summaryrefslogtreecommitdiffstats
diff options
context:
space:
mode:
-rw-r--r--controle-20220413.tex441
-rw-r--r--controle-20230417.tex793
-rw-r--r--notes-mitro206.tex2
3 files changed, 1235 insertions, 1 deletions
diff --git a/controle-20220413.tex b/controle-20220413.tex
new file mode 100644
index 0000000..5c2448d
--- /dev/null
+++ b/controle-20220413.tex
@@ -0,0 +1,441 @@
+%% This is a LaTeX document. Hey, Emacs, -*- latex -*- , get it?
+\documentclass[12pt,a4paper]{article}
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+\usepackage{times}
+% A tribute to the worthy AMS:
+\usepackage{amsmath}
+\usepackage{amsfonts}
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+%
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+\usepackage{url}
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+%
+\theoremstyle{definition}
+\newtheorem{comcnt}{Tout}
+\newcommand\thingy{%
+\refstepcounter{comcnt}\smallskip\noindent\textbf{\thecomcnt.} }
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+\refstepcounter{comcnt}\bigskip\noindent\textbf{Exercice~\thecomcnt.}\par\nobreak}
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+%
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+\DeclareMathSymbol{\tiret}{\mathord}{operators}{"7C}
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+%
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+\DeclareFontShape{U}{manual}{m}{n}{ <-> manfnt }{}
+\newcommand{\manfntsymbol}[1]{%
+ {\fontencoding{U}\fontfamily{manual}\selectfont\symbol{#1}}}
+\newcommand{\dbend}{\manfntsymbol{127}}% Z-shaped
+\newcommand{\danger}{\noindent\hangindent\parindent\hangafter=-2%
+ \hbox to0pt{\hskip-\hangindent\dbend\hfill}}
+%
+\newcommand{\spaceout}{\hskip1emplus2emminus.5em}
+\newif\ifcorrige
+\corrigetrue
+\newenvironment{corrige}%
+{\ifcorrige\relax\else\setbox0=\vbox\bgroup\fi%
+\smallbreak\noindent{\underbar{\textit{Corrigé.}}\quad}}
+{{\hbox{}\nobreak\hfill\checkmark}%
+\ifcorrige\par\smallbreak\else\egroup\par\fi}
+%
+%
+%
+\begin{document}
+\ifcorrige
+\title{MITRO206\\Contrôle de connaissances — Corrigé\\{\normalsize Théories des jeux}}
+\else
+\title{MITRO206\\Contrôle de connaissances\\{\normalsize Théories des jeux}}
+\fi
+\author{}
+\date{13 avril 2022}
+\maketitle
+
+\pretolerance=8000
+\tolerance=50000
+
+\vskip1truein\relax
+
+\noindent\textbf{Consignes.}
+
+Les exercices sont totalement indépendants. Ils pourront être traités
+dans un ordre quelconque, mais on demande de faire apparaître de façon
+très visible dans les copies où commence chaque exercice.
+
+La longueur du sujet ne doit pas effrayer : l'énoncé est long parce
+que des rappels ont été faits et que la rédaction des questions
+cherche à éviter toute ambiguïté. Les réponses attendues sont
+généralement beaucoup plus courtes que les questions elles-mêmes
+(notamment dans le dernier exercice).
+
+\medbreak
+
+L'usage de tous les documents (notes de cours manuscrites ou
+imprimées, feuilles d'exercices, livres) est autorisé.
+
+L'usage des appareils électroniques est interdit.
+
+\medbreak
+
+Durée : 2h
+
+Barème \emph{indicatif} : $8+6+6$.
+
+\ifcorrige
+Ce corrigé comporte 10 pages (page de garde incluse).
+\else
+Cet énoncé comporte 6 pages (page de garde incluse).
+\fi
+
+\vfill
+{\noindent\tiny
+\immediate\write18{sh ./vc > vcline.tex}
+Git: \input{vcline.tex}
+\immediate\write18{echo ' (stale)' >> vcline.tex}
+\par}
+
+\pagebreak
+
+
+%
+%
+%
+
+\exercice
+
+Le but de cet exercice est de tenter une classification des jeux en
+forme normale, à deux joueurs, \emph{symétriques} (c'est-à-dire que
+les deux joueurs ont les mêmes options et les mêmes gains sous l'effet
+de la permutation qui les échange) et avec deux options.
+
+On considère donc le jeu dont la matrice de gains est la suivante, où
+$u,v,x,y$ sont des réels sur lesquels on va discuter (les options sont
+étiquetées $C$ et $D$ ; le gain d'Alice est listé en premier, celui de
+Bob en second) :
+
+\begin{center}
+\begin{tabular}{r|c|c|}
+$\downarrow$Alice, Bob$\rightarrow$&$C$&$D$\\\hline
+$C$&$u$, $u$&$v$, $x$\\\hline
+$D$&$x$, $v$&$y$, $y$\\\hline
+\end{tabular}
+\end{center}
+
+On se limitera à l'étude du cas où $u>v$, ce qu'on supposera
+désormais.
+
+(1) Expliquer brièvement pourquoi il ne change rien à l'analyse du jeu
+(p.ex., au calcul des équilibres de Nash) de remplacer tous les gains
+$t$ d'un joueur donné par $at+b$ où $a>0$ et $b$ est quelconque. En
+déduire qu'on peut supposer, dans le jeu ci-dessus, que $u=1$ et
+$v=0$, ce qu'on fera désormais :
+
+\begin{center}
+\begin{tabular}{r|c|c|}
+$\downarrow$Alice, Bob$\rightarrow$&$C$&$D$\\\hline
+$C$&$1$, $1$&$0$, $x$\\\hline
+$D$&$x$, $0$&$y$, $y$\\\hline
+\end{tabular}
+\end{center}
+
+(2) À quelle condition le profil $(C,C)$ (c'est-à-dire : Alice
+joue $C$ et Bob joue $C$) est-il un équilibre de Nash ? À quelle
+condition $(D,D)$ est-il un équilibre de Nash ? À quelle condition
+$(C,D)$ est-il un équilibre de Nash ? Qu'en est-il de $(D,C)$ ? (À
+chaque fois, on demande des conditions sous forme d'inégalités portant
+sur $x$ et $y$.)
+
+On suppose dans la suite (pour écarter des cas limites pénibles) que
+$x$ n'est pas exactement égal à $1$ et que $y$ n'est pas exactement
+égal à $0$.
+
+(3) Expliquer pourquoi il n'y a pas d'équilibre de Nash dans lequel un
+joueur joue une stratégie pure (i.e., soit $C$ soit $D$) et l'autre
+une stratégie strictement mixte (i.e., $pC + (1-p)D$ avec $0<p<1$).
+
+(4) Analyser la possibilité que $(pC + (1-p)D, \; qC + (1-q)D)$, où
+$0<p<1$ et $0<q<1$ soit un équilibre de Nash : que doivent valoir
+$p$ et $q$ si c'est le cas ? et à quelle condition nécessaire et
+suffisante obtient-on effectivement un équilibre de Nash de cette
+forme ? (On pourra tracer un graphique, par ailleurs demandé à la
+question suivante, pour visualiser le signe de $1-x+y$.)
+
+(5) Dans le plan de coordonnées $(x,y)$, représenter graphiquement les
+domaines des paramètres dans lesquels existent les différents
+équilibres de Nash trouvés dans l'analyse. (On rappelle qu'il doit
+toujours y en avoir au moins un, ce qui peut permettre de détecter
+d'éventuelles erreurs.) Dans quelle partie du diagramme se situent le
+dilemme du prisonnier et le dilemme du trouillard respectivement ?
+
+(La question (6) peut être traitée indépendamment des questions
+précédentes.)
+
+(6) On introduit le nouveau concept suivant : pour un jeu symétrique,
+une \textbf{stratégie rationnelle commun} est une stratégie mixte,
+donc ici, $rC + (1-r)D$ pour $0\leq 1\leq r$, qui quand elle est jouée
+par l'ensemble des joueurs, conduit au gain (forcément le même pour
+tous) le plus élevé sous cette contrainte\footnote{Autrement dit, une
+ stratégie rationnelle commune est une stratégie mixte $s$ telle que
+ si tous les joueurs jouent $s$, leur espérance de gain commune sera
+ supérieure ou égale à celle s'ils jouent tous $s'$, quelle que
+ soit $s'$.}. Dans le jeu considéré ici, calculer l'espérance de
+gain commune des joueurs s'ils jouent tous $rC + (1-r)D$ , et en
+déduire pour quelle(s) valeur(s) de $r$ cette fonction est maximale,
+en discutant éventuellement selon les valeurs de $x,y$. Tracer un
+nouveau graphique pour représenter, dans le plan de coordonnés
+$(x,y)$, les domaines de paramètres dans lequels existent les
+différentes stratégies rationnelles communes (on distinguera : $C$,
+$D$ et $rC + (1-r)D$ avec $0<r<1$).
