%% This is a LaTeX document. Hey, Emacs, -*- latex -*- , get it? \documentclass[12pt,a4paper]{article} \usepackage[a4paper,hmargin=2cm,vmargin=3cm]{geometry} \usepackage[french]{babel} \usepackage[utf8]{inputenc} \usepackage[T1]{fontenc} %\usepackage{ucs} \usepackage{times} % A tribute to the worthy AMS: \usepackage{amsmath} \usepackage{amsfonts} \usepackage{amssymb} \usepackage{amsthm} % \usepackage{mathrsfs} \usepackage{wasysym} \usepackage{url} \usepackage{mathpartir} \usepackage{flagderiv} % \usepackage{graphics} \usepackage[usenames,dvipsnames]{xcolor} \usepackage{tikz} \usetikzlibrary{arrows} \usepackage{hyperref} % \theoremstyle{definition} \newtheorem{comcnt}{Tout} \newcommand\thingy{% \refstepcounter{comcnt}\medskip\noindent\textbf{\thecomcnt.} } \newcommand\exercice[1][Exercice]{% \refstepcounter{comcnt}\bigskip\noindent\textbf{#1~\thecomcnt.}\par\nobreak} \renewcommand{\qedsymbol}{\smiley} % \newcommand{\dbllangle}{\mathopen{\langle\!\langle}} \newcommand{\dblrangle}{\mathclose{\rangle\!\rangle}} \newcommand{\dottedlimp}{\mathbin{\dot\Rightarrow}} \newcommand{\dottedland}{\mathbin{\dot\land}} \newcommand{\dottedlor}{\mathbin{\dot\lor}} \newcommand{\dottedtop}{\mathord{\dot\top}} \newcommand{\dottedbot}{\mathord{\dot\bot}} \newcommand{\dottedneg}{\mathop{\dot\neg}} \mathchardef\emdash="07C\relax % \DeclareUnicodeCharacter{00A0}{~} % % \newcommand{\spaceout}{\hskip1emplus2emminus.5em} \newif\ifcorrige \corrigetrue \newenvironment{corrige}% {\ifcorrige\relax\else\setbox0=\vbox\bgroup\fi% \smallbreak\noindent{\underbar{\textit{Corrigé.}}\quad}} {{\hbox{}\nobreak\hfill\checkmark}% \ifcorrige\par\smallbreak\else\egroup\par\fi} % % % \begin{document} \ifcorrige \title{INF110 / CSC-3TC34-TP\\Contrôle de connaissances — Corrigé\\{\normalsize Logique et Fondements de l'Informatique}} \else \title{INF110 / CSC-3TC34-TP\\Contrôle de connaissances\\{\normalsize Logique et Fondements de l'Informatique}} \fi \author{} \date{29 janvier 2025} \maketitle \pretolerance=8000 \tolerance=50000 \vskip1truein\relax \noindent\textbf{Consignes.} Les exercices et le problème sont totalement indépendants les uns des autres. Ils pourront être traités dans un ordre quelconque, mais on demande de faire apparaître de façon très visible dans les copies où commence chaque exercice (tirez au moins un trait sur toute la largeur de la feuille entre deux exercices). Les questions du problème dépendent les unes des autres, mais ont été rédigées de manière à ce que chacune donne toutes les informations nécessaires pour passer à la suite. Mais comme elles (les questions du problème) présentent une gradation approximative de difficulté, il est recommandé de les traiter dans l'ordre. La longueur du sujet ne doit pas effrayer : l'énoncé du problème est très long parce que des rappels ont été faits et que les questions ont été rédigées de façon aussi précise que possible. Par ailleurs, il ne sera pas nécessaire de tout traiter pour avoir le maximum des points. \medbreak Les exercices 1 à 4 portent sur Coq. L'exercice 5 porte sur le calcul propositionnel. Le problème final porte sur la calculabilité. \medbreak L'usage de tous les documents écrits (notes de cours manuscrites ou imprimées, feuilles d'exercices, livres) est autorisé. L'usage des appareils électroniques est interdit. \medbreak Durée : 3h Barème \emph{approximatif} et \emph{indicatif} (sur $20$) : \textcolor{red}{à écrire}. \ifcorrige Ce corrigé comporte 14 pages \textcolor{red}{(à revérifier)} (page de garde incluse). \else Cet énoncé comporte 8 pages \textcolor{red}{(à revérifier)} (page de garde incluse). \fi \vfill {\tiny\noindent \immediate\write18{sh ./vc > vcline.tex} Git: \input{vcline.tex} \immediate\write18{echo ' (stale)' >> vcline.tex} \par} \pagebreak % % % \exercice Dans cet exercice, on considère des paires d'états d'une preuve en Coq avant et après l'application