois la valuation $v_\infty$ usuelle en l'infini sur $k(x)$). Et comme $w(f_1 y) = -\frac{3}{2}e + w(f_1)$ n'est pas un multiple entier de $e$ donc pas égal à la valuation d'un élément de $k(x)$, la valuation de $f_0 + f_1 y$ est complètement déterminée (la valuation d'une somme dont les termes sont de valuations \emph{différentes} est le plus petit des valuations des termes, cf. \ref{valuation-ring-versus-valuation-function}(ii.b)). Bref, on a complètement caractérisé $w$, à la donnée de $e$ près, à savoir $e \min(v_\infty(f_0), v_\infty(f_1) - \frac{3}{2})$. Mais puisque l'image de $w$ doit être $\mathbb{Z} \cup \{\infty\}$ (condition de normalisation), on a forcément $e = 2$, c'est-à-dire $w(x) = -2$ et $w(y) = -3$, et plus généralement $w(f_0 + f_1 y) = \min(2 v_\infty(f_0), 2 v_\infty(f_1) - 3)$. Enfin, on constate que ceci définit bien une valuation sur $K$ (soit en le vérifiant à la main ; soit en invoquant le théorème d'existence des valuations \ref{existence-of-valuations}, appliqué à l'anneau $k(x)[\frac{1}{y}]$ des polynômes en $\frac{1}{y}$ sur $k(x)$, de corps des fractions $K$, et à son idéal premier engendré par $\frac{1}{y}$, pour affirmer que $K$ doit avoir une valuation positive sur $k(x)[\frac{1}{y}]$ et strictement positive en $\frac{1}{y}$ ; soit, tout simplement, en se rappelant que $x$ doit avoir un pôle quelque part, cf. \ref{constant-functions-on-a-curve}, c'est-à-dire qu'il doit exister une valuation telle que $w(x)<0$). \end{corrige} \smallbreak (5) Quels sont le degré de $x$ en tant que fonction sur $E$ (on rappelle, cf. \ref{degree-of-a-function}, que $\deg_E(x) := [K:k(x)]$) et de $y$ ? Plus généralement, si $f_0 \in k[x]$, quel est le degré de $f_0(x)$ en tant que fonction\footnote{Ici comme ailleurs, on aura tendance à écrire $f_0(x)$ pour souligner qu'il s'agit de l'élément de $K$ défini par $f_0 \in k(x) \subseteq K$, même s'il est impossible d'être systématique.} sur $E$ ? Montrer que la place $\heartsuit$ trouvée en (4) est rationnelle (c'est-à-dire de degré $1$, cf. \ref{degree-of-a-place}). Donner une uniformisante en $\heartsuit$. \begin{corrige} On a rappelé en (3) que l'élément $y$ est algébrique de degré $2$ sur $k(x)$ (de polynôme minimal $h$) : cela signifie précisément que l'extension algébrique $K$ de $k(x)$ engendrée par $y$ est de degré $[K:k(x)] = 2$, c'est-à-dire que $x$ est de degré $2$ en tant que fonction sur $E$. De même, le fait que $x$ soit algébrique de degré $3$ sur $k(y)$ (toujours de polynôme minimal $h$) signifie que $\deg_E(y) = 3$ en tant que fonction sur $E$. (Il est malheureux que le terme « degré » serve pour des choses différentes, et qu'ici le degré de $y$ en tant qu'algébrique sur $k(x)$ soit le degré de $x$ en tant que fonction sur $E$ et vice versa, mais cette terminologie est malheureusement bien ancrée.) Le degré de $f_0(x)$ en tant que fonction sur $E$ est $[K : k(f_0(x))] = [K : k(x)]\cdot [k(x) : k(f_0(x))]$. Dans ce produit, le premier facteur est $\deg_E(x) = 2$ d'après ce qu'on vient de dire, et puisque $x$ est transcendant sur $k(x)$, le second est le degré usuel $\deg f_0$ de $f_0$ en tant que polynôme (en se rappelant que le degré d'un polynôme est le même que son degré en tant que fonction sur $\mathbb{P}^1$, cf. circa \ref{degree-of-a-function}). En notant $\ord_\heartsuit$ la valuation $w$ trouvée en (4), l'identité du degré \ref{degree-identity} appliquée à $\frac{1}{x}$ donne $\deg_E(\frac{1}{x}) = \ord_\heartsuit(\frac{1}{x}) \, \deg(\heartsuit)$ puisque, comme on l'a montré en (4), $\heartsuit$ est la \emph{seule} place où $\frac{1}{x}$ a un zéro (i.e., la seule place $P$ pour laquelle $\ord_P(x) < 0$). Comme on a vu que $\ord_\heartsuit(x) = -2$ (donc $\ord_\heartsuit(\frac{1}{x}) = 2$) et que $\deg_E(\frac{1}{x}) = \deg_E(x) = 2$, on en déduit $\deg(\heartsuit) = 1$ : la place est \emph{rationnelle}. Une uniformisante en $\heartsuit$ est donnée par $x/y$ puisque $\ord_\heartsuit(x) = -2$ et $\ord_\heartsuit(y) = -3$. \end{corrige} \smallbreak (6) Expliquer concrètement comment voir l'évaluation en $\heartsuit$ (cf. \ref{evaluation-of-a-function-at-a-place}) d'un élément de $K$ représenté d'une des deux manières qu'on a vues en (3). \begin{corrige} Pour évaluer un élément de la forme $f_0 + f_1 y$ en $\heartsuit$, on se rappelle qu'on a vu en (4) que $\ord_\heartsuit(f_1 y)$ ne peut jamais être de la forme $\ord_\heartsuit(f_0)$. La valuation $\ord_\heartsuit$ de $f_0 + f_1 y$ est donc positive si et seulement si $\ord_\heartsuit(f_0) \geq 0$ et $\ord_\heartsuit(f_1) \geq 3$, sachant que $\ord_\heartsuit(f_0)$ est \emph{deux fois} la valuation usuelle $\ord_\infty(f_0)$ en l'infini d'une fraction rationnelle en $x$ : le terme $f_1 y$ ne peut pas être de valuation nulle en $\heartsuit$, seulement impaire. Bref, l'évaluation de $f_0 + f_1 y$ en $\heartsuit$ est la valeur de $f_0(\infty)$ pour l'évaluation usuelle des fractions rationnelles en l'infini, à condition que $\ord_\infty(f_0) \geq 0$ et $\ord_\infty(f_1) \geq \frac{3}{2}$ (i.e., $\ord_\infty(f_1) \geq 2$), et $\infty$ sinon. Le même raisonnement fonctionne pour $g_0 + g_1 x + g_2 x^2$ (les trois termes ont des valuations $\ord_\heartsuit$ congrues respectivement à $0$, $1$ et $2$ modulo $3$ donc seul $g_0$ peut avoir une valuation nulle) : son évaluation en $\heartsuit$ vaut $g_0(\infty)$ à condition que $\ord_\infty(g_0) \geq 0$ et $\ord_\infty(g_1) \geq \frac{2}{3}$ (c'est-à-dire $\ord_\infty(g_1) \geq 1$) et $\ord_\infty(g_2) \geq \frac{4}{3}$ (c'est-à-dire $\ord_\infty(g_2) \geq 2$), et $\infty$ si ces conditions ne sont pas satisfaites. Le fait qu'on ait trouvé une évaluation dans le corps $k$ de base confirme bien que $\heartsuit$ est rationnelle. \end{corrige} \smallbreak \emph{On supposera désormais que la condition trouvée en (1) est satisfaite.