+
+
+%
+%
+%
+
+\exercice
+
+On s'intéresse ici à la variation suivante du jeu de nim (fini) :
+après avoir retiré des bâtonnets d'une ligne, un joueur peut en outre,
+s'il le souhaite, \emph{couper} la ligne en deux, ce qui crée deux
+lignes au lieu d'une, en répartissant comme il le veut les bâtonnets
+de la ligne initiale (après en avoir retiré au moins un) entre ces
+deux lignes.
+
+De façon plus formelle, l'état du jeu est donné par la liste des
+nombres $n_1,\ldots,n_r \in \mathbb{N}$ de bâtonnets des différentes
+lignes du jeu (on peut ignorer ceux pour lesquels $n_i=0$) ; et un
+coup du jeu consiste à choisir un $1\leq i\leq r$ et à remplacer $n_i$
+dans la liste soit par un entier neturels $n' < n_i$, soit par
+\emph{deux} entiers naturels $n',n''$ tels que $n' + n'' < n_i$ (on
+peut d'ailleurs ne considérer que ce deuxième type de coup puisque
+prendre $n''=0$ revient à n'avoir que $n'$). Comme d'habitude, le
+joueur qui ne peut pas jouer a perdu (i.e., le gagnant est celui qui
+retire le dernier bâtonnet) ; et la disposition des lignes ou des
+bâtonnets au sein d'une ligne n'a pas d'importance, seul compte leur
+nombre (et tout est fini).
+
+(1) Expliquer pourquoi la valeur de Grundy de la position
+$(n_1,\ldots,n_r)$ du jeu est la somme de nim $f(n_1) \oplus \cdots
+\oplus f(n_r)$ des valeurs de Grundy $f(n_i)$ des positions ayant une
+seule ligne avec $n_i$ bâtonnets (où $f$ est une fonction qui reste à
+calculer, avec évidemment $f(0)=0$).
+
+(2) Expliquer pourquoi $f(n) = \mex\{f(n') \oplus f(n'') \; | \;
+n'+n'' < n\}$ est le plus petit entier naturel qui n'est pas de la
+forme $f(n') \oplus f(n'')$ où $n',n''$ parcourent les couples
+d'entiers naturels tels que $n'+n'' < n$ (et comme d'habitude, $\mex
+S$ est le plus petit entier naturel qui n'est pas dans $S$).
+
+(3) Indépendamment de ce qui précède, expliquer pourquoi $k \oplus
+\ell \leq k + \ell$ quels que soient $k,\ell \in \mathbb{N}$.
+
+(4) Montrer que $f(n) = n$ pour tout $n$.
+
+(5) Que conclure quant à la stratégie gagnante à la variante proposée
+ici du jeu de nim par rapport au jeu de nim standard ?
+
+
+%
+%
+%
+
+\exercice
+
+On s'intéresse dans cet exercice au jeu de \emph{Hackenbush bicolore
+ en arbre}, défini comme suit. L'état du jeu est représenté par un
+arbre (fini, enraciné\footnote{C'est-à-dire que la racine fait partie
+ de la donnée de l'arbre, ce qui est la convention la plus
+ courante.}) dont chaque arête est soit coloriée \emph{bleue} soit
+\emph{rouge}, mais jamais les deux à la fois (il y a exactement deux
+types d'arêtes). Deux joueurs, Blaise et Roxane, alternent et chacun
+à son tour choisit une arête de l'arbre, bleue pour Blaise ou rouge
+pour Roxane, et l'efface, ce qui fait automatiquement disparaître du
+même coup tout le sous-arbre qui descendait de cette arête (voir
+figure). L'arête choisie doit avoir la couleur associée au joueur,
+c'est-à-dire bleue pour Blaise ou rouge pour Roxane, mais toutes les
+arêtes qui en descendent sont effacées quelle que soit leur couleur.
+Le jeu se termine lorsque plus aucun coup n'est possible (c'est-à-dire
+que le joueur qui doit jouer n'a plus d'arête de sa couleur), auquel
+cas, selon la convention habituelle, le joueur qui ne peut plus jouer
+a perdu.
+
+À titre d'exemple, ceci illustre un coup possible de Roxane
+(effacement d'une arête rouge et de tout le sous-arbre qui en
+descend) :
+\begin{center}
+\begin{tikzpicture}[baseline=0]
+\fill [gray!50!white] (-3.0,0) rectangle (2.0,-0.2);
+\begin{scope}[every node/.style={circle,fill,inner sep=0.5mm}]
+\node (P0) at (0,0) {};
+\node (P1) at (-0.75,1) {};
+\node (P2) at (-2.25,2) {};
+\node (P3) at (-2.75,3) {};
+\node (P4) at (-1.75,3) {};
+\node (P5) at (0.75,2) {};
+\node (P6) at (0.00,3) {};
+\node (P7) at (0.75,3) {};
+\node (P8) at (1.50,3) {};
+\node (P9) at (1.75,1) {};
+\node (P10) at (1.75,2) {};
+\end{scope}
+\begin{scope}[line width=1.5pt]
+\draw[blue] (P0) -- (P1);
+\draw[red] (P1) -- (P2);
+\draw[red] (P1) -- (P5);
+\draw[blue] (P2) -- (P3);
+\draw[blue] (P2) -- (P4);
+\draw[blue] (P5) -- (P6);
+\draw[blue] (P5) -- (P7);
+\draw[red] (P5) -- (P8);
+\draw[red] (P0) -- (P9);
+\draw[blue] (P9) -- (P10);
+\end{scope}
+\begin{scope}[line width=3pt,gray!50!black]
+\draw ($0.5*(P1) + 0.5*(P5) + (-0.2,-0.2)$) -- ($0.5*(P1) + 0.5*(P5) + (0.2,0.2)$);
+\draw ($0.5*(P1) + 0.5*(P5) + (-0.2,0.2)$) -- ($0.5*(P1) + 0.5*(P5) + (0.2,-0.2)$);
+\end{scope}
+\end{tikzpicture}
+~devient~
+\begin{tikzpicture}[baseline=0]
+\fill [gray!50!white] (-3.0,0) rectangle (2.0,-0.2);
+\begin{scope}[every node/.style={circle,fill,inner sep=0.5mm}]
+\node (P0) at (0,0) {};
+\node (P1) at (-0.75,1) {};
+\node (P2) at (-2.25,2) {};
+\node (P3) at (-2.75,3) {};
+\node (P4) at (-1.75,3) {};
+\node (P9) at (1.75,1) {};
+\node (P10) at (1.75,2) {};
+\end{scope}
+\begin{scope}[line width=1.5pt]
+\draw[blue] (P0) -- (P1);
+\draw[red] (P1) -- (P2);
+\draw[blue] (P2) -- (P3);
+\draw[blue] (P2) -- (P4);
+\draw[red] (P0) -- (P9);
+\draw[blue] (P9) -- (P10);
+\end{scope}
+\end{tikzpicture}
+\end{center}
+
+(1) Expliquer brièvement pourquoi une position de ce jeu peut être
+considérée comme une somme disjonctive de différents jeux du même
+type. Plus exactement, soit $T$ un arbre bicolore de racine $x$,
+soient $y_1,\ldots,y_r$ les fils de $x$, soient $T_1,\ldots,T_r$ les
+sous-arbres ayant pour racines $y_1,\ldots,y_r$ et soient
+$T'_1,\ldots,T'_r$ les arbres de racine $x$ où $T'_i$ est formé de $x$
+et de $T_i$ (y comprise l'arête entre $x$ et $y_i$) : expliquer
+brièvement pourquoi la position représentée par l'arbre $T$ est la
+somme disjonctive de celles représentées par $T'_1,\ldots,T'_r$.
+
+\smallskip
+
+Si $T$ est un arbre de Hackenbush bicolore, notons $1{:}T$ l'arbre
+$T'$ correspondant à placer $T$ au sommet d'une unique arête bleue
+reliée à la racine (autrement dit, $T'$ est formé en ajoutant un
+nouveau sommet, qui sera la racine, et en ajoutant une arête bleue
+entre cette nouvelle racine et l'ancienne racine de $T$).