d'une tactique. On demande de retrouver quelle est la tactique ou la séquence de tactiques appliquée. \smallskip \textbf{(1)} On part de l'état suivant : \begin{verbatim} A, B, C : Prop ============================ (A /\ B) /\ C <-> A /\ B /\ C \end{verbatim} et on veut arriver à l'état suivant : \begin{verbatim} First subgoal: A, B, C : Prop ============================ (A /\ B) /\ C -> A /\ B /\ C Second subgoal: A, B, C : Prop ============================ A /\ B /\ C -> (A /\ B) /\ C \end{verbatim} \smallskip \textbf{(2)} On part de l'état suivant : \begin{verbatim} A, B, C : Prop H : (A /\ B) /\ C ============================ A \end{verbatim} et on veut arriver à l'état suivant : \begin{verbatim} H1 : A H2 : B H3 : C ============================ A \end{verbatim} \smallskip \textbf{(3)} On part de l'état suivant : \begin{verbatim} A, B, C : Prop H : A ============================ A \/ B \end{verbatim} et on veut arriver à l'état suivant : \begin{verbatim} No more goals. \end{verbatim} \smallskip \textbf{(4)} On part de l'état suivant : \begin{verbatim} ============================ (A -> B) -> ~ B -> ~ A \end{verbatim} et on veut arriver à l'état suivant : \begin{verbatim} H1 : A -> B H2 : ~ B H3 : A ============================ False \end{verbatim} \smallskip \textbf{(5)} On part de l'état suivant : \begin{verbatim} n, m : nat ============================ n + m = m + n \end{verbatim} et on veut arriver à l'état suivant : \begin{verbatim} First subgoal: m : nat ============================ 0 + m = m + 0 Second subgoal: n, m : nat IHn : n + m = m + n ============================ S n + m = m + S n \end{verbatim} \smallskip \textbf{(6)} On part de l'état suivant : \begin{verbatim} n, m : nat ============================ S (n + m) = S (m + n) \end{verbatim} et on veut arriver à l'état suivant : \begin{verbatim} n, m : nat ============================ n + m = m + n \end{verbatim} \smallskip \textbf{(7)} On part de l'état suivant : \begin{verbatim} n, m : nat H : S n = S m ============================ n + 1 = m + 1 \end{verbatim} et on veut arriver à l'état suivant : \begin{verbatim} n, m : nat H : n = m ============================ n + 1 = m + 1 \end{verbatim} \begin{corrige} \smallskip \textbf{(1)} \verb|split|. \textbf{(2)} En deux étapes : \verb|destruct H as (H1, H3). destruct H1 as (H1, H2).| Possible également en une seule étape : \verb|destruct H as ((H1, H2), H3).| \textbf{(3)} \verb|left. assumption.| \textbf{(4)} \verb|intros H1 H2 H3.| \textbf{(5)} \verb+induction n as [|n IHn].+ ou simplement \verb|induction n.| \textbf{(6)} \verb|f_equal.| (la tactique) ou \verb|apply f_equal.| (le lemme). \textbf{(7)} \verb|injection H as H.| \end{corrige} % % % \exercice Si l'on dispose du lemme suivant en Coq : \begin{verbatim} Lemma add_0_r : forall n : nat, n + 0 = n. \end{verbatim} Parmi les buts suivants, quand peut-on utiliser ce lemme avec la tactique \texttt{rewrite} ? Quand peut-on utiliser ce lemme avec la tactique \texttt{apply} ? Justifier brièvement. \smallskip \textbf{(1)} \begin{verbatim} n : nat ============================ n + 0 = 0 + n \end{verbatim} \smallskip \textbf{(2)} \begin{verbatim} n, m : nat ============================ (n + m) + 0 = m + n \end{verbatim} \smallskip \textbf{(3)} \begin{verbatim} n, m : nat ============================ (m * n) + 0 = m * n \end{verbatim} \smallskip \textbf{(4)} \begin{verbatim} n, m : nat ============================ (n + 0) + m = n + m \end{verbatim} \begin{corrige} \smallskip \textbf{(1)} On peut utiliser \texttt{rewrite -> add\_0\_r.} car le but contient un sous-terme de la forme \texttt{?n + 0} (où \texttt{?n} est \texttt{n}). On peut également utiliser \texttt{apply add\_0\_r.} car le but est convertible à \texttt{?n + 0 = ?n} (car la partie droite de l'égalité se simplifie en \texttt{n}). \textbf{(2)} On peut utiliser \texttt{rewrite -> add\_0\_r.