} (7) Soit $f_\sharp$ un facteur unitaire irréductible de $f := x^3 + ax + b$ dans $k[x]$. Montrer qu'il existe exactement une valuation $w$ de $K$ au-dessus de $k$ telle que $w(f_\sharp(x))>0$ : on calculera $w(y)$ au passage, et on considérera plus généralement la valuation de $f_0 + f_1 y$ pour $f_0,f_1 \in k(x)$. On notera $\clubsuit$ une place comme on vient de trouver. \begin{corrige} Soit $w$ une valuation de $K$ au-dessus de $k$ telle que $e := w(f_\sharp(x)) > 0$. Alors en considérant la décomposition en facteurs irréductibles d'un élément non nul quelconque de $k(x)$, on voit que $w|_{k(x)} = e v_{f_\sharp}$ où $v_{f_\sharp}$ est la valuation de $k(x)$ associée à $f_\sharp$ (i.e., la multiplicité de ce dernier dans la décomposition en facteurs irréductibles d'un élément). En particulier, comme $v_{f_\sharp}(f) = 1$ (puisque $f_\sharp$ est un facteur irréductible de $f$ et qu'il n'apparaît pas plus qu'une fois d'après l'hypothèse, trouvée en (1), que $f$ est séparable), on a $w(f) = e$, et par conséquent $w(y) = \frac{1}{2}e$. Comme $w(f_1 y) = \frac{1}{2}e + w(f_1)$ n'est pas un multiple entier de $e$ donc pas égal à la valuation d'un élément de $k(x)$, la valuation de $f_0 + f_1 y$ est complètement déterminée (la valuation d'une somme dont les termes sont de valuations \emph{différentes} est le plus petit des valuations des termes, cf. \ref{valuation-ring-versus-valuation-function}(ii.b)). Bref, on a complètement caractérisé $w$, à la donnée de $e$ près. Mais puisque l'image de $w$ doit être $\mathbb{Z} \cup \{\infty\}$ (condition de normalisation), on a forcément $e = 2$, c'est-à-dire $w(f_\sharp(x)) = 2$ et $w(y) = 1$. On a alors $w(f_0 + f_1 y) = \min(2 v_{f_\sharp}(f_0), 2 v_{f_\sharp}(f_1) + 1)$. Enfin, on constate que ceci définit bien une valuation sur $K$ (soit en le vérifiant à la main ; soit en invoquant le théorème d'existence des valuations \ref{existence-of-valuations}, appliqué à l'anneau $k[x,y]$ des polynômes en $x,y$, de corps des fractions $K$, et à son idéal premier engendré par $h,f_\sharp$, pour affirmer que $K$ doit avoir une valuation positive sur $k[x,y]$ et strictement positive en $f_\sharp$ ; soit, tout simplement, en se rappelant que $f_\sharp$ doit avoir un zéro quelque part, cf. \ref{constant-functions-on-a-curve}, c'est-à-dire qu'il doit exister une valuation telle que $w(f_\sharp)>0$). \end{corrige} \smallbreak (8) Décrire l'anneau de valuation $\mathcal{O}_\clubsuit$ de la place $\clubsuit$ associée en (7) à un facteur irréductible $f_\sharp$ de $f$ ? Expliquer quel est le corps résiduel $\varkappa_\clubsuit$ et comment voir concrètement l'évaluation en $\clubsuit$ d'un élément de $K$ représenté comme $f_0 + f_1 y$. Quel est le degré de $\clubsuit$ ? \begin{corrige} On se rappelle qu'on a vu en (7) que $\ord_\clubsuit(f_1 y)$ ne peut jamais être de la forme $\ord_\clubsuit(f_0)$. La valuation $\ord_\clubsuit$ de $f_0 + f_1 y$ est donc positive si et seulement si $\ord_\clubsuit(f_0) \geq 0$ et $\ord_\clubsuit(f_1) \geq -1$, sachant que $\ord_\clubsuit(f_0)$ est \emph{deux fois} l'exposant $\ord_{(f_\sharp)}(f_0)$ de la multiplicité