+
+On \underline{admet} les résultats suivants : à tout arbre de
+Hackenbush bicolore $T$ on peut associer un nombre réel $v(T)$ (sa
+\emph{valeur}), de façon que :
+\begin{itemize}
+\item[(a)] Si $T$ et $T'_1, \ldots, T'_r$ sont comme dans l'énoncé de
+ la question (1) alors $v(T) = v(T'_1) + \cdots + v(T'_r)$.
+\item[(b)] On a $v(-T) = -v(T)$ où $-T$ est l'arbre obtenu en échangeant
+ les couleurs rouge et bleue dans $T$.
+\item[(c)] On a $v(1{:}T) = \varphi_+(v(T))$ où $\varphi_+$ est la
+ fonction définie par\footnote{Les cas dans la définition de
+ $\varphi_+$ se chevauchent un peu, et c'est normal : les
+ définitions sont compatibles aux chevauchements.}
+\[
+\varphi_+(v) = \left\{
+\begin{array}{ll}
+v+1&\hbox{~si $v\geq 0$}\\
+2^{-n}\,(v+n+1)&\hbox{~si $-n\leq v \leq -n+1$ où $n\in\mathbb{N}$}\\
+\end{array}
+\right.
+\]
+\item[(d)] On a $v(T) \geq 0$ si et seulement si Blaise possède une
+ stratégie gagnante en jouant en second à partir de la position $T$,
+ et $v(T) \leq 0$ lorsque Roxane en possède une.
+\end{itemize}
+
+(2) Utiliser ces règles admises pour calculer la valeur de l'arbre
+tracé à gauche dans la figure ci-dessus (avant effacement). Pour
+éviter de se tromper, on recommande de reproduire l'arbre et
+d'indiquer à côté de chaque sommet la valeur du sous-arbre qui en
+descend, et à côté de chaque arête la valeur du sous-arbre avec
+l'arête en question. En déduire qui a une stratégie gagnante dans
+cette position selon le joueur qui commence.
+
+\smallbreak
+
+\centerline{* * *}
+
+Indépendamment de ce qui précède, on va considérer une opération sur
+les jeux partisans : si $G$ est un jeu combinatoire partisan, vu comme
+un graphe orienté (bien-fondé), on définit un jeu noté $1{:}G$ en
+ajoutant une unique position $0$ à $G$ comme on va l'expliquer. Pour
+chaque position $z$ de $G$ il y a une position notée $1{:}z$ de
+$1{:}G$, et il y a une unique autre position, notée $0$,
+dans $1{:}G$ ; pour chaque arête $z \to z'$ de $G$, il y a une arête
+$1{:}z\, \to \, 1{:}z'$ dans $1{:}G$, coloriée de la même manière que
+dans $G$, et il y a de plus une arête $1{:}z\, \to 0$ dans $1{:}G$
+pour chaque $z$, coloriée en bleu (en revanche, $0$ est un puits,
+c'est-à-dire qu'aucune arête n'en part) ; la position initiale de
+$1{:}G$ est $1{:}z_0$ où $z_0$ est celle de $G$. De façon plus
+informelle, pour jouer au jeu $1{:}G$, chaque joueur peut faire un
+coup normal ($1{:}z\, \to \, 1{:}z'$) de $G$, mais par ailleurs,
+Blaise peut à tout moment appliquer un coup « destruction totale »
+$1{:}z\, \to 0$ qui fait terminer immédiatement le jeu (et il a alors
+gagné\footnote{Ce jeu considéré tout seul n'est donc pas très amusant
+ puisque Blaise a toujours la possibilité de gagner
+ instantanément.}).
+
+(3) Montrer que si $G \geq H$ on a $1{:}G \geq 1{:}H$. (On rappelle
+que $G \geq H$ signifie : « Blaise a une stratégie gagnante s'il joue
+en second au jeu $G - H$ défini comme la somme disjonctive du jeu $G$
+et du jeu $-H$ obtenu en échangeant les deux joueurs au jeu $H$ ».
+Pour cela, on expliquera comment Blaise peut gagner à $(1{:}G) -
+(1{:}H)$ en jouant en second, en supposant qu'il sait gagner à $G - H$
+en jouant en second.) En déduire que si $G \doteq H$ alors $1{:}G
+\doteq 1{:}H$.
+
+{\footnotesize\textit{Remarque.} Ceci justifie partiellement
+ l'affirmation (c) des règles admises ci-dessus en ce sens que cela
+ explique que $v(1{:}G)$ ne dépende que de $v(G)$ et pas du détail
+ de $G$, et aussi que la fonction $\varphi_+$ est croissante.\par}
+
+
+
+
+
+%
+%
+%
+\end{document}
diff --git a/controle-20230417.tex b/controle-20230417.tex
new file mode 100644
index 0000000..fce95a1
--- /dev/null
+++ b/controle-20230417.tex
@@ -0,0 +1,793 @@
+%% This is a LaTeX document. Hey, Emacs, -*- latex -*- , get it?
+\documentclass[12pt,a4paper]{article}
+\usepackage[a4paper,margin=2.5cm]{geometry}
+\usepackage[francais]{babel}
+\usepackage[utf8]{inputenc}
+\usepackage[T1]{fontenc}
+%\usepackage{ucs}
+\usepackage{times}
+% A tribute to the worthy AMS:
+\usepackage{amsmath}
+\usepackage{amsfonts}
+\usepackage{amssymb}
+\usepackage{amsthm}
+%
+\usepackage{mathrsfs}
+\usepackage{wasysym}
+\usepackage{url}
+%
+\usepackage{graphics}
+\usepackage[usenames,dvipsnames]{xcolor}
+\usepackage{tikz}
+\usetikzlibrary{matrix,calc}
+\usepackage{hyperref}
+%
+%\externaldocument{notes-mitro206}[notes-mitro206.pdf]
+%
+\theoremstyle{definition}
+\newtheorem{comcnt}{Tout}
+\newcommand\thingy{%
+\refstepcounter{comcnt}\smallskip\noindent\textbf{\thecomcnt.} }
+\newcommand\exercice{%
+\refstepcounter{comcnt}\bigskip\noindent\textbf{Exercice~\thecomcnt.}\par\nobreak}
+\renewcommand{\qedsymbol}{\smiley}
+%
+\newcommand{\outnb}{\operatorname{outnb}}
+\newcommand{\downstr}{\operatorname{downstr}}
+\newcommand{\precs}{\operatorname{precs}}
+\newcommand{\mex}{\operatorname{mex}}
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+\newcommand{\limp}{\Longrightarrow}
+\newcommand{\gr}{\operatorname{gr}}
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+%
+\newcommand{\dblunderline}[1]{\underline{\underline{#1}}}
+%
+\DeclareUnicodeCharacter{00A0}{~}
+%
+\DeclareMathSymbol{\tiret}{\mathord}{operators}{"7C}
+\DeclareMathSymbol{\traitdunion}{\mathord}{operators}{"2D}
+%
+\DeclareFontFamily{U}{manual}{}
+\DeclareFontShape{U}{manual}{m}{n}{ <-> manfnt }{}
+\newcommand{\manfntsymbol}[1]{%
+ {\fontencoding{U}\fontfamily{manual}\selectfont\symbol{#1}}}
+\newcommand{\dbend}{\manfntsymbol{127}}% Z-shaped
+\newcommand{\danger}{\noindent\hangindent\parindent\hangafter=-2%
+ \hbox to0pt{\hskip-\hangindent\dbend\hfill}}
+%
+\newcommand{\spaceout}{\hskip1emplus2emminus.5em}
+\newif\ifcorrige
+\corrigetrue
+\newenvironment{corrige}%
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+\ifcorrige\par\smallbreak\else\egroup\par\fi}
+%
+%
+%
+\begin{document}
+\ifcorrige
+\title{MITRO206\\Contrôle de connaissances — Corrigé\\{\normalsize Théories des jeux}}
+\else
+\title{MITRO206\\Contrôle de connaissances\\{\normalsize Théories des jeux}}
+\fi
+\author{}
+\date{17 avril 2023}
+\maketitle
+
+\pretolerance=8000
+\tolerance=50000
+
+\vskip1truein\relax
+
+\noindent\textbf{Consignes.}
+
+Les exercices sont totalement indépendants. Ils pourront être traités
+dans un ordre quelconque, mais on demande de faire apparaître de façon
+très visible dans les copies où commence chaque exercice.
+
+La longueur du sujet ne doit pas effrayer : l'énoncé est long parce
+que des rappels ont été faits et que la rédaction des questions
+cherche à éviter toute ambiguïté. De plus, il ne sera pas nécessaire
+de traiter la totalité pour avoir la note maximale.