} car le but contient un sous-terme de la forme \texttt{?n + 0} (où \texttt{?n} est \texttt{n + m}). On ne peut pas utiliser \texttt{apply add\_0\_r.} car le but n'est pas convertible à \texttt{?n + 0 = ?n} (sauf à réécrire au préalable le but avec la commutativité de l'addition). \textbf{(3)} On peut utiliser \texttt{rewrite -> add\_0\_r.} car le but contient un sous-terme de la forme \texttt{?n + 0} (où \texttt{?n} est \texttt{m * n}). On peut également utiliser \texttt{apply add\_0\_r.} car le but est de la forme \texttt{?n + 0 = ?n} (où \texttt{?n} est \texttt{m * n}). \textbf{(4)} On peut utiliser \texttt{rewrite -> add\_0\_r.} car le but contient un sous-terme de la forme \texttt{?n + 0} (où \texttt{?n} est \texttt{n}). On ne peut pas utiliser \texttt{apply add\_0\_r.} car le but n'est pas convertible à \texttt{?n + 0 = ?n} (sauf à se débarrasser au préalable du \texttt{+ m} grâce à la tactique \texttt{f\_equal}). \end{corrige} % % % \exercice Dans cet exercice, on donne un terme de preuve Coq et on demande de retrouver le théorème du calcul propositionnel intuitionniste qu'il prouve. \smallskip \textbf{(1)} \verb|fun H : A => H| \smallskip \textbf{(2)} \verb|fun (H1 : A -> B) (H2 : B -> C) (H3 : A) => H2 (H1 H3)| \smallskip \textbf{(3)} \verb|fun (H1 : A -> B) (H2 : ~ B) => (fun H3 : A => H2 (H1 H3))| \begin{corrige} \smallskip \textbf{(1)} $A \Rightarrow A$. \textbf{(2)} $(A \Rightarrow B) \Rightarrow (B \Rightarrow C) \Rightarrow A \Rightarrow C$. \textbf{(3)} $(A \Rightarrow B) \Rightarrow \neg B \Rightarrow \neg A$. \end{corrige} % % % \exercice \textbf{(1)} Définir en Coq un type pour représenter les jours de la semaine (7 valeurs possibles). \smallskip \textbf{(2)} Définir une fonction qui, étant donné un jour de la semaine, renvoie le jour suivant. \smallskip \textbf{(3)} Énoncer un lemme en Coq affirmant que le jour suivant du dimanche est le lundi. \smallskip \textbf{(4)} Avec quelle(s) tactique(s) peut-on prouver ce lemme ? \smallskip \textbf{(5)} Énoncer un lemme en Coq affirmant que le jour suivant du jour $j$ n'est pas $j$. \smallskip \textbf{(6)} Expliquer dans les grandes lignes comment on pourrait prouver ce lemme en Coq (notamment qu'elles seraient les principales tactiques utilisées). \begin{corrige} \smallskip \textbf{(1)} On définit un type inductif à 7 constructeurs : \begin{verbatim} Inductive jour : Type := | lundi : jour | mardi : jour | mercredi : jour | jeudi : jour | vendredi : jour | samedi : jour | dimanche : jour. \end{verbatim} \textbf{(2)} On définit une fonction (non récursive) par pattern matching : \begin{verbatim} Definition suivant (j : jour) : jour := match j with | lundi => mardi | mardi => mercredi | mercredi => jeudi | jeudi => vendredi | vendredi => samedi | samedi => dimanche | dimanche => lundi end. \end{verbatim} \textbf{(3)} \verb|Lemma suivant_dimanche_lundi : suivant dimanche = lundi.| \textbf{(4)} \verb|simpl.| (optionnel) suivi de \verb|reflexivity.| \textbf{(5)} \verb|Lemma suivant_est_different : forall j : jour, suivant j <> j.| ou \verb|forall j : jour, ~ suivant j = j| (équivalents étant donné que \verb|<>| n'est qu'une notation en Coq). \textbf{(6)} On peut prouver ce lemme par analyse de cas sur \texttt{j} (tactique \texttt{destruct j.}). Après un appel optionnel à \texttt{simpl.} ou \texttt{simpl in *.} pour calculer la valeur de \texttt{suivant j} dans chaque cas, on peut conclure par \texttt{discriminate.