%% This is a LaTeX document. Hey, Emacs, -*- latex -*- , get it? \documentclass[12pt,a4paper]{article} \usepackage[francais]{babel} \usepackage[utf8]{inputenc} \usepackage[T1]{fontenc} %\usepackage{ucs} \usepackage{times} % A tribute to the worthy AMS: \usepackage{amsmath} \usepackage{amsfonts} \usepackage{amssymb} \usepackage{amsthm} % \usepackage{mathrsfs} \usepackage{wasysym} \usepackage{url} % \usepackage{graphics} \usepackage[usenames,dvipsnames]{xcolor} \usepackage{tikz} \usetikzlibrary{matrix,calc} \usepackage{hyperref} % %\externaldocument{notes-mitro206}[notes-mitro206.pdf] % \theoremstyle{definition} \newtheorem{comcnt}{Tout} \newcommand\thingy{% \refstepcounter{comcnt}\smallskip\noindent\textbf{\thecomcnt.} } \newcommand\exercice{% \refstepcounter{comcnt}\bigskip\noindent\textbf{Exercice~\thecomcnt.}\par\nobreak} \renewcommand{\qedsymbol}{\smiley} % \newcommand{\outnb}{\operatorname{outnb}} \newcommand{\downstr}{\operatorname{downstr}} \newcommand{\precs}{\operatorname{precs}} \newcommand{\mex}{\operatorname{mex}} \newcommand{\id}{\operatorname{id}} \newcommand{\limp}{\Longrightarrow} \newcommand{\gr}{\operatorname{gr}} \newcommand{\rk}{\operatorname{rk}} \newcommand{\fuzzy}{\mathrel{\|}} % \DeclareUnicodeCharacter{00A0}{~} % \DeclareMathSymbol{\tiret}{\mathord}{operators}{"7C} \DeclareMathSymbol{\traitdunion}{\mathord}{operators}{"2D} % \DeclareFontFamily{U}{manual}{} \DeclareFontShape{U}{manual}{m}{n}{ <-> manfnt }{} \newcommand{\manfntsymbol}[1]{% {\fontencoding{U}\fontfamily{manual}\selectfont\symbol{#1}}} \newcommand{\dbend}{\manfntsymbol{127}}% Z-shaped \newcommand{\danger}{\noindent\hangindent\parindent\hangafter=-2% \hbox to0pt{\hskip-\hangindent\dbend\hfill}} % \newcommand{\spaceout}{\hskip1emplus2emminus.5em} \newif\ifcorrige \corrigetrue \newenvironment{corrige}% {\ifcorrige\relax\else\setbox0=\vbox\bgroup\fi% \smallbreak\noindent{\underbar{\textit{Corrigé.}}\quad}} {{\hbox{}\nobreak\hfill\checkmark}% \ifcorrige\par\smallbreak\else\egroup\par\fi} % % % \begin{document} \ifcorrige \title{MITRO206\\Contrôle de connaissances — Corrigé\\{\normalsize Théories des jeux}} \else \title{MITRO206\\Contrôle de connaissances\\{\normalsize Théories des jeux}} \fi \author{} \date{8 avril 2019} \maketitle \pretolerance=8000 \tolerance=50000 \vskip1truein\relax \noindent\textbf{Consignes.} Les exercices sont totalement indépendants. Ils pourront être traités dans un ordre quelconque, mais on demande de faire apparaître de façon très visible dans les copies où commence chaque exercice. \medbreak L'usage de tous les documents (notes de cours manuscrites ou imprimées, feuilles d'exercices, livres) est autorisé. L'usage des appareils électroniques est interdit. \medbreak Durée : 2h Barème \emph{indicatif} : exercice 1 : $3$ points ; exercice 2 : $4$ points ; exercice 3 : $10$ points ; exercice 4 : $3$ points ; points bonus : comme indiqué. \emph{Avertissement :} Les exercices ne sont pas tous une application immédiate du cours ; il est parfois nécessaire de s'inspirer des techniques ou raisonnements vus en cours pour raisonner dans des cadres légèrement différents. \vfill {\noindent\tiny \immediate\write18{sh ./vc > vcline.tex} Git: \input{vcline.tex} \immediate\write18{echo ' (stale)' >> vcline.tex} \par} \pagebreak % % % \exercice On s'intéresse dans cet exercice à des jeux à deux joueurs (que l'on appellera Alice et Bob) de la forme