+
+\medbreak
+
+L'usage de tous les documents (notes de cours manuscrites ou
+imprimées, feuilles d'exercices, livres) est autorisé.
+
+L'usage des appareils électroniques est interdit.
+
+\medbreak
+
+Durée : 2h
+
+Barème \emph{indicatif} : $5+5+5+7$ (sur $20$)
+
+\ifcorrige
+Ce corrigé comporte 8 pages (page de garde incluse).
+\else
+Cet énoncé comporte 4 pages (page de garde incluse).
+\fi
+
+\vfill
+{\noindent\tiny
+\immediate\write18{sh ./vc > vcline.tex}
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+\immediate\write18{echo ' (stale)' >> vcline.tex}
+\par}
+
+\pagebreak
+
+
+%
+%
+%
+
+\exercice
+
+On considère le jeu de nim éventuellement transfini. (On rappelle
+qu'il est défini de la manière suivante : une position du jeu est un
+tuple $(\alpha_1,\ldots,\alpha_r)$ d'ordinaux, on dit qu'il y a
+« $\alpha_i$ bâtonnets sur la ligne $i$ », et un coup consiste à
+décroître strictement \emph{un et un seul} des $\alpha_i$, autrement
+dit il existe un coup de $(\alpha_1,\ldots,\alpha_r)$ vers
+$(\alpha_1,\ldots,\beta,\ldots,\alpha_r)$ où $\beta<\alpha_i$ est mis
+à la place de $\alpha_i$.)
+
+Pour chacune des positions suivantes, dire si c'est une position P
+(c'est-à-dire gagnante pour le joueur qui vient de jouer) ou N
+(c'est-à-dire gagnante pour le joueur qui doit jouer), et, dans ce
+dernier cas, donner un coup gagnant possible pour le joueur en
+question.
+
+(a) $(1,2,3)$ (autrement dit, une ligne avec $1$ bâtonnet, une ligne
+avec $2$, et une ligne avec $3$)
+
+\begin{corrige}
+On a $1 = 2^0$ et $2 = 2^1$ et $3 = 2^1 + 2^0 = 2^1 \oplus 2^0$ si
+bien que $1 \oplus 2 \oplus 3 = 0$ : la valeur de Grundy de la
+position est $0$, et c'est donc une position P.
+\end{corrige}
+
+(b) $(3,6,9)$
+
+\begin{corrige}
+On a $3 = 2^1 + 2^0 = 2^1 \oplus 2^0$ et $6 = 2^2 + 2^1 = 2^2 \oplus
+2^1$ et $9 = 2^3 + 2^0 = 2^3 \oplus 2^0$ si bien que $3 \oplus 6
+\oplus 9 = 2^3 \oplus 2^2 = 2^3 + 2^2 = 12$ : la valeur de Grundy de
+la position est $12$, et c'est donc une position N.
+
+Pour trouver un coup gagnant, c'est-à-dire un coup vers une
+position P, on cherche à annuler la valeur de Grundy : autrement dit,
+on cherche à remplacer le nombre $n$ de bâtonnets d'une ligne par $n
+\oplus 12$, et il s'agit donc de trouver une ligne telle que $n \oplus
+12 < n$. On vérifie facilement que la seule possibilité est de
+réduire la ligne ayant $9$ bâtonnets à $9 \oplus 12 = 2^2 + 2^0 = 5$
+bâtonnets. Bref, le seul coup gagnant est $(3,6,9) \to (3,6,5)$.
+\end{corrige}
+
+(c) $(\omega,\omega2,\omega3)$
+
+\begin{corrige}
+En se rappelant que $\omega = 2^{\omega}$, on a $\omega2 =
+2^{\omega+1}$ et $\omega3 = 2^{\omega+1} + 2^{\omega}$ en binaire : on
+a donc $\omega \oplus (\omega2) \oplus (\omega3) = 0$ : la valeur de
+Grundy de la position est $0$, et c'est donc une position P.
+\end{corrige}
+
+(d) $(\omega,\omega^2,\omega^3)$
+
+\begin{corrige}
+En se rappelant de nouveau que $\omega = 2^{\omega}$, on a $\omega^2 =
+2^{\omega2}$ et $\omega^3 = 2^{\omega3}$ en binaire : on a donc
+$\omega \oplus \omega^2 \oplus \omega^3 = 2^{\omega3} + 2^{\omega2} +
+2^\omega = \omega^3 + \omega^2 + \omega =: \gamma$ : la valeur de
+Grundy de la position est $\gamma \neq 0$, et c'est cdonc une
+position N.
+
+Comme dans la question (b), on cherche à annuler la valeur de Grundy,
+autrement dit remplacer le nombre $\alpha$ de bâtonnets d'une ligne
+par $\alpha \oplus \gamma$ (où $\gamma = \omega^3 + \omega^2 +
+\omega$, qu'il vaut mieux penser comme $2^{\omega3} \oplus 2^{\omega2}
+\oplus 2^\omega$) d'une manière à ce que le résultat soit plus petit.
+On vérifie facilement que la seule possibilité est de réduire la ligne
+ayant $\omega^3$ bâtonnets à $\omega^3 \oplus \gamma = \omega^2 +
+\omega$ bâtonnets. Bref, le seul coup gagnant est
+$(\omega,\omega^2,\omega^3) \to (\omega,\omega^2,\omega^2+\omega)$.
+\end{corrige}
+
+(e) $(\omega,\omega^\omega,\omega^{\omega^\omega})$
+
+\begin{corrige}
+En se rappelant une fois de plus que $\omega = 2^{\omega}$, on a
+$\omega^\omega = (2^\omega)^\omega = 2^{\omega\times\omega} =
+2^{\omega^2}$, et $\omega^{\omega^\omega} = (2^\omega)^{\omega^\omega}
+= 2^{\omega\times \omega^{\omega}} = 2^{\omega^{1+\omega}} =
+2^{\omega^\omega}$. Le raisonnement est alors exactement analogue à
+la question (d) (car la seule chose qui importe dans cette question
+ait qu'on ait affaire à trois puissances de $2$ distinctes) : la
+valeur de Grundy de la position est $\gamma := 2^{\omega^\omega} +
+2^{\omega^2} + 2^\omega = \omega^{\omega^\omega} + \omega^\omega +
+\omega \neq 0$ donc c'est une position N, et le seul coup gagnant est
+$(\omega,\omega^\omega,\omega^{\omega^\omega}) \to
+(\omega,\omega^\omega,\omega^\omega + \omega)$.
+\end{corrige}
+
+(f) $(\varepsilon_1, \varepsilon_2, \varepsilon_3)$ où $\varepsilon_0
+< \varepsilon_1 < \varepsilon_2 < \varepsilon_3$ sont les quatre
+premiers ordinaux\footnote{On peut définir $\varepsilon_{n+1}$ comme
+ la limite, c'est-à-dire la borne supérieure, de la suite
+ $(u_k)_{k<\omega}$ strictement croissante définie par $u_0 =
+ (\varepsilon_n) + 1$ et $u_{k+1} = \omega^{u_k}$, c'est-à-dire $u_1
+ = \omega^{(\varepsilon_n) + 1}$ et $u_2 =
+ \omega^{\omega^{(\varepsilon_n) + 1}}$, etc., mais on n'aura pas
+ besoin de ce fait.} vérifiant $\varepsilon = \omega^\varepsilon$.
+
+\begin{corrige}
+Pour $i \in \{1,2,3\}$ (ou n'importe quel ordinal, en fait), on a
+$\varepsilon_i = \omega^{\varepsilon_i} = (2^\omega)^{\varepsilon_i} =
+2^{\omega\cdot\varepsilon_i} = 2^{\omega\cdot\omega^{\varepsilon_i}} =
+2^{\omega^{1+\varepsilon_i}} = 2^{\omega^{\varepsilon_i}} =
+2^{\varepsilon_i}$ (en utilisant au passage le fait, facilement
+vérifié, que $1 + \rho = \rho$ quel que soit l'ordinal infini $\rho$).
+Le raisonnement est alors exactement analogue aux questions (d) et (e)
+(car la seule chose qui importe dans ces questions ait qu'on ait
+affaire à trois puissances de $2$ distinctes) : la valeur de Grundy de
+la position est $\gamma := 2^{\varepsilon_3} + 2^{\varepsilon_2} +
+2^{\varepsilon_1} = \varepsilon_3 + \varepsilon_2 + \varepsilon_1 \neq
+0$ donc c'est une position N, et le seul coup gagnant est
+$(\varepsilon_1, \varepsilon_2, \varepsilon_3) \to (\varepsilon_1,
+\varepsilon_2, \varepsilon_2 + \varepsilon_1)$.