} pour montrer que les deux termes sont différents. Preuve complète : \begin{verbatim} Lemma suivant_est_different : forall j : jour, suivant j <> j. Proof. intros j H. destruct j; simpl in *; discriminate. Qed. \end{verbatim} \vskip-4ex\leavevmode \end{corrige} % % % \exercice En utilisant une des sémantiques vues en cours pour le calcul propositionnel intuitionniste, montrer que la formule suivante n'est pas démontrable en calcul propositionnel intuitionniste : \[ \big(((A\Rightarrow B)\Rightarrow B) \land ((B\Rightarrow A)\Rightarrow A)\big) \; \Rightarrow \; (A\lor B) \] (\emph{Indications :} Si on souhaite utiliser la sémantique des ouverts, on pourra utiliser deux demi-droites de même origine dans la droite réelle. Si on souhaite utiliser la sémantique de Kripke, on pourra prendre le cadre $\{u,v,w\}$ avec l'ordre engendré par les seules relations $u\leq v$ et $u\leq w$, et considérer les affectations de vérité valant $1$ uniquement dans le monde $v$ respectivement $w$. Si on souhaite utiliser la sémantique de la réalisabilité propositionnelle, on remarquera qu'un programme $e$ qui réalise cette formule pour $A=\mathbb{N}$ et $B=\varnothing$ doit renvoyer un élément de la forme $\langle 0,\emdash\rangle$ si on l'applique à $\langle c,c\rangle$ avec $c$ le code de Gödel d'une fonction constante quelconque, et que pour $A=\varnothing$ et $B=\mathbb{N}$ il doit renvoyer $\langle 1,\emdash\rangle$.) La formule en question est-elle démontrable en calcul propositionnel classique ? (On ne demande pas forcément d'en exhiber une démonstration.) \begin{corrige} \emph{Avec la sémantique des ouverts :} Travaillons sur les ouverts de $X = \mathbb{R}$. Posons $U = \{t\in\mathbb{R} : t<0\}$ et $V = \{t\in\mathbb{R} : t>0\}$. Ce sont bien des ouverts. Alors $(U\dottedlimp V) = V$ donc $((U\dottedlimp V)\dottedlimp V) = \mathbb{R}$. Symétriquement, $((V\dottedlimp U)\dottedlimp U) = \mathbb{R}$. En revanche, $U\dottedlor V = \mathbb{R}\setminus\{0\}$. On en déduit pour la formule tout entière que $\big(((U\dottedlimp V)\dottedlimp V) \land ((V\dottedlimp U)\dottedlimp U)\big) \; \dottedlimp \; (U\lor B)$ vaut $\mathbb{R}\setminus\{0\}$ : comme ceci n'est pas $X$ tout entier, la formule n'est pas prouvable (par correction de la sémantique des ouverts de $X$). \emph{Avec la sémantique de Kripke :} Travaillons dans le cadre de Kripke $\{u,v,w\}$ avec pour seules relations non-triviales $u\leq v$ et $u\leq w$. Soit $p$ l'affectation de vérité valant $1$ en $v$ et $0$ partout ailleurs, et $q$ celle valant $1$ en $w$ et $0$ partout ailleurs. Ce sont bien des affectations de vérité (c'est-à-dire ici que si elles valent $1$ en $u$, ce qui ne se produit jamais, elles valent $1$ partout). On vérifie alors que $(p\dottedlimp q) = q$ donc $((p\dottedlimp q)\dottedlimp q) = 1$. Symétriquement, $((q\dottedlimp p)\dottedlimp p) = 1$. En revanche, $p\dottedlor q$ vaut $1$ en $v$ et $w$ mais $0$ en $u$. On en déduit pour la formule tout entière que $\big(((p\dottedlimp q)\dottedlimp q) \land ((q\dottedlimp p)\dottedlimp p)\big) \; \dottedlimp \; (p\lor q)$ vaut $1$ en $v$ et $w$ mais $0$ en $u$ : comme ceci n'est pas $1$ partout, la formule n'est pas prouvable (par correction de la sémantique de Kripke). \emph{Avec la sémantique de la réalisabilité propositionnelle :} Supposons que $e$ réalise la formule. Si $A = \mathbb{N}$ et $B = \varnothing$, alors $(A \dottedlimp B) = \varnothing$ donc $((A \dottedlimp B) \dottedlimp B) = \mathbb{N}$, et $(B \dottedlimp A) = \mathbb{N}$ donc $((A \dottedlimp B) \dottedlimp B) = \mathbb{N} \dottedlimp \mathbb{N}$ est l'ensemble des codes de Gödel des fonctions récursives totales $\mathbb{N}\to\mathbb{N}$. Fixons $c$ un tel code de Gödel, disons celui du programme qui renvoie immédiatement $0$. Alors $\langle c,c\rangle$ est dans $((A \dottedlimp B) \dottedlimp B) \dottedland ((A \dottedlimp B) \dottedlimp B)$, donc $\varphi_e(\langle c,c\rangle)$ doit être dans $A\dottedlor B$, et comme $B$ est vide, il est forcément de la forme $\langle 0,m\rangle$ avec $m\in A$. Mais exactement le même raisonnement en échangeant $A$ et $B$ (qui ont un rôle symétrique) montre que si $A = \varnothing$ et $B = \mathbb{N}$ alors $\varphi_e(\langle c,c\rangle)$ doit être dans $A\dottedlor B$ et cette fois de la forme $\langle 1,n\rangle$ avec $n\in B$. Comme $\varphi_e(\langle c,c\rangle)$ ne peut pas être à la fois de la forme $\langle 0,\emdash\rangle$ et $\langle 1,\emdash\rangle$, c'est que la formule n'est pas réalisable. En particulier, elle n'est pas prouvable (par correction de la sémantique de la rélisabilité propositionnelle). Enfin, concernant la formule en logique classique, un simple tableau de vérité montre qu'elle est vraie dans chacun des quatre cas de figure, donc la formule est classiquement prouvable (par complétude de la sémantique booléenne pour la logique classique). \end{corrige} % % % %% \bigbreak %% \hbox to\hsize{\hrulefill} %% \smallskip \pagebreak \exercice[Problème] \textbf{Notations :} Dans tout cet exercice, on notera comme d'habitude $\varphi_e\colon\mathbb{N}\dasharrow\mathbb{N}$ (pour $e\in\mathbb{N}$) la $e$-ième fonction partielle calculable (i.e. générale récursive). On notera \[ \mathsf{PartCalc} := \{\varphi_e \; : \; e\in\mathbb{N}\} = \{g\colon\mathbb{N}\dasharrow\mathbb{N} \; : \; \exists e\in\mathbb{N}.\,(g = \varphi_e)\} \] l'ensemble des fonctions \emph{partielles} calculables $\mathbb{N}\dasharrow\mathbb{N}$, ainsi que \[ \mathsf{TotCode} := \{e\in\mathbb{N} \; : \; \varphi_e\hbox{~est totale}\} = \{e\in\mathbb{N} \; : \; \varphi_e\in\mathsf{TotCalc}\} \] l'ensemble des codes des programmes qui définissent une fonction \emph{totale} $\mathbb{N}\to\mathbb{N}$ (i.e., terminent et renvoient un entier quel que soit l'entier qu'on leur fournit en entrée), et \[ \mathsf{TotCalc} := \{\varphi_e \; : \; e\in\mathsf{TotCode}\} = \{g\colon\mathbb{N}\to\mathbb{N} \; : \; \exists e\in\mathbb{N}.\,(g = \varphi_e)\} \] l'ensemble correspondant des fonctions \emph{totales} calculables $\mathbb{N}\to\mathbb{N}$, i.e., celles calculées par les programmes qu'on vient de dire. \smallskip On va s'intéresser à la notion (qu'on va définir) de fonction calculable $\mathsf{PartCalc} \to \mathbb{N}$ d'une part, et $\mathsf{TotCalc} \to \mathbb{N}$ d'autre part. (On parle parfois de « fonctionnelles » ou de « fonction de second ordre » pour ces fonctions sur les fonctions. On souligne qu'on parle bien ici de fonction \emph{totales} $\mathsf{PartCalc} \to \mathbb{N}$ et $\mathsf{TotCalc} \to \mathbb{N}$.) \medskip \textbf{Définition :} (A) Une fonction (totale !) $F\colon \mathsf{PartCalc} \to \mathbb{N}$ est dite \emph{calculable} lorsque la fonction $\hat F\colon \mathbb{N} \to \mathbb{N}$ définie par $\hat F(e) = F(\varphi_e)$ est calculable.\quad (B) De même, une fonction (totale) $F\colon \mathsf{TotCalc} \to \mathbb{N}$ est dite calculable lorsqu'il existe une fonction $\hat F\colon \mathbb{N} \dasharrow \mathbb{N}$ partielle calculable telle que telle que $\hat F(e) = F(\varphi_e)$ pour tout $e \in \mathsf{TotCode}$. \smallskip En français : une fonctionnelle définie sur l'ensemble des fonctions calculables partielles ou totales est elle-même dite calculable lorsqu'il existe un programme qui calcule $F(g)$ à partir du code $e$ d'un programme quelconque calculant $g$. \smallskip {\footnotesize Il est évident dans le cas (A) que la fonction $\hat F$ vérifie forcément $(\varphi_{e_1} = \varphi_{e_2}) \; \Longrightarrow (\hat F(e_1) = \hat F(e_2))$ ; c'est-à-dire qu'elle est « extensionnelle » : elle doit renvoyer la même valeur sur deux programmes qui calculent la même fonction (= ont la même « extension »). D'ailleurs (on ne demande pas de justifier ce fait, qui est facile), se donner une fonction $F\colon \mathsf{PartCalc} \to \mathbb{N}$ revient exactement à se donner une fonction $\hat F\colon \mathbb{N} \to \mathbb{N}$ ayant cette propriété d'« extensionnalité ». De même, dans le cas (B), se donner une fonction $F\colon \mathsf{TotCalc} \to \mathbb{N}$ revient exactement à se donner une fonction $\hat F\colon \mathsf{TotCode} \dasharrow \mathbb{N}$ qui soit extensionnelle sur $\mathsf{TotCode}$. La