de $f_\sharp$ dans la décomposition de $f$ en irréductibles : bref, l'anneau de valuation $\mathcal{O}_\clubsuit$ est l'ensemble des $f_0 + f_1 y$ telles que $\ord_{(f_\sharp)}(f_0) \geq 0$ et $\ord_{(f_\sharp)}(f_1) \geq -\frac{1}{2}$ (i.e., $\ord_{(f_\sharp)}(f_1) \geq 0$) ; on notera que cet anneau contient $A = k[x,y]/(h)$ (puisqu'il contient [les classes de] $x$ et $y$, qui engendrent $A$). L'idéal maximal $\mathfrak{m}_\clubsuit$ est formé des $f_0 + f_1 y$ telles que $\ord_{(f_\sharp)}(f_0) > 0$ et toujours $\ord_{(f_\sharp)}(f_1) \geq 0$. On a un morphisme $A/(f_\sharp,y) \to \varkappa_\clubsuit$ défini par l'inclusion $A \to \mathcal{O}_\clubsuit$ en remarquant que $f_\sharp$ et $y$ sont tous deux dans $\mathfrak{m}_\clubsuit$ (c'est-à-dire qu'ils sont dans le noyau du morphisme $A \to \mathcal{O}_\clubsuit/\mathfrak{m}_\clubsuit = \varkappa_\clubsuit$). Or $A/(f_\sharp,y) = k[x,y]/(h,f_\sharp,y) = k[x]/(f_\sharp)$ est le corps de rupture de $f_\sharp$. Vu que c'est un corps, le morphisme est injectif. Mais il est aussi surjectif car tout élément de $\mathcal{O}_\clubsuit$ se représente, modulo $f_\sharp$ et $y$, par un élément de $A$ : concrètement, si $\ord_{(f_\sharp)}(f_0) \geq 0$, on peut voir $f_0$ dans $k[x]/(f_\sharp)$ (c'est-à-dire le reste de la division euclidienne si $f_0 \in k[x]$, et sinon, on écrit une relation de Bézout entre le dénominateur de $f_0$ et $f_\sharp$), et c'est l'image recherchée. Le corps résiduel $\varkappa_\clubsuit$ est donc $k[x]/(f_\sharp)$, et l'évaluation de $f_0 + f_1 y$ en $\clubsuit$ est la valeur de $f_0$ modulo $f_\sharp$ (quitte à écrire une relation de Bézout avec le dénominateur), à condition que $\ord_\infty(f_0) \geq 0$ et $\ord_\infty(f_1) \geq 0$, et $\infty$ sinon. En particulier, le degré de $\clubsuit$ est le degré de $f_\sharp$. \end{corrige} \smallbreak (9) Soit $f_P$ un polynôme unitaire irréductible dans $k[x]$ qui \emph{ne divise pas} $f$. Soit $\kappa := k[x]/(f_P)$ le corps de rupture de $f_P$ sur $k$. On considère la classe $\bar h$ de $h$ modulo $f_P$ comme un élément de $\kappa[y]$. Rappeler pourquoi $k[x,y]/(h,f_P) = \kappa[y]/(\bar h)$. On distingue deux cas : (a) $\bar h$ se scinde dans $\kappa[y]$ comme produit de deux polynômes de degré $1$, et (b) $\bar h$ est irréductible dans $\kappa[y]$. Montrer que dans le cas (a), il existe exactement deux idéaux maximaux $\mathfrak{n}$ de $k[x,y]$ contenant $h$ et $f_P$, et que $k[x,y]/\mathfrak{n} = \kappa$ pour chacun d'entre eux ; et que dans le cas (b), il existe un unique idéal maximal $\mathfrak{n}$ de $k[x,y]$ contenant $h$ et $f_P$, à savoir l'idéal $(h,f_P)$ qu'ils engendrent, et que $k[x,y]/\mathfrak{n} =: \kappa'$ est le corps de rupture de $\bar h$ sur $\kappa$ (de degré $2$ sur $\kappa$, donc). \begin{corrige} On a $A/(f_P) = k[x,y]/(h,f_P) = \kappa[y]/(\bar h)$ : pour voir la seconde égalité, par exemple, on considère le morphisme $k[x,y] \to \kappa[y]/(\bar h)$ envoyant $x$ et $y$ respectivement