+\end{corrige}
+
+(g) Donner un exemple de position N du jeu de nim (de préférence fini)
+avec un nombre distinct de bâtonnets sur chaque ligne (i.e., les
+$\alpha_i$ sont deux à deux distincts), où il existe strictement plus
+qu'un coup gagnant pour le joueur qui doit jouer. (Pour indication,
+ceci est possible à partir de trois lignes de bâtonnets.)
+
+\begin{corrige}
+On cherche donc une position $(n_1,n_2,n_3)$ avec trois lignes de
+bâtonnets, de valeur de Grundy $g := n_1 \oplus n_2 \oplus n_3$, telle
+qu'au moins deux des trois quantités $n_i \oplus g$ soit strictement
+inférieure au $n_i$ correspondant (le raisonnement étant expliqué à la
+question (b)), en prenant note du fait que $n_1 \oplus g = n_2 \oplus
+n_3$ et de façon analogue pour les trois autres. On cherche donc, par
+exemple, à avoir $n_1 \oplus n_3 < n_2$ et $n_1 \oplus n_2 < n_3$.
+Ceci n'est pas difficile en prenant par exemple pour $n_1$ une
+puissance de $2$ qui existe dans l'écriture binaire de $n_2$ et
+de $n_3$ mais telle qu'en l'enlevant on obtienne des nombres
+strictement plus petits. Par exemple, la position $(2,6,7)$ (de
+valeur de Grundy $2\oplus 6\oplus 7 = 3 =: g$) admet des coups
+gagnants vers $(2,5,7)$ ou $(2,6,4)$ ou même $(1,6,7)$.
+\end{corrige}
+
+
+%
+%
+%
+
+\exercice
+
+Si $G$ est un graphe orienté bien-fondé (qu'on peut considérer comme
+l'ensemble des positions d'un jeu combinatoire auquel il ne manque que
+l'information, sans pertinence ici, de la position initiale), on
+rappelle qu'on a défini la fonction rang
+\[
+\rk(x) := \sup\nolimits^+\{\rk(y) : y\in\outnb(x)\} = \sup\,\{\rk(y)+1 :
+y\in\outnb(x)\}
+\]
+(en notant $\sup^+ S$ le plus petit ordinal strictement supérieur à
+tous les ordinaux de $S$ et $\sup S$ le plus petit ordinal supérieur
+ou égal à tous les ordinaux de $S$, et $\outnb(x)$ l'ensemble des
+voisins sortants de $x$), et la fonction de Grundy
+\[
+\gr(x) := \mex\,\{\gr(y) : y\in\outnb(x)\}
+\]
+(où $\mex S$ désigne le plus petit ordinal qui n'est pas dans $S$),
+— ces définitions ayant bien un sens par induction bien-fondée. La
+première mesure en quelque sorte la durée du jeu si les deux joueurs
+coopèrent pour le faire durer aussi longtemps que possible, et la
+seconde nous donne notamment l'information de quel joueur a une
+stratégie gagnante.
+
+On va maintenant définir une fonction qui mesure en quelque sorte la
+durée du jeu si le joueur perdant cherche à perdre aussi lentement que
+possible tandis que le joueur gagnant cherche à gagner aussi vite que
+possible. Précisément, on pose
+\[
+\left\{
+\begin{array}{ll}
+\dur(x) := \sup\,\{\dur(y)+1 : y\in\outnb(x)\}
+&\;\;\text{si $\gr(x) = 0$}\\
+\dur(x) := \min\,\{\dur(y)+1 : y\in\outnb(x)\text{~et~}\gr(y)=0\}
+&\;\;\text{si $\gr(x) \neq 0$}\\
+\end{array}
+\right.
+\]
+(où $\min S$ désigne le plus petit ordinal de $S$, si $S$ est un
+ensemble non-vide d'ordinaux).
+
+(1) Expliquer pourquoi cette définition a bien un sens (on
+prendra garde au fait que $\min\varnothing$ n'est pas défini).
+
+\begin{corrige}
+Lorsque $\gr(x) \neq 0$, il existe au moins un voisin sortant $y \in
+\outnb(x)$ tel que $\gr(y) = 0$ (car le $\mex$ est la plus petite
+valeur exclue: si un tel $y$ n'existait pas, le $\mex$ serait $0$) :
+ceci assure que le $\min$ dans la deuxième ligne de la définition
+porte toujours sur un ensemble non-vide.
+
+En-dehors de ce fait, la définition ne pose pas de problème : le
+$\sup$ d'un ensemble d'ordinaux existe toujours, et la récursivité de
+la définition est légitime par induction bien-fondée, c'est-à-dire que
+$\dur(x)$ peut faire appel aux valeurs de $\dur(y)$ pour des voisins
+sortants $y$ de $x$. (Le fait de faire appel à $\gr(y)$ n'est pas un
+problème car on sait que $\gr$ est bien défini, et la distinction en
+cas est légitime de toute manière.)
+\end{corrige}
+
+(2) Expliquer rapidement et informellement pourquoi $\dur(x)$
+correspond bien à l'explication intuitive qu'on a donnée.
+
+\begin{corrige}
+Quand $x$ est une position avec $\gr(x) = 0$, c'est-à-dire une
+position P, le joueur qui doit jouer est le joueur perdant (n'ayant
+pas de stratégie gagnante) : il joue donc vers une position $y$ le
+faisant perdre le plus lentement possible, c'est-à-dire avec $\dur(y)$
+aussi grand que possible, d'où la définition $\dur(x) =
+\sup\,\{\dur(y)+1 : y\in\outnb(x)\}$ dans ce cas (le $+1$ sert à
+compter le coup joué par ce joueur).
+
+Au contraire, lorsque $\gr(x) \neq 0$, c'est-à-dire que $x$ est une
+position N, le joueur qui doit jouer est le joueur gagnant : il joue
+donc vers une position $y$ le faisant gagner le plus rapidement
+possible, c'est-à-dire avec $\dur(y)$ aussi petit que possible parmi
+les coups $x\to y$ gagnants, autrement dit ceux pour lesquels $\gr(y)
+= 0$, d'où la définition $\dur(x) = \min\,\{\dur(y)+1 :
+y\in\outnb(x)\;\text{~et~}\;\gr(y)=0\}$ dans ce cas (le $+1$ sert à
+compter le coup joué par ce joueur).
+\end{corrige}
+
+(3) Sur le graphe $G$ représenté ci-dessous, calculer chacune des
+fonctions $\rk$, $\gr$ et $\dur$ (les lettres servent simplement à
+étiqueter les sommets) :
+
+\begin{center}\footnotesize
+\begin{tikzpicture}[>=stealth,thick,text width=5bp,text height=5bp,text depth=0bp]
+\node (nA) at (0bp,0bp) [draw,circle] {A};
+\node (nB) at (0bp,-40bp) [draw,circle] {B};
+\node (nC) at (40bp,0bp) [draw,circle] {C};
+\node (nD) at (40bp,-40bp) [draw,circle] {D};
+\node (nE) at (80bp,0bp) [draw,circle] {E};
+\node (nF) at (80bp,-40bp) [draw,circle] {F};
+\node (nG) at (120bp,-40bp) [draw,circle] {G};
+\draw[->] (nA) -- (nB);
+\draw[->] (nA) -- (nC);
+\draw[->] (nB) -- (nD);
+\draw[->] (nB) to[out=315,in=225] (nG);
+\draw[->] (nC) -- (nD);
+\draw[->] (nC) -- (nE);
+\draw[->] (nD) -- (nF);
+\draw[->] (nE) -- (nF);
+\draw[->] (nF) -- (nG);
+\draw[->] (nE) to[out=0,in=90] (nG);
+\end{tikzpicture}
+\end{center}
+\vskip-\baselineskip
+Si on joue à partir du sommet A comme position initiale et que, comme
+suggéré dans la définition de $\dur$, le joueur perdant cherche à
+perdre aussi lentement que possible tandis que le joueur gagnant
+cherche à gagner aussi vite que possible, quelle sera le déroulement
+du jeu ?