suivante : \begin{itemize} \item Alice et Bob sont autour d'une table sur laquelle se trouvent un certain nombre (fini) de \emph{jetons} ; chaque jeton porte un entier naturel qu'on appellera son \emph{type} ; il peut y avoir plusieurs jetons de même type (par exemple, trois jetons de type $0$, deux jetons de type $1$ et un jeton de type $1729$) ; le nombre (fini) de jetons de jetons de chaque type constitue l'état du jeu, et il est visible de tous ; \item Alice et Bob jouent tour à tour, et chacun, quand vient son tour, doit retirer un jeton de la table et le \emph{remplacer} éventuellement par des jetons de type(s) strictement plus petit(s) : les règles exactes de remplacement seront différentes d'une question à l'autre, mais prendront toujours la forme « un joueur peut remplacer un jeton de type $n$ par telle ou telle combinaison de jetons de types $\cdots>n_r$ l'ordinal $\omega^{n_1} + \cdots + \omega^{n_r}$ ; ou, ce qui revient au même, s'il y a $r_n$ jetons de type $n$, on considère l'ordinal $\omega^N r_n + \cdots + \omega^1 r_1 + r_0$ où $N$ est le plus grand type d'un jeton sur la table. Par la comparaison des ordinaux écrits en forme normale de Cantor, cet ordinal décroît à chaque coup (puisqu'on remplace un $\omega^n$ par des $\omega^{n'}$ avec $n' < n$). Le jeu termine donc en temps fini. \end{corrige} \medskip (2)(a) En notant $J(n_1,\ldots,n_r)$ l'état du jeu dans lequel $r$ jetons se trouvent sur la table et ont les types $n_1,\ldots,n_r$ (éventuellement répétés, p.ex. $J(0,0,0,1,1,1729)$), expliquer pourquoi $J(n_1,\ldots,n_r)$ peut s'identifier à la somme de nim des positions $J(n_1),\ldots,J(n_r)$ (où $J(n)$ désigne l'état du jeu ayant un unique jeton de type $n$).\quad(b) En déduire la valeur de Grundy $\gr J(n_1,\ldots,n_r)$ de $J(n_1,\ldots,n_r)$ en fonction de celles $\gr J(n_i)$ des $J(n_i)$.\quad(c) Qui a une stratégie gagnante dans une position du type $J(n,n)$ ? Expliciter une telle stratégie en termes simples. (\emph{Convention :} $J()$ est le jeu nul dans lequel il ne reste plus aucun jeton. Notamment, on a $\gr J() = 0$.) \begin{corrige} (a) Il s'agit simplement d'observer que les différents jetons n'interagissent pas du tout. Jouer à la somme de nim de $J(n_1),\ldots,J(n_r)$ revient donc à jouer à $J(n_1,\ldots,n_r)$. (b) On en déduit que $\gr J(n_1,\ldots,n_r) = \gr(J(n_1) \oplus \cdots \oplus J(n_r)) = \gr J(n_1) \oplus \cdots \oplus \gr J(n_r)$ (la première égalité par (a), la seconde d'après le fait que la valeur de Grundy d'une somme de nim est la somme de nim des valeur de Grundy). (c) Le second joueur a une stratégie gagnante à $J(n,n)$ (ceci se voit par le fait que sa valeur de Grundy vaut $0$). Cette stratégie consiste à reproduire systématiquement les coups de son adversaire (ce qui maintiendra un nombre pair de jetons de chaque type à la fin de son coup). \end{corrige} \medskip (3)(a) Pour une règle de remplacement $\mathscr{R}$ donnée, en notant par exemple $\mathscr{R}_n$ l'ensemble (non vide) de tous les remplacements possibles d'un jeton de type $n$ (considérés comme des suites finies d'entiers $0$ il ajoute ensuite, optionnellement, le nombre qu'il souhaite de jetons de type $n-1$. Par exemple, on peut remplacer un jeton de type $1729$ par $42$ jetons de type $1728$ ; on peut aussi le retirer sans remplacement.)