sur la classe de $x$ dans $\kappa$ et sur la classe de $y$ modulo $\bar h$, il est surjectif car son image contient les classes de $x$ et $y$ qui enegndrent $\kappa[y]/(\bar h)$ comme $k$-algèbre, et son noyau est l'ensemble des polynômes dans $k[x,y]$ qui, une fois réduits modulo $f_P$ (pour donner des éléments de $\kappa[y]$) sont multiples de $\bar h$, ce qui est signifie bien qu'ils sont dans l'idéal $(h,f_P)$ engendré par $h$ et $f_P$. Les idéaux maximaux de $k[x,y]$ contenant $h,f_P$ sont donc en correspondance (et avec le même corps quotient) avec les idéaux maximaux de $\kappa[y]$ contenant $\bar h$, et ceux-ci sont eux-mêmes en correspondance avec les facteurs irréductibles de $\bar h$ dans $\kappa[y]$. Ce point étant acquis, si $\bar h \in \kappa[y]$ se factorise comme produit de deux facteurs, forcément de degré $1$, le théorème chinois montre que $\kappa[y]/(\bar h)$ est le produit de deux copies de $\kappa$, et il existe donc deux idéaux maximaux de $\kappa[y]/(\bar h)$ le quotient par chacun d'eux est isomorphe à $\kappa$, et si $\bar h$ est irréductible dans $\kappa[y]$, c'est que $\kappa[y]/(\bar h) = k[x,y]/(h,f_P)$ est un corps, de degré $\deg(\bar h) = 2$ sur $\kappa$. \end{corrige} \smallbreak (10) En continuant le contexte de la question précédente ($f_P$ polynôme unitaire irréductible ne divisant pas $f$), montrer que, quel que soit l'idéal maximal $\mathfrak{n}$ de $k[x,y]$ contenant $h$ et $f_P$, l'évaluation de $h'_y$ en $Z(\mathfrak{n})$ (qui est par définition, la classe de $h'_y$ modulo $\mathfrak{n}$, vue comme un élément de $k[x,y]/\mathfrak{n}$) n'est pas nulle. Rappeler pourquoi ceci construit sur $E$ : dans le cas (a) deux places de degré $\deg f_P$, et dans le cas (b) une place de degré $2\deg f_P$. Montrer que $f_P(x) \in K$ s'annule aux places ainsi construites. Quel est le degré $\deg_E(f_P(x))$ de $f_P(x) \in K$ en tant que fonction sur $E$ (c'est-à-dire $[K : k(f_P(x))]$) ? En déduire que $f_P(x)$ ne s'annule pas ailleurs qu'aux places qu'on a construites, et qu'il s'y annule précisément à l'ordre $1$. \begin{corrige} On a $h'_y = 2y$. On rappelle qu'un élément d'un anneau est inversible si et seulement si il n'appartient à aucun idéal maximal (cf. \ref{existence-maximal-ideals}). Pour montrer que $h'_y$ n'est pas nul dans les quotients $\kappa' = k[x,y]/\mathfrak{n}$ où $\mathfrak{n}$ est un idéal maximal de $k[x,y]$ contenant $h,f_P$, il s'agit donc de montrer que (la classe de) $y$ est inversible dans $k[x,y]/(f_P,h) = \kappa[y]/(\bar h)$. Or $\bar h \in \kappa[y]$ a pour coefficient constant la classe $\bar f = x^3 + ax + b$ modulo $f_P$. Comme on a fait l'hypothèse que $f_P$ ne divise pas $f$, cette classe est inversible dans $\kappa$. D'après \ref{smooth-points-give-unique-place}, on en déduit qu'il existe une unique place de $E$ pour chaque idéal maximal de $A$ contenant $f_P$ (c'est ici qu'on utilise $A/(f_P) = k[x,y]/(h,f_P)$), et que ces places ont les mêmes corps résiduels