+
+\begin{corrige}
+Les sommets ont été fort sympathiquement étiquetés dans un ordre
+compatible avec le rang (tri topologique), c'est-à-dire que chaque
+arête pointe vers un sommet situé strictement après dans l'ordre
+alphabétique. On effectue donc les calculs dans l'ordre alphabétique
+inversé. On trouve, pour le rang :
+
+\begin{center}\footnotesize
+\begin{tikzpicture}[>=stealth,thick,text width=5bp,text height=5bp,text depth=0bp]
+\node (nA) at (0bp,0bp) [draw,circle] {$4$};
+\node (nB) at (0bp,-40bp) [draw,circle] {$3$};
+\node (nC) at (40bp,0bp) [draw,circle] {$3$};
+\node (nD) at (40bp,-40bp) [draw,circle] {$2$};
+\node (nE) at (80bp,0bp) [draw,circle] {$2$};
+\node (nF) at (80bp,-40bp) [draw,circle] {$1$};
+\node (nG) at (120bp,-40bp) [draw,circle] {$0$};
+\draw[->] (nA) -- (nB);
+\draw[->] (nA) -- (nC);
+\draw[->] (nB) -- (nD);
+\draw[->] (nB) to[out=315,in=225] (nG);
+\draw[->] (nC) -- (nD);
+\draw[->] (nC) -- (nE);
+\draw[->] (nD) -- (nF);
+\draw[->] (nE) -- (nF);
+\draw[->] (nF) -- (nG);
+\draw[->] (nE) to[out=0,in=90] (nG);
+\end{tikzpicture}
+\end{center}
+\vskip-\baselineskip
+
+Pour la valeur de Grundy :
+
+\begin{center}\footnotesize
+\begin{tikzpicture}[>=stealth,thick,text width=5bp,text height=5bp,text depth=0bp]
+\node (nA) at (0bp,0bp) [draw,circle] {$0$};
+\node (nB) at (0bp,-40bp) [draw,circle] {$1$};
+\node (nC) at (40bp,0bp) [draw,circle] {$1$};
+\node (nD) at (40bp,-40bp) [draw,circle] {$0$};
+\node (nE) at (80bp,0bp) [draw,circle] {$2$};
+\node (nF) at (80bp,-40bp) [draw,circle] {$1$};
+\node (nG) at (120bp,-40bp) [draw,circle] {$0$};
+\draw[->] (nA) -- (nB);
+\draw[->] (nA) -- (nC);
+\draw[->] (nB) -- (nD);
+\draw[->] (nB) to[out=315,in=225] (nG);
+\draw[->] (nC) -- (nD);
+\draw[->] (nC) -- (nE);
+\draw[->] (nD) -- (nF);
+\draw[->] (nE) -- (nF);
+\draw[->] (nF) -- (nG);
+\draw[->] (nE) to[out=0,in=90] (nG);
+\end{tikzpicture}
+\end{center}
+\vskip-\baselineskip
+
+Et pour la fonction $\dur$ (afin de rendre le calcul plus facile à
+suivre, on a entouré en double les sommets de valeur de Grundy $0$) :
+
+\begin{center}\footnotesize
+\begin{tikzpicture}[>=stealth,thick,text width=5bp,text height=5bp,text depth=0bp]
+\node (nA) at (0bp,0bp) [draw,double,circle] {$4$};
+\node (nB) at (0bp,-40bp) [draw,circle] {$1$};
+\node (nC) at (40bp,0bp) [draw,circle] {$3$};
+\node (nD) at (40bp,-40bp) [draw,double,circle] {$2$};
+\node (nE) at (80bp,0bp) [draw,circle] {$1$};
+\node (nF) at (80bp,-40bp) [draw,circle] {$1$};
+\node (nG) at (120bp,-40bp) [draw,double,circle] {$0$};
+\draw[->] (nA) -- (nB);
+\draw[->] (nA) -- (nC);
+\draw[->] (nB) -- (nD);
+\draw[->] (nB) to[out=315,in=225] (nG);
+\draw[->] (nC) -- (nD);
+\draw[->] (nC) -- (nE);
+\draw[->] (nD) -- (nF);
+\draw[->] (nE) -- (nF);
+\draw[->] (nF) -- (nG);
+\draw[->] (nE) to[out=0,in=90] (nG);
+\end{tikzpicture}
+\end{center}
+\vskip-\baselineskip
+
+Si on joue à partir de la position A, le premier joueur, appelons-la
+Alice, est en position perdante car la valeur de Grundy est nulle, et
+va jouer vers C car c'est ce qui maximise la fonction $\dur$ ; son
+adversaire, appelons-le Bob, joue alors vers D car c'est le seul coup
+gagnant, après quoi Alice joue vers F (seul coup possible) et Bob joue
+vers G.
+\end{corrige}
+
+(4) Montrer que, dans n'importe quel graphe $G$ bien-fondé, et pour
+n'importe quel sommet $x$ de $G$, on a $\dur(x) \leq \rk(x)$.
+
+\begin{corrige}
+On montre par induction bien-fondée que $\dur(x) \leq \rk(x)$. On
+peut donc faire l'hypothèse qu'on sait que $\dur(y) \leq \rk(y)$ pour
+tout voisin sortant $y \in \outnb(x)$ (hypothèse d'induction). Dans
+le cas où $\gr(x) = 0$, on a $\dur(x) = \sup\,\{\dur(y)+1 :
+y\in\outnb(x)\}$, qui est $\leq \sup\,\{\rk(y)+1 : y\in\outnb(x)\}$
+par hypothèse d'induction (il est clair qu'augmenter au sens large
+tous les éléments d'un ensemble d'ordinaux augmente son $\sup$ au sens
+large), et ceci vaut $\rk(x)$ par définition. Dans le cas où $\gr(x)
+\neq 0$, on a $\dur(x) = \min\,\{\dur(y)+1 :
+y\in\outnb(x)\;\text{~et~}\;\gr(y)=0\} \leq \sup\,\{\dur(y)+1 :
+y\in\outnb(x)\;\text{~et~}\;\gr(y)=0\} \leq \sup\,\{\dur(y)+1 :
+y\in\outnb(x)\}$ de façon évidente ($\min S \leq \sup S$ est clair),
+et pour la même raison que précédemment, ceci est $\leq
+\sup\,\{\rk(y)+1 : y\in\outnb(x)\} = \rk(x)$.
+\end{corrige}
+
+
+%
+%
+%
+
+\exercice
+
+Soit $G$ un graphe orienté dont l'ensemble des sommets est (au plus)
+dénombrable, et soit $x_0$ un sommet de $G$. (Il n'y a pas d'autre
+hypothèse sur $G$, par exemple on ne suppose pas que $G$ est
+bien-fondé.)
+
+On considère le jeu suivant. Deux joueurs s'affrontent, qu'on
+appellera \emph{le Fugueur} et \emph{le Borneur}. Le Fugueur
+commence, après quoi ils jouent tour à tour. En partant de $x_0$,
+chaque joueur, quand vient son tour, choisit un voisin sortant de la
+position actuelle $x$ \emph{ou bien} choisit de conserver $x$ ;
+autrement dit, il choisit un élément de $\outnb(x) \cup \{x\}$. (Pour
+être parfaitement clair : au premier tour, le Fugueur choisit $x_1 \in
+\outnb(x_0) \cup \{x_0\}$, puis le Borneur choisit $x_2 \in
+\outnb(x_1) \cup \{x_1\}$, et ainsi de suite.) Le jeu dure infiniment
+longtemps (manifestement, les règles permettent toujours à chaque
+joueur de faire un coup). Au bout d'un nombre infini de coups, on
+considère la suite $(x_n)_{n\in\mathbb{N}}$ de toutes les positions
+traversées :
+\begin{itemize}
+\item si cette suite est d'image finie (c'est-à-dire que l'ensemble
+ $\{x_n : n\in\mathbb{N}\}$ de toutes les positions traversées est
+ fini), alors le Borneur a gagné ;
+\item sinon, le Fugueur a gagné.
+\end{itemize}
+
+(1) Montrer, en appliquant un des résultats du cours, que l'un des
+joueurs a nécessairement une stratégie gagnante (on ne demande pas de
+préciser lequel). On pourra préalablement montrer que pour toute
+partie $F \subseteq G$, la partie $F^{\mathbb{N}} \subseteq
+G^{\mathbb{N}}$ est \emph{fermée} (pour la topologie sur
+$G^{\mathbb{N}}$ produit de la topologie
+discrète\footnote{C'est-à-dire celle qui a été étudiée en cours.}), et
+en déduire une propriété de l'ensemble
+$\bigcup_{F\text{~fini~}\subseteq G} F^{\mathbb{N}}$ réunion des
+$F^{\mathbb{N}}$ où $F$ parcourt toutes les parties \emph{finies}
+de $G$.
