%% This is a LaTeX document. Hey, Emacs, -*- latex -*- , get it? \documentclass[mathserif,a4paper,aspectratio=169]{beamer} %\documentclass[a4paper]{article} %\usepackage[envcountsect,noxcolor]{beamerarticle} \usepackage[shorthands=off,french]{babel} \usepackage[utf8]{inputenc} \usepackage[T1]{fontenc} \usepackage{lmodern} \DeclareUnicodeCharacter{00A0}{~} \DeclareUnicodeCharacter{2026}{...} % Beamer theme: \usetheme{Goettingen} %\usecolortheme{albatross} %\usecolortheme{lily} %\setbeamercovered{transparent} % A tribute to the worthy AMS: \usepackage{amsmath} \usepackage{amsfonts} \usepackage{amssymb} \usepackage{amsthm} % \usepackage{mathrsfs} \usepackage{mathpartir} %\usepackage{flagderiv} % \usepackage{graphicx} \usepackage{tikz} \usetikzlibrary{arrows,automata,calc} % \newcommand{\itempoint}{\strut\hbox{\color{beamerstructure}\donotcoloroutermaths$\blacktriangleright$}\nobreak\hskip.5em plus.5em\relax} \renewcommand{\thefootnote}{\textdagger} \newcommand{\dbllangle}{\mathopen{\langle\!\langle}} \newcommand{\dblrangle}{\mathclose{\rangle\!\rangle}} %\newcommand{\dottedlimp}{\mathbin{\dot\Rightarrow}} %\newcommand{\dottedland}{\mathbin{\dot\land}} %\newcommand{\dottedlor}{\mathbin{\dot\lor}} %\newcommand{\dottedtop}{\mathord{\dot\top}} %\newcommand{\dottedbot}{\mathord{\dot\bot}} %\newcommand{\dottedneg}{\mathop{\dot\neg}} \mathchardef\emdash="07C\relax \newcommand{\mpdotsabove}[1]{\inferrule*{\vdots}{#1}} %\setlength{\derivskip}{4pt} % % % \title{Logique(s) et typage(s) d'ordre(s) supérieur(s)} \subtitle{INF110 (Logique et Fondements de l'Informatique)} \author[David Madore]{David A. Madore\\ {\footnotesize Télécom Paris}\\ \texttt{david.madore@enst.fr}} \date{2023–2024} \mode{% \beamertemplatenavigationsymbolsempty \usenavigationsymbolstemplate{\vbox{\hbox{\footnotesize\hyperlinkslideprev{$\leftarrow$}\insertframenumber/\inserttotalframenumber\hyperlinkslidenext{$\rightarrow$}}}} } \setbeamercolor{myhighlight}{fg=black,bg=white!90!green} \colorlet{mydarkgreen}{green!50!black} \begin{document} \mode
{\maketitle} % \setlength\abovedisplayskip{2pt plus 2pt minus 2pt} \setlength\belowdisplayskip{2pt plus 2pt minus 2pt} % \begin{frame} \titlepage {\footnotesize\center{\url{http://perso.enst.fr/madore/inf110/transp-inf110.pdf}}\par} {\tiny \immediate\write18{sh ./vc > vcline.tex} \begin{center} Git: \input{vcline.tex} \end{center} \immediate\write18{echo ' (stale)' >> vcline.tex} \par} \end{frame} % \section*{Plan} \begin{frame} \frametitle{Plan} \tableofcontents \end{frame} % \section{Les quantificateurs : discussion informelle} \begin{frame} \frametitle{Limitations du calcul propositionnel} \itempoint On a parlé pour l'instant de \textbf{calcul propositionnel}, qui ne connaît que les affirmations logiques et les connecteurs propositionnels $\Rightarrow,\land,\lor,\top,\bot$. \medskip \itempoint Mais il y a deux notations logiques essentielles en mathématiques au-delà de ces connecteurs : les \textbf{quantificateurs} $\forall,\exists$, qui : \begin{itemize} \item prennent une formule $P(x)$ dépendant d'une variable $x$ libre, \item lient cette variable pour former une nouvelle formule $\forall x. P(x)$ ou $\exists x. P(x)$. \end{itemize} \medskip \itempoint Intuitivement, il faut penser à $\forall$ et $\exists$ comme des « $\land$ et $\lor$ en famille », c'est-à-dire que : \begin{itemize} \item $\forall x.P(x)$, parfois noté $\bigwedge_x P(x)$ est à $P\land Q$ ce que $\prod_i p_i$ est à $p\times q$, \item $\exists x.P(x)$, parfois noté $\bigvee_x P(x)$ est à $P\lor Q$ ce que $\sum_i p_i$ est à $p + q$. \end{itemize} \medskip \itempoint Il existe de \alert{nombreux systèmes logiques} différant notamment en \alert{ce qu'on a le droit de quantifier} (qui sont les $x$ ici ?). \smallskip \textcolor{brown}{Commençons par une discussion informelle de $\forall$ et $\exists$.