\quad(a) Dans ces conditions, que vaut $\gr J(n)$ ? (On pourra par exemple commencer par calculer $\gr J(n)$ pour $n=0,1,2,3$, conjecturer une formule générale, et la démontrer par récurrence sur $n$.)\quad(b) Exprimer de façon simple la stratégie gagnante du jeu considéré dans cette question. \begin{corrige} (a) On a vu en (3)(b) que $\gr J(0,\ldots,0)$ vaut $0$ ou $1$ selon que le nombre de jetons est pair ou impair ; on en déduit que $\gr J(1) = \mex\{0,1\} = 2$, et alors (en se rappelant que $2\oplus 2=0$) on trouve que $\gr J(1,\ldots,1)$ vaut $0$ ou $2$ selon que le nombre de jetons est pair ou impair ; on en déduit que $\gr J(2) = \mex\{0,2\} = 1$, et donc $\gr J(2,\ldots,2)$ vaut $0$ ou $1$ selon que le nombre de jetons est pair ou impair ; par conséquent, $\gr J(3) = \mex\{0,1\} = 2$. En général on imagine facilement que $\gr J(n)$ vaut $1$ ou $2$ selon que $n$ est pair ou impair, et ceci se démontre par une récurrence immédiate avec exactement le même argument qu'on vient de faire. (b) La valeur de Grundy de $\gr J(n_1,\ldots,n_r)$ est le XOR (= la somme de nim) de $r$ valeurs $1$ si $r$ est le nombre de jetons de type pair, et $r'$ valeurs $2$ si $r'$ est le nombre de jetons de type impair : ce nombre vaut $0$, $1$, $2$ ou $3$ selon que $r$ et $r'$ sont tous les deux pairs, que $r$ est impair et $r'$ pair, le contraire, ou qu'ils sont tous les deux impairs. La stratégie gagnante consiste donc à jouer de façon que le nombre $r$ de jetons de type pair et le nombre $r'$ de jetons de type impair soient tous les deux pairs (de façon à annuler Grundy). \end{corrige} \medskip (5) On suppose dans cette question que la règle de remplacement est la suivante : un joueur peut remplacer un jeton de type $n$ par un nombre quelconque (y compris $0$) de jetons de type $k0$ il ajoute ensuite, optionnellement, le nombre qu'il souhaite de jetons d'un même type $k\leq n-1$. Par exemple, on peut remplacer un jeton de type $1729$ par $42$ jetons de type $1728$ ou $1728$ jetons de type $42$ ; on peut aussi le retirer sans remplacement.) Dans ces conditions, que vaut $\gr J(n)$ ? (On pourra par exemple commencer par calculer $\gr J(n)$ pour $n=0,1,2,3$, conjecturer une formule générale, et la démontrer par récurrence sur $n$.) \begin{corrige} On a vu en (3)(b) que $\gr J(0,\ldots,0)$ vaut $0$ ou $1$ selon que le nombre de jetons est pair ou impair ; on en déduit que $\gr J(1) = \mex\{0,1\} = 2$, et alors (en se rappelant que $2\oplus 2=0$) on trouve que $\gr J(1,\ldots,1)$ vaut $0$ ou $2$ selon que le nombre de jetons est pair ou impair ; on en déduit que $\gr J(2) = \mex\{0,1,2\} = 3$ (la différence avec (4)(a) est que maintenant on peut aussi aller en $\gr J(0,\ldots,0)$ donc $1$ apparaît dans le $\mex$), et donc $\gr J(2,\ldots,2)$ vaut $0$ ou $3$ selon que le nombre de jetons est pair ou impair ; par conséquent, $\gr J(3) = \mex\{0,1,2,3\} = 4$. En général on imagine facilement que $\gr J(n)$ vaut $n+1$, et ceci se démontre par une récurrence immédiate avec exactement le même argument qu'on vient de faire. \end{corrige} \medskip (6) On suppose dans cette question que la règle de remplacement est la suivante : un joueur peut remplacer un jeton de type $n$ par un nombre quelconque (y compris $0$) de jetons de types $0$ il ajoute ensuite, optionnellement, le nombre qu'il souhaite de jetons de n'importe quels types $ \cdots > \gamma_r$ sont des ordinaux en ordre strictement décroissant et $n_1,\ldots,n_r$ des entiers naturels