+
+\begin{corrige}
+Pour commencer, montrons que si $F$ est une partie de $G$ alors
+$F^{\mathbb{N}} \subseteq G^{\mathbb{N}}$ est fermée. Ceci revient à
+montrer que son complémentaire est ouvert, autrement dit, que si
+$\dblunderline{x} \in G^{\mathbb{N}}$ n'est pas dans $F^{\mathbb{N}}$,
+alors il existe un voisinage fondamental de $\dblunderline{x}$ qui ne
+rencontre pas $F^{\mathbb{N}}$. Or si $\dblunderline{x} \in
+G^{\mathbb{N}}$ n'est pas dans $F^{\mathbb{N}}$, c'est qu'elle a une
+valeur $x_\ell$ qui n'est pas dans $F$, et toute suite commençant par
+$x_0,\ldots,x_\ell$ n'est pas dans $F^{\mathbb{N}}$, c'est-à-dire que
+le voisinage fondamental $V_{\ell+1}(\dblunderline{x})$ est inclus
+dans le complémentaire de $F^{\mathbb{N}}$. Ceci achève de montrer
+que $F^{\mathbb{N}} \subseteq G^{\mathbb{N}}$ est fermée.
+
+Maintenant, l'ensemble $\mathscr{F}$ des parties finies d'un ensemble
+(au plus) dénombrable, en l'occurrence, $G$, est (au plus)
+dénombrable. Ce fait peut être tenu pour acquis, mais rappelons
+pourquoi il est vrai : en effet, si $G = \{g_i : i\in\mathbb{N}\}$,
+alors on peut par exemple énumérer $\mathscr{F}$ à travers les
+écritures binaires, ou plus précisément, $\mathscr{F} = \{F_n :
+n\in\mathbb{N}\}$ où $F_n$ désigne la partie finie
+$\{g_{i_0},\ldots,g_{i_r}\}$ lorsque $n = 2^{i_0} + \cdots + 2^{i_r}$
+avec $i_0,\ldots,i_r$ entiers naturels distincts (autrement dit, $F_0
+= \varnothing$, $F_1 = \{g_0\}$, $F_2 = \{g_1\}$, $F_3 = \{g_0,g_1\}$,
+etc.). Peu importe le fait qu'il y ait des répétitions dans
+l'énumération $F_n$ (un ensemble surjecté par $\mathbb{N}$ est encore
+dénombrable).
+
+Ceci nous permet de dire que $\bigcup_{F\text{~fini~}\subseteq G}
+F^{\mathbb{N}}$, autrement dit $\bigcup_{F \in \mathscr{F}}
+F^{\mathbb{N}}$, est une réunion dénombrable de fermés
+dans $G^{\mathbb{N}}$. Comme un fermé est borélien, c'est une réunion
+dénombrable de boréliens, donc c'est encore un borélien.
+
+Enfin, remarquons que dire que l'ensemble $\{x_n : n\in\mathbb{N}\}$
+est fini revient à dire qu'il est inclus un ensemble fini $F$,
+autrement dit, que la suite $\dblunderline{x} = (x_n)$ appartient à
+$F^{\mathbb{N}}$ pour un certain ensemble fini $F$, ou, ce qui revient
+au même, qu'elle appartient à $\bigcup_{F \in \mathscr{F}}
+F^{\mathbb{N}}$.
+
+On a donc affaire à un jeu de Gale-Stewart défini par l'ensemble de
+suites $B := \bigcup_{F \in \mathscr{F}} F^{\mathbb{N}}$ borélien (ou
+par son complémentaire $A := G^{\mathbb{N}} \setminus B$ si on prend
+le point de vue du Fugueur). Le théorème de détermination borélienne
+de Martin assure que l'un des joueurs a forcément une stratégie
+gagnante.
+\end{corrige}
+
+(2) Indépendamment de la question précédente, donner un exemple de
+couple $(G,x_0)$ pour lequel le Borneur possède une stratégie gagnante
+à ce jeu. Donner un exemple pour lequel le Fugueur en possède une.
+(On cherchera à donner des exemples aussi simples que possibles.)
+
+\begin{corrige}
+Si $G$ est le graphe formé du seul sommet $x_0$, alors le Borneur
+gagne trivialement (la suite sera la suite constante).
+
+Si $G$ est le graphe formé des entiers naturels avec une arête $i \to
+j$ lorsque $i<j$ (autrement dit des petits entiers naturels vers les
+grands), ou même seulement $i \to i+1$, alors le Fugueur a une
+stratégie gagnante consistant à jouer de $i$ vers $i+1$, ce qui assure
+que la suite $(x_{2i+1})$ des positions choisies par le Fugueur est
+strictement croissante quoi que fasse le Borneur (il ne peut pas
+revenir en arrière), et notamment, elle n'est pas d'image finie.
+\end{corrige}
+
+
+%
+%
+%
+
+\exercice
+
+On considère une variante \emph{à somme (possiblement) non-nulle} de
+Pierre-Papier-Ciseaux, à savoir le jeu en forme normale défini par la
+matrice de gain suivante :
+\begin{center}
+\begin{tabular}{r|ccc}
+$\downarrow$Alice, Bob$\rightarrow$&$U$&$V$&$W$\\\hline
+$U$&$x,x$&$-1,+1$&$+1,-1$\\
+$V$&$+1,-1$&$x,x$&$-1,+1$\\
+$W$&$-1,+1$&$+1,-1$&$x,x$\\
+\end{tabular}
+\end{center}
+où $x$ est un réel et, pour plus de commodité, on a écrit $U$ pour
+« Pierre », $V$ pour « Papier » et $W$ pour « Ciseaux ». (La ligne
+correspond à l'option choisie par Alice, la colonne à l'option de Bob,
+et chaque case indique le gain d'Alice suivi du gain de Bob.)
+
+Le but de l'exercice est d'étudier les équilibres de Nash de ce jeu.
+
+(On prendra bien note, pour simplifier les raisonnements en cas, du
+fait que les options ont une symétrie cyclique\footnote{C'est-à-dire
+ que remplacer $U$ par $V$ et $V$ par $W$ et $W$ par $U$ ne change
+ rien au jeu.}, et que les joueurs ont eux aussi des rôles
+symétriques.)
+
+(1) Considérons le profil de stratégies mixtes dans lequel les deux
+joueurs choisissent chacun chaque option avec probabilité
+$\frac{1}{3}$ (c'est-à-dire la stratégie qui est optimale dans le cas
+à somme nulle). Pour quelle(s) valeur(s) de $x$ ce profil est-il un
+équilibre de Nash ?
+
+\begin{corrige}
+Pour des raisons de symétrie, si l'un des joueurs joue cette stratégie
+mixte $\frac{1}{3}U + \frac{1}{3}V + \frac{1}{3}W$, le gain espéré de
+chacun des deux joueurs est le même quelle que soit la stratégie pure,
+donc aussi mixte, de l'autre joueur. Cette valeur se calcule
+d'ailleurs aisément (comme somme des trois colonnes, ou des trois
+lignes, de la matrice de gains, affectées des
+coefficients $\frac{1}{3}$) : c'est $\frac{1}{3}x$ ; mais la seule
+chose qui importe est que l'adversaire ait le même gain espéré quelle
+que soit la stratégie pure, donc aussi mixte, qu'il choisit : il n'a
+donc pas intérêt à changer unilatéralement sa stratégie. Il s'agit
+donc \emph{toujours} d'un équilibre de Nash, quelle que soit la valeur
+de $x$.
+\end{corrige}
+
+\emph{On suppose dorénavant que $x<-1$.}
+
+(2) Existe-t-il un équilibre de Nash dans lequel Alice joue purement
+$U$ ? (On raisonnera les options pouvant être dans le support de la
+stratégie de Bob en réponse.) En déduire tous les équilibres de Nash
+dans lesquels au moins un joueur joue une stratégie pure.
+
+\begin{corrige}
+Si Alice joue purement $U$, les gains de Bob pour les différentes
+stratégies pures de sa réponse sont $x$ pour $U$, $+1$ pour $V$ et
+$-1$ pour $W$ d'après la matrice de gains. Comme $+1 > -1 > x$, la
+seule option qui peut faire partie du support d'une meilleure réponse
+de Bob est $V$, autrement dit, si Alice joue purement $U$ dans un
+équilibre de Nash, Bob répond forcément purement $V$. Mais par le
+même raisonnement (compte tenu de la symétrie cyclique des options et
+de la symétrie des joueurs), si Bob joue purement $V$, Alice joue $W$
+(et pas $U$ comme supposé). Il ne peut donc pas y avoir d'équilibre
+de Nash dans lequel Alice joue purement $U$. Et de nouveau par
+symétrie cyclique des options et symétrie des joueurs, il ne peut y
+avoir aucun équilibre de Nash dans lequel un joueur jouerait une
+stratégie pure.