} \end{frame} % \begin{frame} \frametitle{L'interprétation BHK des quantificateurs} On a déjà vu l'interprétation informelle des connecteurs, on introduit maintenant les quantificateurs : \begin{itemize} \item {\color{darkgray} un témoignage de $P\land Q$, est un témoignage de $P$ et un de $Q$,} \item {\color{darkgray} un témoignage de $P\lor Q$, est un témoignage de $P$ ou un de $Q$, et la donnée duquel des deux on a choisi,} \item {\color{darkgray} un témoignage de $P\Rightarrow Q$ est un moyen de transformer un témoignage de $P$ en un témoignage de $Q$,} \item {\color{darkgray} un témoignage de $\top$ est trivial,} \quad \itempoint {\color{darkgray} un témoignage de $\bot$ n'existe pas,} \item un témoignage de $\forall x.P(x)$ est un moyen de transformer un $x$ quelconque en un témoignage de $P(x)$, \item un témoignage de $\exists x.P(x)$ est la donnée d'un certain $x_0$ et d'un témoignage de $P(x_0)$. \end{itemize} \end{frame} % \begin{frame} \frametitle{Curry-Howard pour le $\forall$} \itempoint On a vu que Curry-Howard fait correspondre \alert{conjonction logique} $P\land Q$ {\footnotesize (« un témoignage de $P$ et un de $Q$ »)} avec \alert{type produit} $\sigma\times\tau$ {\footnotesize (« une valeur de $\sigma$ et une de $\tau$ »)}. \medskip \itempoint De façon analogue, la \alert{quantification universelle} $\forall x. P(x)$ {\footnotesize (« une façon de transformer $x$ en un témoignage de $P(x)$ »)}, qui est une sorte de \emph{conjonction en famille} $\bigwedge_x P(x)$, correspondra au \alert{type produit en famille} $\prod_x \sigma(x)$ {\footnotesize (« fonction renvoyant une valeur de $\sigma(x)$ pour chaque $x$ »)}. \medskip \itempoint Ceci présuppose l'existence de \alert{familles de types} $x \mapsto \sigma(x)$ (= types dépendant de quelque chose) dont on puisse prendre le produit. \medskip \itempoint Une preuve de $\forall x.P(x)$ correspondra à un terme de forme $\lambda(x:{?}).\,(\cdots)$, où le type de $(\cdots)$ correspond à $P(x)$. \medskip \itempoint Remarquer que $\forall x.P$, si $P$ ne dépend pas de $x$, « ressemble » à $I \Rightarrow P$ de la même manière que $\prod_{i\in I} X = X^I$. {\footnotesize (Les détails dépendent de la nature de la quantification.)} \end{frame} % \begin{frame} \frametitle{Curry-Howard pour le $\exists$} \itempoint On a vu que Curry-Howard fait correspondre \alert{conjonction logique} $P\lor Q$ {\footnotesize (« un témoignage de $P$ ou un de $Q$, avec la donnée duquel on a choisi »)} avec \alert{type somme} $\sigma+\tau$ {\footnotesize (« une valeur de $\sigma$ ou une de $\tau$, avec un sélecteur entre les deux »)}. \medskip \itempoint De façon analogue, la \alert{quantification existentielle} $\exists x. P(x)$ {\footnotesize (« la donnée d'un $x_0$ et d'un témoignage de $P(x_0)$ »)}, qui est une sorte de \emph{disjonction en famille} $\bigvee_x P(x)$, correspondra au \alert{type somme en famille} $\sum_x \sigma(x)$ {\footnotesize (« donnée d'un $x_0$ et d'une valeur de type $\sigma(x_0)$ »)}. \medskip \itempoint Une preuve de $\exists x.P(x)$ correspondra à un terme de forme $\langle x_0, \cdots\rangle$, où le type de $(\cdots)$ correspond à $P(x_0)$. {\footnotesize (De nouveau, il faut des « familles de types ».)} \medskip \itempoint Remarquer que $\exists x.P$, si $P$ ne dépend pas de $x$, « ressemble » à $I \times P$ de la même manière que $\sum_{i\in I} X = I\times X$. {\footnotesize (Les détails dépendent de la nature de la quantification.)} \medskip \itempoint Mais Curry-Howard atteint ses limites : il n'est pas dit que d'une preuve de $\exists x.P(x)$ on \alert{puisse extraire} le $x_0$ correspondant dans autre chose qu'une preuve. {\footnotesize (Les détails dépendent du système logique précis considéré {\tiny et si Martin-Löf est dans la salle}.)