définition ci-dessus dit donc que $F$ est calculable lorsque la $\hat F$ qui lui correspond est elle-même calculable dans le cas (A), ou, dans le cas (B) la restriction à $\mathsf{TotCode}$ d'une fonction calculable partielle sur $\mathbb{N}$ dont le domaine de définition contient au moins $\mathsf{TotCode}$. \par} \bigskip \textbf{(1)} Montrer que toute fonction (totale !) calculable $F\colon \mathsf{PartCalc} \to \mathbb{N}$ est en fait constante. Pour cela, on pourra supposer par l'absurde que $F$ prend deux valeurs distinctes, disons $v_1$ et $v_2$, et considérer l'ensemble des $e$ tels que $F(\varphi_e) = v_1$ (i.e., tels que $\hat F(e) = v_1$). (Pourquoi est-il décidable ? Et pourquoi est-ce une contradiction ?) \begin{corrige} Si $F$ n'est pas constante, il existe $v_1\neq v_2$ tels que $F$ prenne la valeur $v_1$ et la valeur $v_2$, disons $F(\varphi_{e_1}) = v_1$ et $F(\varphi_{e_2}) = v_2$. Considérons l'ensemble $D_1$ des $e$ tels que $F(\varphi_e) = v_1$, c'est-à-dire $\hat F(e) = v_1$ par définition de $\hat F$. D'une part, cet ensemble $D_1$ est décidable : pour décider si $e\in D_1$, il suffit de calculer $\hat F(e)$ (ce qui est possible par l'hypothèse que $F$, i.e., que $\hat F$, est calculable), et tester si sa valeur vaut $v_1$. D'autre part, $D_1$ n'est ni vide (puisque $e_1 \in D_1$) et n'est pas plein (puisque $e_2 \not\in D_1$). Or ceci contredit le théorème de Rice, lequel affirme que si $E \subseteq \mathsf{PartCalc}$ est tel que l'ensemble $\{e \in \mathbb{N} : \varphi_e \in E\}$ est décidable, alors il est vide ou plein (ici, on prend $E = \{g\in\mathsf{PartCalc} : F(g) = v_1\}$). \end{corrige} \medskip \textbf{(2)} Expliquer pourquoi il existe des fonctions calculables (totales) $F\colon \mathsf{TotCalc} \to \mathbb{N}$ qui ne sont pas constantes. Donner un exemple explicite. Pour cela, on pourra penser évaluer en un point, c'est-à-dire exécuter, le programme dont on a reçu le code en argument (on rappellera pourquoi on peut faire cela). Par ailleurs, on fera clairement ressortir pourquoi le raisonnement tenu ici ne s'applique pas à la question (1). \begin{corrige} La fonction partielle $e\mapsto\varphi_e(0)$ (ou, plus généralement, $(e,x) \mapsto \varphi_e(x)$) est calculable par l'existence d'un programme universel. Ceci montre que la fonction $F\colon \mathsf{TotCalc} \to \mathbb{N}$ donnée par $g \mapsto g(0)$ est calculable (la fonction $\hat F$ qui lui correspond étant justement $e\mapsto\varphi_e(0)$). Ce raisonnement n'était pas applicable à $\mathsf{PartCalc}$ car on cherche à définir une fonction \emph{totale}, or $g \mapsto g(0)$ n'est que partielle sur $\mathsf{PartCalc}$ (tandis qu'elle est totale sur $\mathsf{TotCalc}$). Plus généralement, on peut construire énormément de fonctions calculables $\mathsf{TotCalc} \to \mathbb{N}$ en appliquant librement l'évaluation de l'argument qu'on a reçu (qui, par hypothèse, est toujours défini). Un autre exemple serait la fonction $g \mapsto g(0) + g(1)$ ou encore $g \mapsto g(g(0))$. \end{corrige} \medskip Fixons maintenant une fonction calculable $F\colon \mathsf{TotCalc} \to \mathbb{N}$, ainsi que la fonction $\hat F\colon \mathbb{N} \dasharrow \mathbb{N}$ qui lui correspond d'après le (B) des définitions ci-dessus. Dans les questions (3) à (8) qui suivent, on cherche à démontrer que $F$ a la propriété\footnote{Si on sait ce que cela signifie, cette propriété peut s'exprimer ainsi : $F$ est continue (ou, ce qui revient ici au même : localement constante) lorsque $\mathsf{TotCalc}$ est muni de la topologie [héritée de la topologie] produit sur $\mathbb{N}^{\mathbb{N}}$.} suivante (« théorème de Kreisel-Lacombe-Shoenfield ») : quelle que soit $g \in \mathsf{TotCalc}$, il existe $n$ telle que pour toute fonction $g' \in \mathsf{TotCalc}$ qui coïncide avec $g$ jusqu'au rang $n$ (i.e. : $\forall i\leq n.