+\end{corrige}
+
+(3) Dans cette question et la suivante, envisageons un équilibre de
+Nash dans lequel Alice joue la stratégie mixte $pU + (1-p)V$ avec
+$0<p<1$. Supposons dans cette question que Bob réponde avec un une
+stratégie mixte ayant elle aussi $\{U,V\}$ comme support. Montrer que
+$p = \frac{x+1}{2x}$ et que le gain de Bob est $\frac{x^2+1}{2x}$. En
+utilisant le fait que $\frac{x^2+1}{2x} < -\frac{1}{x}$ lorsque $x<-1$
+(qu'on admettra pour ne pas perdre son temps en calculs inutiles), en
+déduire qu'un tel équilibre de Nash n'existe pas.
+
+\begin{corrige}
+Si Alice joue $pU + (1-p)V$, les gains espérés de Bob pour les
+différences stratégies pures de sa réponse sont $px-(1-p) =
+-1+(x+1)p$ pour $U$, $p + (1-p)x = x-(x-1)p$ pour $V$ et $-p + (1-p) =
+1-2p$ pour $W$. Si une meilleure réponse de Bob a $\{U,V\}$ comme
+support, ces deux options doivent apporter le même gain espéré,
+c'est-à-dire qu'on doit avoir $-1+(x+1)p = x-(x-1)p$, ce qui équivaut
+à $p = \frac{x+1}{2x}$, et le gain en question est $\frac{x^2+1}{2x}$,
+tandis que le gain espéré pour $W$ est alors $1-2p = -\frac{1}{x}$.
+D'après l'inégalité $\frac{x^2+1}{2x} < -\frac{1}{x}$, l'option $W$
+fournit un meilleur gain espéré pour Bob, donc $\{U,V\}$ ne peut pas
+être le support d'une meilleure réponse de Bob à $pU + (1-p)V$
+d'Alice.
+\end{corrige}
+
+(4) On considère toujours un équilibre de Nash dans lequel Alice joue
+la stratégie mixte $pU + (1-p)V$ avec $0<p<1$. Supposons maintenant
+que Bob réponde avec une stratégie mixte ayant (au moins) $U$ et $W$
+dans son support support. Montrer que $p = \frac{2}{x+3}$ (et
+que $x\neq -3$) ; en utilisant le fait que $\frac{2}{x+3} > 1$ lorsque
+$-3<x<-1$ et que $\frac{2}{x+3} < 0$ lorsque $x < -3$ (de nouveau, on
+admettra ces faits pour ne pas perdre de temps en calculs), en déduire
+qu'un tel équilibre de Nash n'existe pas.
+
+\begin{corrige}
+On a dit dans la question (3) que si Alice joue $pU + (1-p)V$, les
+gains espérés de Bob pour les différences stratégies pures de sa
+réponse sont $px-(1-p) = -1+(x+1)p$ pour $U$, $p + (1-p)x =
+x-(x-1)p$ pour $V$ et $-p + (1-p) = 1-2p$ pour $W$. Si une meilleure
+réponse de Bob a $U$ et $W$ dans son support, ces deux options doivent
+apporter le même gain espéré, c'est-à-dire qu'on doit avoir $-1+(x+1)p
+= 1-2p$, ce qui équivaut à $(x+3)p = 3$, donc $x\neq 3$ et $p =
+\frac{2}{x+3}$. D'après les inégalités admises, $p$, qui devrait être
+entre $0$ et $1$, ne l'est jamais si $x<-1$, donc un tel équilibre de
+Nash n'existe pas.
+\end{corrige}
+
+(5) Expliquer soigneusement pourquoi les questions (2) à (4) montrent
+que dans tout équilibre de Nash du jeu considéré, les deux joueurs
+jouent une stratégie mixte ayant $\{U,V,W\}$ comme support (i.e.,
+aucun ensemble strictement plus petit n'est possible).
+
+\begin{corrige}
+On a vu en (2) qu'il n'existe aucun équilibre de Nash dans lequel un
+joueur joue une stratégie pure. Supposons maintenant un équilibre de
+Nash dans lequel un joueur a deux options dans son support. Par
+symétrie, sans perte de généralité, on peut supposer que c'est Alice
+et que ces deux options sont $U$ et $V$. Comme les stratégies pures
+sont exclues, les supports possibles de la réponse de Bob sont :
+$\{U,V\}$, $\{U,W\}$, $\{V,W\}$ et $\{U,V,W\}$. Dans la question (3)
+on a exclu $\{U,V\}$ ; dans la question (4), on a exclu $\{U,W\}$ et
+$\{U,V,W\}$. Reste le cas où le support de la stratégie de Bob est
+$\{V,W\}$ (tandis que celui d'Alice est, on le rappelle, $\{U,V\}$).
+Mais quitte à effectuer une symétrie cyclique des options ($U\to W\to
+V\to U$) et échanger les joueurs, cela revient au cas où le support de
+la stratégie d'Alice est $\{U,V\}$ et celui de Bob est $\{U,W\}$ : or
+on a déjà exclu ce cas. Il ne reste donc aucune possibilité.
+\end{corrige}
+
+(6) Envisageons maintenant un équilibre de Nash dans lequel Alice joue
+une stratégie mixte $pU + p'V + (1-p-p')W$ avec $p>0$, $p'>0$ et
+$1-p-p'>0$ et Bob répond par une stratégie ayant elle aussi
+$\{U,V,W\}$ comme support. Écrire un système de deux équations
+linéaires vérifié par $p,p'$, justifier que ce système est
+non-dégénéré et conclure. Quels sont tous les équilibres de Nash du
+jeu ?
+
+\begin{corrige}
+Si Alice joue $pU + p'V + (1-p-p')W$, les gains espérés de Bob pour
+les différences stratégies pures de sa réponse sont $px - p' +
+(1-p-p') = 1 + (x-1)p - 2p'$ pour $U$, $p + p' x - (1-p-p') = -1 + 2p
++ (x+1)p'$ pour $V$ et $-p + p' + (1-p-p')x = x -(x+1)p -
+(x-1)p'$ pour $W$. Si une meilleure réponse de Bob a $\{U,V,W\}$
+comme support, ces trois options doivent apporter le même gain espéré,
+c'est-à-dire que $1 + (x-1)p - 2p' = -1 + 2p + (x+1)p' = x -(x+1)p -
+(x-1)p'$, ou (en soustrayant, disons, le premier membre aux deux
+autres) :
+\[
+\begin{aligned}
+-(x-3)p + (x+3)p' &= 2\\
+- 2xp - (x-3)p' &= -(x-1)
+\end{aligned}
+\]
+Le déterminant de ce système est $(x-3)^2 + 2x(x+3) = 3(x^2+3)$ qui
+est non nul quel que soit $x$, donc le système est non-dégénéré : la
+solution $p=p'=\frac{1}{3}$ trouvée en (1) est donc la seule solution.
+
+Bref, on a montré que le seul équilibre de Nash dans lequel les
+supports des stratégies d'Alice et Bob sont $\{U,V,W\}$ est celui
+décrit en (1) ; comme on a vu en (5) que ceci est la seule possibilité
+de support, il s'agit du seul équilibre de Nash du jeu.
+\end{corrige}
+
+
+
+
+
+%
+%
+%
+\end{document}
diff --git a/notes-mitro206.tex b/notes-mitro206.tex
index 7d20177..d5fb37f 100644
--- a/notes-mitro206.tex
+++ b/notes-mitro206.tex
@@ -1947,7 +1947,7 @@ devient de maximiser $v_+ - v_-$ sous les contraintes
\[-\sum_{a\in A_1} x_a \leq -1\]
\[(\forall b\in A_2)\;v_+ - v_- - \sum_{a \in A_1} u(a,b)\, x_a \leq 0\]
Le problème dual (minimiser ${^{\mathrm{t}}\textbf{q}} y$ sous les
-contraintes ${^{\mathrm{t}}\textbf{M}} y \geq {^\mathrm{t}\textbf{q}}$
+contraintes ${^{\mathrm{t}}\textbf{M}} y \geq {^\mathrm{t}\textbf{p}}$
et $y\geq 0$) est alors de minimiser $w_+ - w_-$ sous les contraintes
\[w_+\geq 0,\; w_- \geq 0,\;\; (\forall b\in A_2)\;y_b \geq 0\]
\[\sum_{b\in A_2} y_b \geq 1\]