que les $\kappa'$ qu'on a construits. Le fait que $f_P$ s'annule aux places ainsi construites vient du fait qu'il est nul dans $\kappa$. Comme on a vu en (5), le degré de $f_P(x)$ en tant que fonction sur $E$ est $\deg_E(f_P(x)) = 2\deg f_P$. Or on a trouvé des places $Q_i$ (deux dans le cas (a) et une dans le cas (b)), de degré total $2\deg f_P$, en lesquelles $f_P(x)$ s'annule : d'après l'identité du degré, ce sont exactement toutes les places où $f_P(x)$ s'annule, et il s'annule précisément à l'ordre $\ord_{Q_i}(f_P(x)) = 1$. \end{corrige} \smallbreak (11) Expliquer pourquoi aucun élément de $A := k[x,y]/(h) \subseteq K$ ne peut avoir de pôle ailleurs qu'en la place à l'infini (celle qu'on a notée $\heartsuit$). Expliquer pourquoi $y$ n'a pas de zéro ailleurs qu'aux places (notées $\clubsuit$) trouvées en (7). Décrire précisément le diviseur principal $\divis(y)$. Décrire le diviseur principal $\divis(f_\sharp(x))$ lorsque $f_\sharp$ est un facteur unitaire irréductible de $f := x^3 + ax + b$ dans $k[x]$. Décrire le diviseur principal $\divis(f_P(x))$ lorsque $f_P = f_P(x)$ est un polynôme unitaire irréductible dans $k[x]$ qui \emph{ne divise pas} $f$. \begin{corrige} On sait que (les classes modulo $h$ de) $x$ et $y$ n'ont pas de pôle ailleurs qu'en $\heartsuit$ (vu que $\heartsuit$ était la seule place où $\ord(x) < 0$ ou bien $\ord(y) < 0$) : autrement dit, $x$ et $y$ appartiennent à $\mathcal{O}_P$ pour toute place $P \neq \heartsuit$ de $A$ ; on en déduit que tout polynôme en $x,y$, autrement dit, tout élément de $A$, a les mêmes propriétés. Si $P$ est une place telle que $\ord_P(y) > 0$ alors $\ord_P(y^2)>0$ c'est-à-dire $\ord_P(x^3 + ax + b) > 0$. Il doit donc exister un facteur irréductible $f_\sharp$ de $f := x^3 + ax + b$ tel que $\ord_P(f_\sharp) > 0$, et on a vu en (7) que ce facteur détermine uniquement la valuation $P = \clubsuit$, et qu'on a alors $\ord_\clubsuit(y) = 1$. On a donc $\divis(y) = \sum_i (\clubsuit_i) - 3(\heartsuit)$ où $\clubsuit_i$ sont les ($1$, $2$ ou $3$) places associées aux facteurs irréductibles $f_\sharp$ de $f$, ayant mêmes degrés qu'eux, et $\heartsuit$ est la place à l'infini (de degré $1$). Ce diviseur est bien de degré $0$ puisque $\sum_i \deg(\clubsuit_i) = 3$ car $\sum_i \deg f_{\sharp i} = \deg f = 3$. Si $f_\sharp$ est un diviseur de $f$, et $\clubsuit$ la place correspondante, on a $\ord_\clubsuit(f_\sharp(x)) = 2$ d'après (7) et $\ord_\heartsuit(f_\sharp(x)) = -2\deg(f_\sharp)$ d'après (4). Puisque $\deg_E(f_\sharp(x)) = 2\deg f_\sharp$ (cf. (5)), l'identité du degré confirme qu'on a bien trouvé tous les zéros et tous les pôles de $f_\sharp(x)$ : autrement dit, $\divis(f_\sharp(x)) = 2(\clubsuit) - 2\deg(f_\sharp) \cdot (\heartsuit)$. Si $f_P$ est irréductible mais n'est pas un diviseur de $f$, on a toujours $\ord_\heartsuit(f_P(x)) = -2\deg(f_P)$ d'après (4) et $\deg_E(f_P(x)) = 2\deg f_P$. Cette fois, cependant, d'après (11), il existe une ou deux places $Q_i$, de degré