} \end{frame} % \section{Logique du premier ordre} \begin{frame} \frametitle{Logique du premier ordre : principe} \itempoint La \textbf{logique du premier ordre} ou \textbf{calcul des prédicats} est la plus simple qui ajoute les quantificateurs. Les « choses » sur lesquelles on a le droit de quantifier s'appellent des \textbf{individus}. \medskip \itempoint Côté typage, elle n'est pas très heureuse : les « individus » apparaissent comme un type unique, \textit{ad hoc}, qu'on ne peut presque pas manipuler (la logique ne permet pas de faire des couples, fonctions, etc., des individus). \medskip \itempoint Néanmoins, elle a une \alert{grande importance mathématique} car le dogme « orthodoxe » est que : \begin{center} Les mathématiques se font dans la « théorie des ensembles\\de Zermelo-Fraenkel en logique du premier ordre » ($\mathsf{ZFC}$). \end{center} Le manque d'expressivité de la logique (pas de couples, fonctions, etc.) est \alert{compensé par la théorie elle-même} (constructions ensemblistes des couples, fonctions, etc.). \medskip {\footnotesize\itempoint La \alert{sémantique} (Tarskienne) de la logique du premier ordre a aussi des propriétés agréables (théorème de complétude de Gödel).\par} \end{frame} % \begin{frame} \frametitle{Logique du premier ordre : sortes de variables et syntaxe} \itempoint En (pure) logique du premier ordre, on a diverses sortes de variables : \begin{itemize} \item les \textbf{variables d'individus} ($x$, $y$, $z$...) en nombre illimité, \item les \textbf{variables de prédicats} $n$-aires, ou de \textbf{relations} $n$-aires [entre individus] ($A^{(n)}$, $B^{(n)}$, $C^{(n)}$...), pour chaque entier naturel $n$. \end{itemize} \medskip \itempoint L'indication d'arité des variables de prédicats est généralement omise (elle peut se lire sur la formule). \medskip \itempoint Une \textbf{formule} (logique) est (inductivement) : \begin{itemize} \item l'application $A^{(n)}(x_1,\ldots,x_n)$ d'une variable propositionnelle à $n$ variables d'individus, \item l'application d'un connecteur : $(P\Rightarrow Q)$, $(P\land Q)$, $(P\lor Q)$ où $P,Q$ sont deux formules, ou encore $\top$, $\bot$, \item une quantification : $\forall x.P$ ou $\exists x.P$, qui \alert{lie} la variable d'individu $x$ dans $P$. \end{itemize} \medskip \itempoint\alert{On ne peut quantifier que sur les individus (« premier ordre »).} \end{frame} % \begin{frame} \frametitle{Exemples de formules du premier ordre} \itempoint Les \textbf{formules propositionnelles} sont encore des formules du premier ordre, en interprétant chaque variable propositionnelle comme une variable de prédicat $0$-aire (« nullaire ») : $A\land B \Rightarrow B\land A$ par exemple. \bigskip Autres exemples (qui seront par ailleurs tous démontrables) : \begin{itemize} \item $(\forall x.A(x)) \land (\exists x.\top) \Rightarrow (\exists x.A(x))$ (ici, $A$ est un prédicat unaire) \item $(\forall x.\neg A(x)) \Leftrightarrow (\neg\exists x.A(x))$ (idem) \item $(\exists x.\neg A(x)) \Rightarrow (\neg\forall x.A(x))$ (idem) \item $(\exists x.A) \Leftrightarrow (\exists x.\top) \land A$ (ici, $A$ est un prédicat \alert{nullaire}) \item $(\forall x.A) \Leftrightarrow ((\exists x.\top) \Rightarrow A)$ (idem) \item $(\exists x.\forall y.B(x,y))\Rightarrow (\forall y.\exists x.B(x,y))$ (ici, $B$ est un prédicat binaire) \end{itemize} \bigskip \textbf{N.B.} On a suivi la convention que $\forall,\exists$ ont une priorité plus faible que les connecteurs $\Rightarrow,\lor,\land,\neg$. Tout le monde n'est pas d'accord avec cette convention ! \end{frame} % \end{document}