non nuls ; c'est-à-dire qu'il s'agit de la forme normale de Cantor de $\alpha$) alors on a $\alpha = (\omega^{\gamma_1} \boxdot n_1) \boxplus \cdots \boxplus (\omega^{\gamma_r} \boxdot n_r)$. \emph{Indication :} On imitera de près la démonstration du fait donné en cours que si $\alpha = 2^{\gamma_1} + \cdots + 2^{\gamma_r}$ (où $\gamma_1 > \cdots > \gamma_r$ sont des ordinaux en ordre strictement décroissant ; c'est-à-dire qu'il s'agit de la l'écriture binaire de $\alpha$) alors on a $\alpha = 2^{\gamma_1} \oplus \cdots \oplus 2^{\gamma_r}$. Il n'y a pas grand-chose à modifier à part remplacer $\mex$ par $\sup^+$ aux endroits utiles. (Cette question est un peu longue, mais il est possible de traiter la suite en l'admettant.) \medskip (4)(a) En déduire la manière dont on calcule $\alpha\boxplus\beta$ à partir des formes normales de Cantor de $\alpha$ et $\beta$.\quad(b) En particulier, calculer $(\omega+1)\boxplus(\omega+1)$, et comparer avec $(\omega+1) + (\omega+1)$. \medskip (5) On considère le jeu à deux joueurs suivant : les deux joueurs s'appellent Blaise et Roxane, et ils jouent tour à tour (on ne précise pas qui commence) ; l'état du jeu est défini par trois ordinaux, qu'on notera $(\alpha,\beta,\rho)$, et il est visible de tous ; les coups possibles de Blaise consistent à diminuer strictement soit l'ordinal $\alpha$ soit l'ordinal $\beta$ (c'est-à-dire passer de $(\alpha,\beta,\rho)$ à $(\alpha',\beta,\rho)$ avec $\alpha'<\alpha$ ou à $(\alpha,\beta',\rho)$ avec $\beta'<\beta$), tandis que les coups possibles de Roxane consistent à diminuer strictement l'ordinal $\rho$ (c'est-à-dire passer de $(\alpha,\beta,\rho)$ à $(\alpha,\beta,\rho')$ avec $\rho'<\rho$) ; le joueur qui ne peut plus jouer a perdu. Montrer que, dans ce jeu, Blaise possède une stratégie gagnante lorsque $\rho > \alpha\boxplus\beta$, que Roxane possède une stratégie gagnante lorsque $\rho < \alpha\boxplus\beta$, et que le second joueur possède une stratégie gagnante lorsque $\rho = \alpha\boxplus\beta$. % % % \exercice Soit $n\geq 3$ un entier naturel. On considère le jeu suivant : Alice et Bob choisissent chacun en secret un entier naturel $0\leq i\leq n-1$ et le révèlent simultanément. Si les deux nombres sont égaux, la partie est nulle ; sinon, le gagnant est celui qui a choisi le plus grand, \emph{sauf} dans le cas où un joueur a choisi $n-1$ et l'autre joueur a choisi $0$, et alors c'est celui qui a choisi $0$ qui gagne. (On considérera qu'un gain apporte une valeur de $+1$ à celui qui gagne, une perte une valeur de $-1$ à celui qui perd, et qu'une partie nulle a une valeur de $0$ pour les deux joueurs.) (1) De quelle sorte de jeu s'agit-il ? Écrire explicitement sa matrice de gains dans le cas $n=5$. Pour des raisons de symétrie, quelle est la valeur du jeu ? (2) Montrer qu'une stratégie mixte optimale consiste à jouer chacune des options $0$, $n-2$ et $n-1$ avec probabilité $\frac{1}{3}$ (et jamais les autres). On l'appellera $s_0$. (3) Si Alice joue selon la stratégie $s_0$ décrite en (2) et si Bob joue l'option $i$, quel est le gain espéré de Bob en fonction de $i$ ? (4) Déduire de (3) qu'aucune stratégie optimale ne peut avoir une option autre que $0$, $n-2$ ou $n-1$ dans son support. (On pourra faire jouer une telle stratégie contre $s_0$.) (5) Montrer que la stratégie $s_0$ décrite en (2) est la seule stratégie optimale de ce jeu. % % % \end{document}