total $\sum_i \deg(Q_i) = 2\deg f_P$, telles que $\ord_{Q_i}(f_P(x)) = 1$. Autrement dit, $\divis(f_P(x)) = \sum_i (Q_i) - 2\deg(f_P) \cdot (\heartsuit)$. \end{corrige} \smallbreak (12) On a construit différentes sortes de places de $E$ : la place $\heartsuit$ « à l'infini » en (4), une place $\clubsuit$ pour chaque facteur irréductible $f_\sharp$ de $f := x^3 + ax + b$ en (7), et une ou deux places $Q_i$ pour chaque facteur irréductible $f_P$ qui \emph{ne divise pas} $f$ en (9). Expliquer pourquoi on a ainsi une description complète des places de $E$ (on pourra considérer la restriction à $k(x) \subseteq K$ d'une place de $K$). \begin{corrige} Si $w$ est une place quelconque de $K$, il est clair que sa restriction $w|_{k(x)}$ à $k(x)$ vérifie (o), (i) et (ii) de \ref{valuation-ring-versus-valuation-function} puisque c'est le cas de $w$. C'est donc \emph{à multiplication près par un entier $e\geq 1$} une valuation sur $k(x)$, au-dessus de $k$. Cette valuation n'est pas triviale car si elle l'est, c'est-à-dire si $w$ est nulle sur $k(x)$ on a $w(y) = w(x^3 + ax + b) \geq 0$ donc $w$ est positive sur tout élément de la forme $f_0 + f_1 y$, mais aussi sur son inverse pour la même raison, bref sur tout élément de $K$, et du coup $w$ est triviale, ce qui contredit l'hypothèse qu'il s'agisse d'une place de $E$. On a donc $e \geq 1$ et $w|_{k(x)} = ev$ avec $e$ une place de $k(x)$ au-dessus de $k$. Or on sait qu'une telle place est forcément soit la place à l'infini soit la place définie par un polynôme unitaire irréductible dans $k[x]$, et selon le cas que ce dernier divise ou ne divise pas $f$, on trouve dans les différents cas $w(x) < 0$ ou bien $w(f_\sharp(x)) > 0$ ou encore $w(f_P(x)) > 0$, donc une des places qu'on a classifiées. \end{corrige} \smallbreak \emph{On pourra désormais librement supposer que $k$ est parfait} (même si ce n'est pas utile ici). (13) Relier $dx$ et $dy$ dans $\Omega^1_{K/k}$. Relier $dx$ et $d(f_0(x))$ lorsque $f_0 \in k[x]$ est un polynôme quelconque. En déduire $\ord_M(dx)$ pour les différentes places $M$ de $E$, c'est-à-dire, décrire $\divis(dx)$. Quel est le genre de la courbe $E$ ? \begin{corrige} On a $y = x^3 + ax + b$ donc $y\,dy = (3x^2+a)\,dx$, ce qui peut bien sûr se réécrire librement en $\frac{dy}{dx} = \frac{3x^2+a}{y} = \frac{3x^2+a}{x^3+ax+b}y$, ou encore $\frac{dy}{3x^2+a} = \frac{dx}{y}$ ou encore $\frac{1}{3x^2+a}\,dy = \frac{1}{x^3+ax+b}\,y\,dx$. %% $\frac{1}{3x^2+a} = \frac{4a^2}{27 y^4 - 54 b y^2 + \Delta} + %% \frac{9y^2 - 9b}{27 y^4 - 54 b y^2 + \Delta} x + \frac{6a}{27 y^4 - 54 %% b y^2 + \Delta} x^2$ Si $f_0 \in k[x]$, on a $d(f_0(x)) = f_0'(x)\,dx$ où $f_0'$ est la dérivée usuelle des polynômes : cela résulte facilement de l'application des règles de calcul sur $d$. Calculons $\ord_M(dx)$ pour les différentes places $M$ de $E$. En $\heartsuit$, on sait que $\ord_\heartsuit(x) = -2$, d'où il résulte que $\ord_\heartsuit(dx) = -3$ (cf. \ref{order-of-derivatives}). En une place $\clubsuit$, on sait que $\ord_\clubsuit(f_\sharp(x)) = 2$, d'où il résulte que $\ord_\clubsuit(d(f_\sharp(x))) = 1$, c'est-à-dire $\ord_\clubsuit(f_\sharp'(x)) + \ord_\clubsuit(dx) = 1$. Mais on a vu que $\ord_\clubsuit(r(x)) = 2\ord_{(f_\sharp)}(r)$ quel que soit $r \in k(x)$, et par ailleurs $f_\sharp'$ et $f_\sharp$ sont premiers entre eux dans $k[x]$ vu que $f_\sharp$ est séparable (puisqu'il divise $f$). Bref, $\ord_\clubsuit(dx) = 1$. On pouvait aussi le déduire du fait que $\ord_\clubsuit(y) = 1$ donc $\ord_\clubsuit(dy) = 0$, et $dx = \frac{y}{3x^2+a}\,dy$ où l'ordre du dénominateur est $0$ en chaque place $\clubsuit$ (puisque $3x^2+a$ est premier avec $f$). Enfin, en une place $Q$ telle que $\ord_Q(f_P(x)) = 1$, on a $\ord_Q(d(f_P(x))) = 0$, c'est-à-dire $\ord_Q(f_P'(x)) + \ord_Q(dx) = 0$, et comme les deux termes sont positifs (puisque $A \subseteq \mathcal{O}_Q$ comme on l'a déjà signalé), ils sont tous les deux nuls, bref $\ord_Q(dx) = 0$. Finalement, on a $\divis(dx) = \sum_i (\clubsuit_i) - 3(\heartsuit)$ (diviseur de degré $0$, qui coïncide avec $\divis(y)$). Le genre de la courbe $E$ est donné par l'égalité $\deg(\divis(dx)) = 2g-2$ (cf. \ref{degree-of-canonical-divisor}), donc $g = 1$. \end{corrige} \smallbreak (14) Donner un élément $\omega \in \Omega^1_{K/k}$ tel que $\divis(\omega) = 0$. \begin{corrige} On a vu que $\divis(dx) = \divis(y)$, donc la différentielle $\frac{dx}{y} = \frac{1}{x^3 + ax + b}\,y\,dx = \frac{1}{3x^2+a}\,dy$ répond à la question. \end{corrige} \smallbreak (15) Si $D$ est un diviseur de degé $1$ sur $E$, montrer que $\ell(D) = 1$. En déduire que tout diviseur $D$ de degré $0$ est linéairement équivalent à $(M) - (\heartsuit)$ pour une place $M$ de degré $1$ (on considérera un élément non nul dans $\mathscr{L}(D + (\heartsuit))$). Montrer que cette place est unique, i.e., que $(M) - (\heartsuit)$ n'est linéairement équivalent à $(M') - (\heartsuit)$ que pour $M'=M$ (on pourra noter que tout élément de $\mathscr{L}((M))$ est une constante). \begin{corrige} D'après \ref{degree-of-canonical-divisor}(B), si $D$ est de degré $1 > 2g-2$, on a $\ell(D) = \deg D + 1 - g = 1$. Si maintenant $D$ est de degré $0$, alors $D + (\heartsuit)$ est de degré $1$, donc on vient de voir qu'il existe $z \in \mathscr{L}(D + (\heartsuit))$ non nul, c'est-à-dire $\divis(z) + D + (\heartsuit) \geq 0$, or le membre de gauche est de degré $1$, et un diviseur effectif de degré $1$ est évidemment de la forme $(M)$ pour $M$ une place rationnelle. On a donc $\divis(z) + D + (\heartsuit) = (M)$, ce qui donne bien $D \sim (M) - (\heartsuit)$. Enfin, $M$ est unique sous ces conditions, car si $(M') - (\heartsuit) \sim (M) - (\heartsuit)$, autrement dit $(M') - (M) = \divis(u)$ pour un certain $u\in K^\times$, on a $u \in \mathscr{L}((M))$, et on vient de voir que $\ell((M)) = 1$, c'est-à-dire que $\mathscr{L}((M))$ ne contient que les constantes, bref, $\divis(u) = 0$ et $M = M'$. \end{corrige} % % % \end{document}