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\title{Logique(s) et typage(s) d'ordre(s) supérieur(s)}
\subtitle{INF110 (Logique et Fondements de l'Informatique)}
\author[David Madore]{David A. Madore\\
{\footnotesize Télécom Paris}\\
\texttt{david.madore@enst.fr}}
\date{2023–2024}
\mode<presentation>{%
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\begin{document}
\mode<article>{\maketitle}
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%
\begin{frame}
\titlepage
{\footnotesize\center{\url{http://perso.enst.fr/madore/inf110/transp-inf110.pdf}}\par}
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\end{frame}
%
\section*{Plan}
\begin{frame}
\frametitle{Plan}
\tableofcontents
\end{frame}
%
\section{Les quantificateurs : discussion informelle}
\begin{frame}
\frametitle{Limitations du calcul propositionnel}

\itempoint On a parlé pour l'instant de \textbf{calcul
  propositionnel}, qui ne connaît que les affirmations logiques et les
connecteurs propositionnels $\Rightarrow,\land,\lor,\top,\bot$.

\medskip

\itempoint Mais il y a deux notations logiques essentielles en
mathématiques au-delà de ces connecteurs : les
\textbf{quantificateurs} $\forall,\exists$, qui :
\begin{itemize}
\item prennent une formule $P(x)$ dépendant d'une variable $x$ libre,
\item lient cette variable pour former une nouvelle formule $\forall
  x. P(x)$ ou $\exists x. P(x)$.
\end{itemize}

\medskip

\itempoint Intuitivement, il faut penser à $\forall$ et $\exists$
comme des « $\land$ et $\lor$ en famille », c'est-à-dire que :
\begin{itemize}
\item $\forall x.P(x)$, parfois noté $\bigwedge_x P(x)$ est à $P\land
  Q$ ce que $\prod_i p_i$ est à $p\times q$,
\item $\exists x.P(x)$, parfois noté $\bigvee_x P(x)$ est à $P\lor Q$
  ce que $\sum_i p_i$ est à $p + q$.
\end{itemize}

\medskip

\itempoint Il existe de \alert{nombreux systèmes logiques} différant
notamment en \alert{ce qu'on a le droit de quantifier} (qui sont les
$x$ ici ?).

\smallskip

\textcolor{brown}{Commençons par une discussion informelle de
  $\forall$ et $\exists$.}

\end{frame}
%
\begin{frame}
\frametitle{L'interprétation BHK des quantificateurs}

On a déjà vu l'interprétation informelle des connecteurs, on introduit
maintenant les quantificateurs :

\begin{itemize}
\item {\color{darkgray} un témoignage de $P\land Q$, est un témoignage
  de $P$ et un de $Q$,}
\item {\color{darkgray} un témoignage de $P\lor Q$, est un témoignage
  de $P$ ou un de $Q$, et la donnée duquel des deux on a choisi,}
\item {\color{darkgray} un témoignage de $P\Rightarrow Q$ est un moyen
  de transformer un témoignage de $P$ en un témoignage de $Q$,}
\item {\color{darkgray} un témoignage de $\top$ est trivial,} \quad
  \itempoint {\color{darkgray} un témoignage de $\bot$ n'existe pas,}
\item un témoignage de $\forall x.P(x)$ est un moyen
  de transformer un $x$ quelconque en un témoignage de $P(x)$,
\item un témoignage de $\exists x.P(x)$ est la donnée d'un certain
  $x_0$ et d'un témoignage de $P(x_0)$.
\end{itemize}

\end{frame}
%
\begin{frame}
\frametitle{Curry-Howard pour le $\forall$}

\itempoint On a vu que Curry-Howard fait correspondre
\alert{conjonction logique} $P\land Q$ {\footnotesize (« un témoignage
  de $P$ et un de $Q$ »)} avec \alert{type produit} $\sigma\times\tau$
      {\footnotesize (« une valeur de $\sigma$ et une de $\tau$ »)}.

\medskip

\itempoint De façon analogue, la \alert{quantification universelle}
$\forall x. P(x)$ {\footnotesize (« une façon de transformer $x$ en un
  témoignage de $P(x)$ »)}, qui est une sorte de \emph{conjonction en
famille} $\bigwedge_x P(x)$, correspondra au \alert{type produit en
  famille} $\prod_x \sigma(x)$ {\footnotesize (« fonction renvoyant
  une valeur de $\sigma(x)$ pour chaque $x$ »)}.

\medskip

\itempoint Ceci présuppose l'existence de \alert{familles de types} $x
\mapsto \sigma(x)$ (= types dépendant de quelque chose) dont on puisse
prendre le produit.

\medskip

\itempoint Une preuve de $\forall x.P(x)$ correspondra à un terme de
forme $\lambda(x:{?}).\,(\cdots)$, où le type de $(\cdots)$ correspond
à $P(x)$.

\medskip

\itempoint Remarquer que $\forall x.P$, si $P$ ne dépend pas de $x$,
« ressemble » à $I \Rightarrow P$ de la même manière que $\prod_{i\in
  I} X = X^I$.  {\footnotesize (Les détails dépendent de la nature de
  la quantification.)}

\end{frame}
%
\begin{frame}
\frametitle{Curry-Howard pour le $\exists$}

\itempoint On a vu que Curry-Howard fait correspondre
\alert{conjonction logique} $P\lor Q$ {\footnotesize (« un témoignage
  de $P$ ou un de $Q$, avec la donnée duquel on a choisi »)} avec
\alert{type somme} $\sigma+\tau$ {\footnotesize (« une valeur de
  $\sigma$ ou une de $\tau$, avec un sélecteur entre les deux »)}.