\,(g'(i) = g(i))$) on ait $F(g') = F(g)$. \medskip \textbf{Notations :} Soit $\mathsf{NulAPCR}$ l'ensemble des fonctions $h\colon\mathbb{N}\to\mathbb{N}$ qui sont nulles à partir d'un certain rang, c'est-à-dire telles que $\exists m. \forall i\geq m.\,(h(i) = 0)$. \medskip \textbf{(3)} \textbf{(a)} Expliquer pourquoi $\mathsf{NulAPCR} \subseteq \mathsf{TotCalc}$, i.e., pourquoi toute fonction $\mathbb{N}\to\mathbb{N}$ nulle à partir d'un certain rang est automatiquement calculable.\quad\textbf{(b)} Montrer, plus précisément, qu'il existe une fonction calculable $\Gamma\colon \mathbb{N}\times\mathbb{N}\to\mathbb{N}$ telle que les fonctions $h \in \mathsf{NulAPCR}$ soient exactement celles de la forme $\Gamma(j,\emdash)$ (c'est-à-dire $i \mapsto \Gamma(j,i)$) pour un certain $j$. (\emph{Indication :} on pourra utiliser un codage de Gödel des suites finies d'entiers naturels par des entiers naturels $j$ ; on ne demande pas de justifier les détails de ce codage.)\quad\textbf{(c)} En déduire qu'il existe $\gamma\colon \mathbb{N}\to\mathbb{N}$ calculable telle que les fonctions de $\mathsf{NulAPCR}$ soient exactement celles de la forme $\varphi_{\gamma(j)}$ pour un certain $j$. (\emph{Indication :} on pourra utiliser le théorème s-m-n.) \begin{corrige} \textbf{(a)} Si on a $h(i) = 0$ pour $i\geq m$, alors $h$ est trivialement calculable par le programme « si $i=0$, renvoyer $h(0)$, si $i=1$ renvoyer $h(1)$, ..., si $i=m-1$ renvoyer $h(m-1)$, et si $i\geq m$ renvoyer $0$ ». \textbf{(b)} On considère le programme qui, donné deux entiers $j,i$ effectue les opérations suivantes : il décode $j$ comme le codage de Gödel $\dbllangle a_0,\ldots,a_{m-1}\dblrangle$ d'un $m$-uplet $(a_0,\ldots,a_{m-1})$ d'entiers naturels, puis, si $i0$ : ainsi, $F(g) = 0$, donc on devrait avoir $F(g')$ pour tout $g'\in \mathcal{B}(g,n)$, c'est-à-dire tout $g'$ tel que $g'(0)=n+1$ et $g'(1)=\cdots=g'(n)=0$. Or en prenant $g'$ valant $42$ en $n+1$ et toujours $0$ ensuite, on a $F(g') = 42$, donc $F(g') \neq F(g)$, ce qui contredit l'affirmation. \end{corrige} \medskip \textbf{(11)} On a prouvé en (9) qu'un $n$ (tel que $\forall g'\in\mathcal{B}(g,n).\; (F(g') = F(g))$) peut être calculé algorithmiquement en fonction du code $r$ d'un programme qui calcule $g$. En fait, on pourrait prouver un peu mieux (\emph{ceci n'est pas demandé}) : il est possible de calculer un tel $n$ par un algorithme qui a seulement le droit d'interroger les valeurs\footnote{C'est-à-dire : un algorithme qui a accès à un oracle calculant qui renvoie $g(i)$ quand on lui soumet la valeur $i$. L'algorithme a le droit d'appeler librement l'oracle un nombre fini quelconque de fois au cours de son exécution.} de la fonction $g$. En \emph{admettant} ce fait, expliquer pourquoi la fonction $F$ elle-même peut être calculée par un tel algorithme. \begin{corrige} Pour la complétude de ce corrigé, et \emph{bien que ce ne soit pas demandé par le sujet}, prouvons l'affirmation admise. Appelons $N(r)$ la valeur calculée par l'algorithme B donné dans la question (9), c'est-à-dire en supposant qu'on ait accès au code $r$ du programme qui calcule $g$. On cherche maintenant à faire pareil sans avoir accès à ce code. Pour cela, considérons l'algorithme C suivant : on recherche un $r \in \mathbb{N}$ vérifiant les conditions : \begin{itemize} \item $N(r){\downarrow}$, \item $\varphi_r(i) = g(i)$ pour tout $i \leq N(r)$, \item $\hat F(\gamma(g,N(r),0)) = \hat F(r)$ ; \end{itemize} et une fois qu'il est trouvé, on renvoie $N(r)$. Un tel $r$ existe bien car si $r_0$ est tel que $\varphi_{r_0} = g$, alors ce $r_0$ vérifie bien les trois conditions (la première vient de $r_0 \in \mathsf{TotCode}$, la deuxième est une conséquence triviale de $\varphi_{r_0} = g$, et la troisième découle du fait que tout $g' \in \mathcal{B}(g,N(r_0))$ vérifie $F(g') = F(g)$, et que $g' := \varphi_{\gamma(g,N(r_0),0)} \in \mathcal{B}_0(g,N(r_0))$ donc $\hat F(\gamma(g,N(r),0)) = F(g') = F(g) = \hat F(r_0)$). La recherche d'un $r$ est possible algorithmiquement bien que les trois contraintes ne soient que semi-décidables (le calcul de $\varphi_r(i)$ pourrait ne pas terminer, comme celui de $N(r)$ ou de $\hat F(r)$, puisque rien ne garantit que $r \in \mathsf{TotCode}$) : en effet, on peut à lancer en parallèle toutes les recherches (c'est-à-dire qu'on parcourt les couples $(r,M)$ et pour chacun on fait $M$ étapes de la vérification que $r$ convient, jusqu'à trouver un $r$ qui vérifie les contraintes). L'algorithme C qu'on vient de dire n'utilise que l'interrogation de valeurs de $g$ (c'est trivial pour le premier point qui ne fait pas intervenir $g$, pour le deuxième le test se fait en utilisant les valeurs $g(0),\ldots,g(N(r))$, et pour le troisième, il est clair dans la construction faite en (4) que pour déterminer $\gamma(g,n,j)$ on n'a besoin que d'interroger les valeurs de $g$, pas d'avoir accès à son code). Une fois qu'un tel $r$ est trouvé, même sans supposer que la fonction $\varphi_r$ soit totale, l'argument donné en (7) montre qu'on ne peut pas y avoir de $j$ tel que $\hat F(\gamma(g,N(r),j)) \neq \hat F(r)$, donc comme en (8), on a $F(g') = \hat F(r)$ pour tout $g' \in \mathcal{B}(g,N(r))$, et $N(r)$ vérifie bien la contrainte demandée. Ceci conclut la preuve du fait qui était admis. Passons maintenant à la question proprement dite. Pour calculer $F(g)$ à partir de l'interrogation de valeurs de $g$, on commence par calculer, en interrogeant les valeurs de $g$, un $n$ tel que $\forall g'\in\mathcal{B}(g,n).\; (F(g') = F(g))$ (on vient d'admettre ou d'expliquer qu'on peut le faire). Puis on calcule et renvoie $\hat F(\gamma(g,n,0))$, ce qui peut se faire en n'interrogeant qu'un nombre fini de valeurs de $g$ (à savoir $g(0),\ldots,g(n)$) : comme $\gamma(g,n,0) \in \mathcal{B}(g,n)$ par définition de $\gamma$, on a bien $\hat F(\gamma(g,n,0)) = F(g)$, et on a calculé cette valeur en passant simplement par l'interrogation de valeurs de $g$ et sans avoir besoin de connaître son code. \end{corrige} \medskip \textbf{(12)} Quelle est la morale de l'ensemble de ce problème ? Autrement dit, expliquer \emph{en français de façon informelle} le sens du théorème de Kreisel-Lacombe-Shoenfield : on cherchera à dire quelque chose de la forme « la seule manière de construire une fonction totale calculable sur l'ensemble des fonctions est la suivante ». On contrastera avec la situation des questions (1) et (2). \begin{corrige} On s'est interrogé dans ce problème sur ce que peuvent faire des algorithmes qui prennent en entrée un autre programme et qui calculent un entier. Dans la question (1), on a vu, comme variation sur le théorème de Rice, que si le programme fourni en entrée de l'algorithme n'est pas supposé terminer à coup sûr, alors on ne peut rien faire d'intelligent : on ne peut que renvoyer toujours la même valeur. En revanche, lorsque l'algorithme fourni en entrée est supposé toujours terminer, on peut au moins évaluer ses valeurs (c'est ce qu'on a fait dans la question (2)), c'est-à-dire qu'on peut renvoyer des expressions faisant intervenir les $g(i)$. Ce qu'affirme le théorème de Kreisel-Lacombe-Shoenfield, c'est que toute valeur $F(g)$ calculée ne dépend, en fait, que d'un nombre fini de telles valeurs $g(0),\ldots,g(n)$, et, finalement (c'est la question (11)) peut être calculé par un algorithme qui n'a le droit d'accéder qu'à une boîte noire renvoyant la valeur de $g(i)$ en fonction de $i$. La question (10) montre que, si pour n'importe quel $g$ le nombre de valeurs dont dépend $F(g)$ est borné, il n'est pas forcément \emph{uniformément borné}, c'est-à-dire qu'on ne peut pas forcément trouver un seul et même $n$ tel que la connaissance des $n$ premières valeurs de $g$ suffise à calculer $F(g)$. \end{corrige} % % % \end{document}