\medskip

\itempoint De façon analogue, la \alert{quantification existentielle}
$\exists x. P(x)$ {\footnotesize (« la donnée d'un $x_0$ et d'un
  témoignage de $P(x_0)$ »)}, qui est une sorte de \emph{disjonction
en famille} $\bigvee_x P(x)$, correspondra au \alert{type somme en
  famille} $\sum_x \sigma(x)$ {\footnotesize (« donnée d'un $x_0$ et
  d'une valeur de type $\sigma(x_0)$ »)}.

\medskip

\itempoint Une preuve de $\exists x.P(x)$ correspondra à un terme de
forme $\langle x_0, \cdots\rangle$, où le type de $(\cdots)$
correspond à $P(x_0)$.  {\footnotesize (De nouveau, il faut des
  « familles de types ».)}

\medskip

\itempoint Remarquer que $\exists x.P$, si $P$ ne dépend pas de $x$,
« ressemble » à $I \times P$ de la même manière que $\sum_{i\in I} X =
I\times X$.  {\footnotesize (Les détails dépendent de la nature de la
  quantification.)}

\medskip

\itempoint Mais Curry-Howard atteint ses limites : il n'est pas dit
que d'une preuve de $\exists x.P(x)$ on \alert{puisse extraire} le
$x_0$ correspondant dans autre chose qu'une preuve.  {\footnotesize
  (Les détails dépendent du système logique précis considéré {\tiny et
    si Martin-Löf est dans la salle}.)}

\end{frame}
%
\section{Logique du premier ordre}
\begin{frame}
\frametitle{Logique du premier ordre : principe}

\itempoint La \textbf{logique du premier ordre} ou \textbf{calcul des
  prédicats} est la plus simple qui ajoute les quantificateurs.  Les
« choses » sur lesquelles on a le droit de quantifier s'appellent des
\textbf{individus}.

\medskip

\itempoint Côté typage, elle n'est pas très heureuse : les
« individus » apparaissent comme un type unique, \textit{ad hoc},
qu'on ne peut presque pas manipuler (la logique ne permet pas de faire
des couples, fonctions, etc., des individus).

\medskip

\itempoint Néanmoins, elle a une \alert{grande importance
  mathématique} car le dogme « orthodoxe » est que :
\begin{center}
Les mathématiques se font dans la « théorie des ensembles\\de
Zermelo-Fraenkel en logique du premier ordre » ($\mathsf{ZFC}$).
\end{center}

Le manque d'expressivité de la logique (pas de couples, fonctions,
etc.) est \alert{compensé par la théorie elle-même} (constructions
ensemblistes des couples, fonctions, etc.).

\medskip

{\footnotesize\itempoint La \alert{sémantique} (Tarskienne) de la
  logique du premier ordre a aussi des propriétés agréables (théorème
  de complétude de Gödel).\par}

\end{frame}
%
\begin{frame}
\frametitle{Logique du premier ordre : sortes de variables et syntaxe}

\itempoint En (pure) logique du premier ordre, on a diverses sortes de
variables :
\begin{itemize}
\item les \textbf{variables d'individus} ($x$, $y$, $z$...) en nombre
  illimité,
\item les \textbf{variables de prédicats} $n$-aires, ou de
  \textbf{relations} $n$-aires [entre individus] ($A^{(n)}$,
  $B^{(n)}$, $C^{(n)}$...), pour chaque entier naturel $n$.
\end{itemize}

\medskip

\itempoint L'indication d'arité des variables de prédicats est
généralement omise (elle peut se lire sur la formule).

\medskip

\itempoint Une \textbf{formule} (logique) est (inductivement) :
\begin{itemize}
\item l'application $A^{(n)}(x_1,\ldots,x_n)$ d'une variable
  propositionnelle à $n$ variables d'individus,
\item l'application d'un connecteur : $(P\Rightarrow Q)$, $(P\land
  Q)$, $(P\lor Q)$ où $P,Q$ sont deux formules, ou encore $\top$,
  $\bot$,
\item une quantification : $\forall x.P$ ou $\exists x.P$, qui
  \alert{lie} la variable d'individu $x$ dans $P$.
\end{itemize}

\medskip

\itempoint\alert{On ne peut quantifier que sur les individus
  (« premier ordre »).}

\end{frame}
%
\begin{frame}
\frametitle{Exemples de formules du premier ordre}

\itempoint Les \textbf{formules propositionnelles} sont encore des
formules du premier ordre, en interprétant chaque variable
propositionnelle comme une variable de prédicat $0$-aire
(« nullaire ») : $A\land B \Rightarrow B\land A$ par exemple.

\bigskip

Autres exemples (qui seront par ailleurs tous démontrables) :
\begin{itemize}
\item $(\forall x.A(x)) \land (\exists x.\top) \Rightarrow (\exists
  x.A(x))$ (ici, $A$ est un prédicat unaire)
\item $(\forall x.\neg A(x)) \Leftrightarrow (\neg\exists x.A(x))$ (idem)
\item $(\exists x.\neg A(x)) \Rightarrow (\neg\forall x.A(x))$ (idem)
\item $(\exists x.A) \Leftrightarrow (\exists x.\top) \land A$ (ici,
  $A$ est un prédicat \alert{nullaire})
\item $(\forall x.A) \Leftrightarrow ((\exists x.\top) \Rightarrow A)$
  (idem)
\item $(\exists x.\forall y.B(x,y))\Rightarrow (\forall y.\exists
  x.B(x,y))$ (ici, $B$ est un prédicat binaire)
\end{itemize}

\bigskip

\textbf{N.B.} On a suivi la convention que $\forall,\exists$ ont une
priorité plus faible que les connecteurs
$\Rightarrow,\lor,\land,\neg$.  Tout le monde n'est pas d'accord avec
cette convention !

\end{frame}
%
\end{document}